offre moi cet horizon

༄ vingt-cinq

Dans les marécages de l'île des Pelegostos, plusieurs points de lumière perçaient l'obscurité. C'était ceux de bougies et de lanternes, tenues par d'anciens esclaves libérés par Jack au péril de sa vie. Des années plus tard, ils lui rendaient hommage une dernière fois.

Lorsqu'ils accostèrent devant la hutte de Tia Dalma, Marnie fut la première à descendre de la chaloupe. Elle s'empressa de pénétrer dans la vieille bicoque. Tia semblait les attendre, postée près d'une fenêtre, le visage sombre. Leurs regards se croisèrent. Marnie se jeta dans les bras de son hôte, comme une enfant l'aurait fait dans les bras de sa mère. Elle échangèrent une longue étreinte remplie de tendresse réconfortante. Marnie s'y accrocha désespérément.

— Il est... Il est... commença-t-elle en sanglotant.

— Je le sais, répondit la voix rassurante de la sorcière tandis qu'elle caressait ses cheveux. Tout est fini, maintenant, tu es en sûreté avec moi...

— Si tu savais comme tu m'as manqué, soupira la brune.

— Tu m'as manqué aussi, répondit Tia en prenant le visage de la jeune femme entre ses mains. Je peux enfin célébrer ton retour, même s'il se déroule dans des circonstances aussi tragiques... Mais tu ne dois pas te laisser abattre, Mar, fit-elle en posant sa main par-dessus le poing serré de la brune.

Ce dernier contenait le petit objet que lui avais laissé Jack avant... l'événement. Marnie desserra ses doigts une fraction de seconde. C'était suffisant pour qu'elle puisse deviner ce que c'était.

— Pourquoi me l'a-t-il laissé ?...

— Parce qu'il te fait suffisamment confiance pour savoir que tu en feras le meilleur usage.

Marnie ne sut répondre. Elle se laissa porter par les gestes doux et maternels de Tia à son égard. Cette dernière la recouvrit d'un châle qui dégageait son parfum suave que la plus jeune aimait tant. Après quoi, elle s'occupa d'accueillir le reste de l'équipage, que Marnie prit bien soin d'ignorer. Chacun prit place dans un coin de la pièce, tandis que Tia s'éclipsait dans une pièce voisine. On entendait uniquement le bruit de la jungle et celui du couteau de Will, qu'il projetait machinalement sur la table de temps à autre. Leur hôte revint avec un plateau recouvert de chopes. Marnie en saisit une. Boire une gorgée de cette boisson dont elle n'avait aucune idée quant à sa composition lui permit de se sentir moins accablée et affaiblie par son chagrin.

— Je sais, c'est dommage, dit alors la femme aux longs dreadlocks en s'adressant à Will. Je sais que tu penses qu'avec le Black Pearl tu aurais pu arrêter le démon et sauver l'âme de ton père.

— Ça n'a plus d'importance, maintenant, répondit le jeune homme. Le Pearl a coulé... avec son capitaine.

— Aye, fit Gibbs. Et le monde semble déjà un peu moins radieux. Il s'est moqué de nous jusqu'à la fin, mais c'est un éclair d'honnêteté qui l'a emporté. À Jack Sparrow ! dit-il en levant son verre.

— Y'en a pas deux comme le Capitaine Jack ! renchérit Ragetti avec tristesse.

— Un gentilhomme qui rêvait de faire fortune en mer, ajouta Pintel.

— ... C'était un homme bien, conclut Elizabeth après quelques secondes d'hésitation.

Marnie avait envie de tout renverser. Personne ne l'avait connu comme elle l'avait connu. Personne ne savait qui il était vraiment. Même elle n'en était jamais certaine. Mais c'est ce qui alimentait ses sentiments.

Elle s'abstint de faire tout commentaire, mais son regard croisa celui de Will. Il la regardait avec intensité, semblant vouloir lire dans ses yeux. Elle lui offrit un léger sourire.