Chapitre 17 : Attaque surprise

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« Gallius Rax est mort, l'empire a signé la paix. Cessez de vous battre ! Gloire à la Nouvelle République ! »

Les mots raisonnaient dans les hauts parleurs des drones qui survolaient ça et là les décombres. Ici flambaient les derniers vestiges de ses souvenirs. Mais la fillette n'avait pas conscience du sens de tout cela. Car, malgré les déclarations des drones, elle n'avait pas senti d'accalmie. Depuis combien de temps errait-elle ici, seule ? Sa marraine n'avait jamais voulu se réveiller, et alors qu'une alarme avait retentit à nouveau, elle avait senti un adulte la soulever et l'emporter loin d'elle. La fillette s'était débattue, criant après sa marraine de toutes ses forces.


Mais les tirs des rebelles avaient totalement désintégré la place.


Et désormais, tout n'était plus que cendres.
« Petite, tu ne dois pas rester ici. Tu as quelque part où aller ? »
L'enfant avait regardé le vieil homme qui l'avait mise à l'abri, mais ne su trop que répondre. Où aller ? Elle se souvenait de ce qu'Eurydice lui avait dit, elle devait aller sur Arkanis. Mais Arkanis était tombée aux mains des rebelles, ça aussi, elle l'avait entendu.


Où aller ?


Le vieillard haussa les épaules face à son manque de réponse et partit sans dire un mot. En temps de guerre, peu de gens s'encombraient de compagnons de route pour fuir. Et alors qu'elle était là, seule, son ventre commença à crier famine. Depuis combien de temps n'avait-elle plus avaler quoi que ce soit ? Beaucoup trop longtemps. Elle avait su s'hydrater en attrapant ça et là quelques reliquats d'eau croupie, mais il était plus que nécessaire maintenant de se demander que manger.
Et surtout, où ?
Enael avait réussi à prendre quelques affaires sur le corps de sa marraine et avait glissé le tout dans les poches de sa tunique en espérant que cela pourrait lui être utile un jour. Elle descendit les escaliers de l'immeuble où on l'avait mise en sécurité et traversa la place en courant sans même regarder le tombeau détruit d'Eurydice, et s'engouffra dans une ruelle sombre.
Elle avait compris qu'en passant par ces petits chemins, elle risquait moins d'attaques si bien aériennes que terrestres et surtout elle passait bien plus inaperçue.
Partir...
C'était ce qu'elle devait faire
Mais partir où.
Loin... Le plus loin possible.
Les cendres volaient autour d'elle comme de la neige, ils avaient beau dire que la guerre était finie, le feu lui ne s'éteignait pas.
Il ne s'éteindra jamais, dans nos cœurs, il brulera toujours.
Elle trébucha dans les débris, autour d'elle tout n'était plus que désolation. Et pourtant, cette voix enthousiaste raisonnait encore :

« Gallius Rax est mort, l'empire a signé la paix. Cessez de vous battre ! Gloire à la Nouvelle République ! »

L'enthousiasme, elle ne l'avait ressenti que là.
Un jeune garçon, un adolescent était en train de se disputer avec une jeune fille. Elle ne perçu pas ce qu'il se disait, elle voyait juste la jeune fille lui tendre une arme. Il pleurait, elle aussi.
Elle continua à marcher sans trop s'approcher, regardant la scène d'un air sinistre. Le garçon avait pris l'arme, il pleurait toujours. La jeune fille avait pris son visage dans ses mains et avait déposé un baiser sur ses lèvres puis s'était écartée. Elle se tenait là devant lui, ils pleuraient tous les deux. Le garçon avait brandi l'arme sur la jeune fille tandis qu'elle faisait le salut impérial.
Puis, il tira.

« Gallius Rax est mort, l'empire a signé la paix. Cessez de vous battre ! Gloire à la Nouvelle République ! »

Le corps de la jeune fille était tombé sur le sol.
Et le garçon se retourna, pris d'un sanglot, alors, à genoux dans les gravats, il brandit à nouveau l'arme.
Sur sa propre tempe cette fois.
Et le coup partit.
Enael détourna le regard avant que le corps du garçon ne tombe à terre. Son cœur s'était serré, du haut de ses cinq ans, elle avait senti la tristesse venant de ses jeunes gens... Etaient-ce parce qu'ils étaient tristes que la guerre soient finies ?
Ils ne voulaient simplement pas vivre dans un monde sans empire...
Elle avait accéléré le pas, seul comptait maintenant de se trouver de quoi survivre encore un peu.
Et partir, le plus vite possible.
Elle traversa l'une ou l'autre rue déserte. Partout le même paysage encore et encore. Le sol était jonché de cadavre et les drapeaux de l'empire flambaient dans le ciel. Elle poussa délicatement la porte d'une maison qui lui semblait déserte et entra. La porte étouffa les bruits de l'extérieur.
Des gens avaient vécu ici.
Il y avait encore sur la table, disposé çà et là, de la vaisselle utilisée pour le déjeuner. La fillette se rua sur la table, agita le premier sachet de nourriture en vain, puis se rue sur une boite qui devait autrefois contenir des biscuits. Elle aperçut quelques miettes au fond et les fit tomber dans sa bouche, essayant de n'en louper aucune.
Elle mourrait de faim.
Sur le côté de la table, un reliquat de beurre était posé dans une bulle, elle l'attrapa et le porta à sa bouche compulsivement, qu'importe le goût et la consistance, ce qui importait, c'était se nourrir.
Manger.
Elle lança un regard vers les armoires de garde mangé qui se trouvait dans la cuisine, bien trop petite pour y accéder, elle réfléchit rapidement à un moyen de les ouvrir. Poussant une chaise contre le plan de travail, elle grimpa et, malgré sa petite taille, parvint à ouvrir les armoires.
Vides.
Elle prit alors le risque de se mettre sur la pointe des pieds, car souvent les gens avaient l'habitude de ranger des réserves au-dessus des étagères. C'est là qu'elle la vit, là, devant elle.
Une boite de biscuit, pleine.
Les yeux de l'enfant pétillèrent, elle sentait déjà ses papilles se réveiller, imaginant le goût délicieux du biscuit à la fois sucré et salé glisser sur sa langue.
Soudain, un bruit sourd la fit sursauter. Une porte s'ouvrit violemment dans la pièce à côté. Enael entendit des bruits de pas et des voix d'homme s'élever à travers les murs.
*Des rebelles*
Elle descendit rapidement de la chaise, regardant autour d'elle, elle sentait la peur l'attraper à la gorge et lui couper le souffle. La jeune enfant se souvenait de ce que lui avait dit sa marraine, elle ne devait jamais les voir, jamais les regarder dans les yeux.
Se cacher.
Elle chercha du regard une tanière où se faufiler. Par réflexe, le dessous de la table s'était imposé, mais l'enfant avait rapidement écarté cette possibilité.
Trop facile.
Son regard se posa alors sur un magnifique buffet en bois, se glissa telle une couleuvre vers lui et ouvrit délicatement l'armoire alors qu'elle entendait les voix se rapprocher. Il y avait peu de place, mais elle avait peu de temps.
Elle se glissa à l'intérieur et ferma doucement la porte, retenant son souffle alors que les rebelles pénétrèrent dans la cuisine....

If we had a soul - A Star Wars story - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant