17 - Voyage en 'amoureux'

3K 123 21
                                    


Alentours de Brimont, samedi 14 décembre 1940, 11h00.

Les pneus du véhicule crissent sur le béton et la voiture s'immobilise face à une unité de soldat allemands qui nous font signe de nous arrêter. Une fois chose faite, un officier s'approche de la fenêtre du conducteur tandis que deux autres vont vers l'arrière, vérifier les sièges ainsi que le coffre. Paul, confiant, ouvre sa fenêtre pour faire face au nazi qui nous observe d'un air hautain.

-Ausweis bitte !

-Je ne parle pas allemand. Répond calmement le brun. Il a très bien comprit, néanmoins, il feint ne pas comprendre pour le provoquer et lui faire perdre son temps. La réaction de l'homme de l'est ne se fait pas attendre, il plisse les yeux et ouvre la porte de Paul.

-Sortez. Ordonne-t-il dans un accent fort prononcé, mon ami soupir discrètement et obéis.

-Votre amie également. Insiste le roux en me fixant, sourire en coin.

-Pourquoi donc ?

-C'est bon Paul, je peux sortir. Souffle-je en sortant à mon tour pour faire face aux deux allemands qui fouillaient la voiture.

-Vos papiers et votre laissez-passer, je vous prie. Demande le nazi une seconde fois, en insistant sur la formule de politesse.

-C'est, ma compagne, qui a les papiers. Rétorque mon 'compagnon' en tendant notre laissez-passer à l'officier.

-Votre compagne ? Intervient un autre que je n'avais pas encore vu, durant quelques secondes, je crois voir le général Engel, mais non, c'est son jeune frère, Klaus.

-Herr General. Ils font le salut nazi en voyant l'allemand s'approcher.

-Oh, bonjour général, je suis en déplacement avec mon compagnon, oui. Il fronce les sourcils étonné, je laisse son frère lui expliquer la situation, bien évidement, il va sûrement être ravi de lui expliquer la situation dans laquelle je me suis mise.

Le frère Rintenlberg prend le papier signé par Karl ainsi que mes papiers pour les vérifier, plusieurs fois, tandis que l'officier n'ose plus rien dire. Après plusieurs secondes, il nous rend le tout.

-Signé par le major Boehmitz ? Mon frère est au courant ? Me questionne-t-il discrètement.

-Oui, il l'est, ne vous inquiétez pas. Il hoche la tête, avant de toiser mon ami, hautainement, tout comme le fait mon amant, décidément, on dirait des jumeaux.

-Vous pouvez disposer. Termine le nazi en s'écartant de la route, nous reprenons place et dans un dernier regard pour le blond, Paul redémarre.

Ma portière claque dans un bruit sourd et j'entoure mon corps de mes bras à cause du vent qui me gifle, tout en observant la demeure de Marie-Anne, la soeur du résistant. C'est une grande maison assez simple, il y a une petite cour avec un puy central, et derrière la façade. Il y a un garage sur le côté avec une porte en bois. Mes iris se posent sur l'une des fenêtres du rez-de-chaussée, où l'on peut voir le rideau en macramé s'écarter, pour laisser place à un visage curieux, je souris au petit garçon qui ne me reconnait pas et prend peur, en refermant le rideau. Évidemment, en quelques secondes, la porte d'entrée s'ouvre sur la soeur de Paul, qui lui ressemble énormément.

-Oh c'est vous ! Charles ne vous a pas reconnu. Le dénommé Charles se cache dans les jupes de sa mère, il ne doit pas avoir plus de six ou sept ans.

-Marie ! S'exclame mon ami en s'avançant vers sa grande soeur pour la prendre dans ses bras, leur retrouvaille est émouvante, je dois l'avouer.

Romance ou Violence ? [Nv T2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant