If we had a soul - A Star Wars story - T.1

Chapitre 7 : L'affaire Cardinal

-Marraine ?

Quelque part dans la galaxie an 5 après Yavin

Autour d'elle le silence dansait avec un intense acouphène. Elle pensait avoir dormi, mais son réveil semblait trop étrange pour cela. Ce mal de tête, cette vue trouble, elle se sentait si mal qu'elle en avait presque la nausée.
Mal, comme si elle avait perdu connaissance.
Le vent caressait les joues de la fillette aux yeux clairs. Son visage était sali par la terre et la crasse, tandis que ses cheveux en bataille se mêlaient au sol.
Que venait-il de se passer ?
L'acouphène laissait peu à peu place à des voix qui s'élevaient au loin. Elle distinguait des prénoms, criés avec inquiétude tout autour d'elle. Mais elle demeura immobile, là, couchée sur le sol.
Le ciel était celui de l'aube. Encore un jour qui commençait ici. Combien de matin avait-elle vu passée depuis ?  Lorsqu'elles avaient appris qu'Arkanis était tombé entre les mains des rebelles, leur monde s'était effondré. Enael avait perçu de la détresse et du désespoir dans les yeux de sa marraine et ce malgré tous les efforts qu'elle avait mis en place pour ne rien laisser paraître. Un espoir résidait encore dans le fait que l'empire, dans ses ultimes sursauts de résistance, envoyait encore ça et là des soldats pour évacuer les victimes. Mais l'espoir s'amenuisait de jour en jour sous le feu des rebelles.
Elles avaient même fini par se rendre à l'évidence que compter les jours n'étaient plus nécessaire.

"Marraine ?" Souffla-t-elle.

Elle comprenait soudain ce qui s'était passé. Juste avant le noir complet, elle était là sur cette place avec Eurydice afin de profiter d'une distribution de rationnement, quand soudain les hurlements leurs avaient demandés de se cacher.
Une explosion
Et puis plus rien.
Le noir complet.
Suivirent un sifflement, la poussière qui vole au loin, les vaisseaux qui traversent le ciel.
Puis le silence.
Ces voix qui renaissaient petit à petit appelaient leurs proches et sortirent Enael de sa torpeur.
Déjà vu se disait-elle.
Mais cette fois-là était bien différente.

Elle reprit ses esprits, où était marraine ? L'explosion les avaient-elles séparées ? Elle inclina la tête à plusieurs reprises, vers le haut, le bas ou à droite, puis, ne voyant toujours rien, se tourna vers la gauche pour se lever.

Et c'est là qu'elle la vit.

Elle était là, cent mètres plus loin, allongée sur le dos. Son corps désarticulé semblait encore dans un profond sommeil, mais pourtant ses yeux grands ouverts fixaient droit devant elle, figée.
Comme si elle la fixait, elle.
Ou le néant.

« Marraine ! » s'exclama-t-elle, se levant précipitamment pour se jeter sur sa tutrice. Elle s'agenouilla près d'elle et la retourna tout en la secouant légèrement.

« Marraine, réveille-toi ! C'est fini maintenant, il faut partir. »
Eurydice demeurait les yeux grands ouverts. Silencieuse. D'ailleurs, pourquoi dormait-elle les yeux ouverts ? S'étonna la fillette sans pour autant cesser de la secouer doucement. Pourquoi son corps n'avait-il plus d'énergie ?

« Marraine ! » s'écria-t-elle alors. Mais rien ne semblait la faire sortir de son sommeil si lourd.
Elle resta un instant là, dressée au dessus d'elle à regarder ce qui se passait autour d'elle. Personne ne la regardait, tous semblait occupé eux aussi à ramasser les débris de leurs vies brisées à jamais. Les cendres tombaient du ciel, donnant l'impression qu'une fine neige venait se loger dans les cheveux de l'enfant.

 Finalement, résignée, la fillette posa son visage près de celui d'Eurydice, cherchant du réconfort et se disant qu'elle se réveillerait heureuse de la voir en sécurité. Mais alors qu'elle s'attendait à sentir un souffle doux et chaud contre son front, rien ne vint à elle si ce n'était que le froid de la brise matinale.