Chapitre XXX

17 5 1
                                    

Ils se sentaient tous prêts, tous sauf Im. La Gardienne de la Magie Originelle ne pouvait faire taire son mauvais pressentiment. Elle avait essayé de demander son avis à Momo mais elle était restée silencieuse. Ils allaient au devant d'un ennemi bien trop puissant pour eux. Elle avait passé le mois à essayer de les convaincre de ne pas y aller tout en cherchant des informations sur leur adversaire mais aucun des deux objectifs n'avait été atteint. Ses compagnons étaient bien trop excités par la découverte de leurs réelles capacités pour ne serait-ce qu'imaginer perdre. Il avait théorisé le combat des milliers de fois. Au début, la pièce maîtresse de leur stratégie était Alda, ils espéraient tous qu'elle pourrait le tuer comme ça mais Im était persuadée qu'il saurait se protéger. Ils avaient finalement opté pour une autre approche. Il leur fallait viser son point faible : les omnémums. S'ils arrivaient à les détruire, Orcrepture serait sans défense.

Emeo les matérialisa tous à des endroits différents dans la ville. L'objectif était une approche furtive. Il déplaça également autant d'objets inertes que de Gardiens à Jalea et dans chacune des tours pour faire diversion. Tracer la magie du Mouvement était normalement impossible mais Im préférait être prudente. Alda et Im étaient les plus éloignées du palais, leur apparence humaine leur permettant de se fondre dans la masse. Eolin et Itsisu pouvait aussi modifier leur apparence par le biais de jeux de lumière mais l'illusion n'était pas à l'épreuve du contact. Syn s'était emmitouflée dans de larges vêtements puisqu'elle ne s'éloignait des humains que par sa couleur de peau et son aspect un peu transparent. Gaën s'était équipé d'un pantalon large et d'un chapeau. Il avait une démarche étrange pour un humain mais ça restait crédible. Stidaëlle, Emeo et Kaan, eux, étaient impossibles à faire passer pour humains. Ils restèrent groupés avec Itsisu pour qu'elle les rende invisible et se téléportèrent au plus près du palais. Les rues étaient assez vides. Im avait vu des vidéos des lieux grouillants de vie, des personnes en véhicules privés de luxe, des paparazzi à chaque coin de rue, des agents de sécurité les défendant d'entrer dans les villas de luxe... Il n'y avait aucun véhicule ni aucun paparazzi. Les quelques personnes qu'Im et Alda croisèrent marchaient vite, la tête baissée. Pas une seule feuille des arbres bordant les immenses avenues ne bougeait. L'air était pesant malgré le froid d'hytmo. Quelqu'un les frôla et la jeune fille se retourna juste à temps pour voir son amie interpeller la femme.

"Bonjour madame ! lança Alda. Excusez-moi, je me demandais pourquoi les rues étaient aussi désertes aujourd'hui ?"

La femme marquant un temps d'arrêt en regardant avec surprise la fille aux cheveuIm se rendit tout à coup compte qu'Alda ne la suivait plus. En se retournant elle la vit x violets.

"L'état d'alerte a été décrété dans tout le pays, vous ne devriez pas traîner ici les enfants, où sont vos parents ?

- Ils sont à l'hôtel, répondit rapidement Im, coupant la parole à Alda. Ils ont dû faire sonner les sirènes alors que nous étions sur la route pour venir ici c'est pour ça que nous n'étions pas au courant. Merci pour tout, nous allons les rejoindre rapidement maintenant, au revoir !"

La jeune fille poussa son amie avant qu'elle ne parle encore sans réfléchir. Elle lança un grand sourire qu'elle espérait rassurant à la dame qui les regarda s'éloingner quelques secondes. Elle souffla de soulagement lorsqu'elle disparut à un coin de rue.

Ils se rejoignirent tous derrière le parapet d'un manoir proche du palais.

"Et maintenant ? demanda Emeo.

- Maintenant on va voir Momo est dans un bon jour, fit Im en tâtant le sol du pied."

Un son creux lui répondit. Un sourire triomphant brisa un peu son expression soucieuse. Elle dégagea la trappe dévoilant un conduit qui s'enfonçait sous terre. Im l'identifia immédiatement comme un toboggan. Itsisu descendit en première pour éclairer le chemin. Ils s'enfoncèrent profondément, très profondément, et débouchèrent dans un immense couloir cylindrique. Le centaure, entraîné par son poids, faillit glisser jusque dans l'eau verdâtre qui stagnait au fond.

LumæOù les histoires vivent. Découvrez maintenant