༄ vingt-sept

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Les hommes de la Compagnie des Indes avaient rapidement fait voile vers Singapour. Mais comme Marnie s'y attendait, ses amis avaient réussi à s'en sortir. En revanche, Beckett savait maintenant qu'ils comptaient réunir le Tribunal de la Confrérie, sans cependant savoir où. Marnie jubilait. Elle avait une longueur d'avance sur eux.

Possédant le cœur de Davy Jones grâce à James, le directeur de la Compagnie des Indes avait envahi le Hollandais Volant, gardant ainsi son capitaine sous son joug. Il lui avait déjà ordonné de tuer lui-même sa bête, il y a quelques semaines de cela, ce qui avait provoqué l'immense colère de Jones, qui s'était mis à couler tous les navires pirates qu'il croisait sans laisser une seule chance de survie.

Lorsqu'elle monta sur le Hollandais Volant derrière James et Beckett, Marnie fit de son mieux pour rester discrète. Au début, du moins. On apporta le cœur, gardé précieusement dans son coffre.

Autour d'eux, l'océan était parsemé de cadavres de navires flottant à la surface. L'œuvre de la fureur de Davy Jones. Ce dernier apparut bientôt sur le pont, en face d'eux.

— Partez tous ! s'exclama-t-il. Et emportez cette chose infernale avec vous ! Je ne veux pas de ce coffre à l'intérieur de mon bâtiment !

Marnie eut le souffle coupé. Jamais elle n'avait vu le nouvel aspect du Capitaine du Hollandais de ses propres yeux. Et ce qu'on pouvait raconter n'approchait que très peu la réalité. Cependant, il n'avait rien perdu de sa prestance.

— Navré, fit Beckett en se présentant devant lui. Mais il reste à bord. Cela me semble être l'unique moyen pour que ce navire suive à la lettre les demandes de la Compagne des Indes.

Il demanda alors à ses hommes d'emporter le coffre dans le pont inférieur, dirigés par James.

— Il nous faut des prisonniers à interroger, reprit alors Beckett, parlant des navires pirates que Jones s'était exécuté à détruire. Et c'est plus facile lorsqu'ils sont en vie.

— Le Hollandais Volant est sous les ordres de son Capitaine, répliqua Jones.

— Et son Capitaine est sous les ordres de la Compagnie des Indes, fit Beckett d'une voix forte et appuyée. Je croyais vous l'avoir enseigné en vous ordonnant de tuer votre animal. Ce monde n'est plus le vôtre, Jones. Et l'immatériel est à présent... immatériel.

Jones semblait déborder de colère. Il fit demi-tour et repartit s'enfermer dans sa cabine. Marnie le regarda s'éloigner, écoutant d'une oreille la voix de Beckett qui lui ordonnait d'aller prévenir l'Amiral Norrington qu'il resterait ici avec le cœur pour une durée indéterminée. Elle sauta sur l'occasion pour suivre discrètement les pas du Capitaine du Hollandais Volant. Elle pénétra dans la cabine à son tour. Lorsqu'elle referma la porte, les bruits incessants témoignant de l'activité sur le pont s'estompèrent. Cependant, Davy Jones ne remarqua même pas sa présence. Il était penché au-dessus d'un orgue et la mélodie qu'il jouait prit Marnie au cœur. Elle fut traversée de plusieurs émotions différentes, mais c'était principalement le désespoir qui était dégagé des accords. Elle comprit que le Capitaine avait trouvé cet unique moyen pour extérioriser sa souffrance.

— Je la vois dans toutes les notes, osa-t-elle lui dire une fois qu'il eut ralenti le rythme.

Davy Jones se tourna vers elle, le regard menaçant. Avant qu'il n'explose de rage, Marnie retira son bicorne de Lieutenant. Les yeux du pirate s'écarquillèrent de stupeur.

offre moi cet horizonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant