༄ dix-huit

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Le grand jour arriva rapidement. La cérémonie se déroulait dans le Fort, et presque toute la ville y était conviée. Marnie s'était levée aux aurores pour se rendre sur place directement et diriger toute l'organisation. Chez elle, Ruth aidait Will à se préparer.

Cependant, la brune sentait que quelque chose n'allait pas. Toute une flotte portant le drapeau de la Compagnie des Indes Orientales avait accosté au port, et elle n'avait aucune nouvelle du gouverneur depuis la veille. Évidemment, elle avait Jack en tête. Il avait déjà eu un gros différend avec la Compagnie quelques années plus tôt. Le P marqué au fer rouge sur son bras lui venait de là. Il avait réussi à leur échapper, à l'époque, mais Marnie avait peur. Avec ce qui s'était passé quelques mois auparavant, elle se doutait qu'ils n'étaient pas venus à Port-Royal par hasard.

Pour couronner le tout, une pluie battante se mit à tomber. Marnie, sous tension, se retint de tout balancer par terre. Elle conseilla aux hommes du gouverneur, qui travaillait sous ses ordres depuis ce matin, d'aller s'abriter. Elizabeth apparut à ce moment là, vêtue de sa robe de mariée, belle comme un cœur.

— Trésor, vous ne pouvez pas rester là, fit Marnie en venant vers elle. Il pleut trop fort.

— Les hommes de la Compagnie des Indes sont chez nous, annonça Elizabeth, les sourcils fronçés en signe d'inquiétude.

Marnie resta interdite quelques secondes.

— Savez-vous quel est le motif de leur visite ? demanda-t-elle d'une voix blanche.

— Non, je n'ai rien pu savoir. Je n'ai pas pu rester, alors je suis venue vous retrouver directement, expliqua la jeune blonde, tremblante.

Dans un élan maternel, Marnie la serra contre elle. C'est alors qu'elle aperçut une procession d'hommes en costume pénétrer dans le Fort, sous le hall de pierre. Elle décida de s'approcher. Will était au centre, des fers aux poignets. Marnie resta stupéfaite devant le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Elizabeth s'empresssa de rejoindre le jeune homme.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

— Je n'en sais rien. Tu es ravissante.

Elizabeth esquissa un sourire.

— On dit que le mari ne doit jamais voir sa promise avant le mariage, répondit-elle.

Marnie ne put s'empêcher de sourire avec attendrissement. Mais son visage redevint froid aussitôt qu'elle aperçut l'homme à la tête de cette orchestration. Cutler Beckett.

— Pourrait-on avoir un peu plus de précisions sur ce qui se déroule ici ? demanda-t-elle. Pourquoi est-il enchaîné ?

— Vous devriez savoir pourquoi, Mrs Norrington.

Marnie ne répondit rien. Bien sûr qu'elle savait.

Weatherby Swann arriva enfin, se débattant avec les soldats de la Compagnie pour rejoindre sa fille.

— Comment osez-vous ?? s'insurgea-t-il alors que deux hommes bloquaient sa route avec des lances. Dites à vos hommes de me laisser le passage, vous entendez ?

— Gouverneur Swann, fit Beckett en se tournant vers lui. Enfin.

— Cutler Beckett ?

— Lord, désormais.

Les deux soldats décroisèrent leurs lances, permettant au père d'Elizabeth de passer.

— Lord ou pas, vous n'avez aucune raison ou autorité pour arrêter cet homme ! répliqua-t-il en désignant Will.

— En fait, si. Mr Mercer ?

Un homme jusqu'ici resté en retrait s'approcha et ouvrit un petit coffre de bois devant Beckett, qui en extirpa un parchemin.

— Voici le mandat d'arrêt du dénommé William Turner, fit-il en tendant le papier au Gouverneur.

Réactive, Marnie le saisit pour y jeter un œil. Elle releva la tête, pâle comme un linge.

— C'est au nom d'Elizabeth Swann, dit-elle d'une voix grave.

Le Gouverneur le récupéra. Il échangea un regard consterné avec Marnie.

— Oh, vraiment ? Fâcheuse méprise. Arrêtez-la !

Deux hommes se jetèrent sur Elizabeth pour attraper ses poignets.

— Pour quels motifs ?? se débattit la jeune blonde.

— Tenez, j'ai ici celui de William Turner, fit Beckett en donnant directement le parchemin à Marnie, qui se sentit faiblir en voyant le nom du jeune homme.

— On vous a demandé quelles étaient les charges, dit-elle d'un ton ferme.

— Vous pouvez le lire vous même. J'ai ici même les mandats d'arrêt pour vous et votre mari, Mrs Norrington. Où est ce dernier ?

Marnie ne put répondre. Elle sentit sa poitrine se comprimer. Elle avait sous ses yeux trois parchemins qui l'incriminaient elle et sa seule famille. Elle resta figée, livide, tandis qu'on lui passait des fers aux poignets.

— James Norrington s'est destitué de ses fonctions il y a plusieurs mois, maintenant, dit le Gouverneur.

— De quoi est-il accusé ? questionna Elizabeth avec colère.

— Je crois que je n'ai toujours pas eu de réponse à ma question, fit Beckett, ignorant la jeune femme.

— Et je crois que nous avons une question sans réponse, nous aussi, Lord Beckett, intervint Will.

— Nous sommes sous la juridiction du Gouverneur de Port-Royal, fit Elizabeth. Vous devez vous dire de quoi nous sommes inculpés !

— D'avoir conspiré pour libérer un homme accusé de crimes envers la Couronne et l'Empire, et condamné à mort, lut le Gouverneur, penché sur les parchemins. C'est pourquoi...

Il s'arrêta net, sous le choc.

— C'est pourquoi la peine de mort vous sera aussi infligé, à mon grand regret, reprit Lord Beckett. Vous vous souvenez peut-être d'un pirate dénommé Jack Sparrow...

— Capitaine ! répliquèrent Marnie, Elizabeth et Will en même temps. Capitaine Jack Sparrow.

— Le Capitaine Jack Sparrow, oui. Je n'en doutais pas.

— Vous n'avez pas le droit de les inculper pour une affaire dont ils n'ont été que les témoins, intervint Marnie avec fermeté et assurance. Ce serait condamner des innocents ! Je suis la seule complice dans l'évasion du Capitaine Jack Sparrow. D'ailleurs, je suis la seule complice qu'il n'ait jamais eu. Pendez-moi au bout d'une corde, si ça vous chante, mais je vous interdis d'accabler mon fils et sa fiancée le jour de leur mariage !

Will s'apprêta à répliquer, mais Marnie l'en dissuada d'un coup d'œil sévère.

— Malheureusement, ma chère, je me vois dans l'obligation de rejeter votre requête, fit Beckett en se tournant vers elle. J'aurais pu me contenter de vous, mais si j'en crois ce qu'il m'a été dit... Monsieur Turner a été le premier à s'interposer, ce jour-là.

Marnie sentit ses jambes se dérober, et si elle n'était pas retenue par deux hommes de la Compagnie, elle se serait probablement effondrée. Elle avait compris que rien ne pourrait changer leur sort. Ils mourraient tous les trois, pendus pour piraterie.

Elle se retint de maudir Jack.

bon ce chap est pas fou mais j'espère qu'il vous plaît tout de même

faites attention à vous 💛

je vous embraasse

offre moi cet horizonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant