19 - Opération et culpabilité

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Centre-ville de Reims, lundi 16 décembre 1940, 14h00.

Mes bottes s'enfoncent dans la neige qui craquent sous chacuns de mes pas, il n'y a pas grand monde dans les rues de Reims, seulement quelques habitués qui se promènent, qui vont rendrent visites à leurs voisins ou qui vont faire quelques achats. Il ne doit plus rien avoir dans les épiceries à cette heure-ci tardive, désormais, si l'on veut espérer trouver de la nourriture, il faut s'y rendre le matin, très tôt. À cause de la guerre, les entrées de marchandises se font de plus en plus rares. Surtout avec la nouvelle restriction des tickets de rationnement.

-Rose ? Mince ! Malgré mon 'déguisement', on m'a reconnu. Je me tourne lentement vers mon interlocuteur.

-Adeline ? Ce n'est que ma soeur, accompagnée de Romain..

Ce dernier m'observe sans rien dire, d'après ma soeur, mon ancien meilleur ami regrette amèrement, mais je refuse toujours autant ses excuses ou même sa présence à mes cotés. Ma soeur s'avance d'un pas vers moi puis pose une main sur son ventre gonflé, elle arrive bientôt à son sixième mois, et cela se voit fortement. Par moment, on peut sentir le bébé bouger si l'on pose la paume de sa main sur sa peau, c'est agréable comme sensation, de savoir son neveu ou sa nièce montre signe de vie.

-Que fais-tu ici ?

-Je me promène, tout comme toi. Déclare-je en faisant exprès de ne pas mentionner son amant. Je mens bien évidemment, je suis en route pour la Kommandantur.

-Oh je vois, on se voit ce soir alors ! Le fils de Daniel me lance un dernier regard, traduisant son envie de me parler, cependant, je n'exaucerais pas son voeux, lorsque j'essayais de lui parler il y a des mois de cela, il ne m'a jamais écouté, c'est à son tour maintenant, de vivre cette situation.

Je repars rapidement en direction de l'établissement réquisitionné par les nazis, bien évidemment, on m'arrête à l'entrer pour me demander mes papiers, c'est à ce moment précis que je commence à paniquer, car l'un d'eux s'approche de moi doucement, tandis que l'autre observe mes papiers d'identités, je sais que je vais subir une fouille. J'ai un mouvement de recule, néanmoins, le bon dieu a l'air d'être avoir puisque l'allemand l'arrête.

-C'est Rose Dumont. Ils me fixent tous soudainement, avant que le soldat ne me rend mes papiers pour me laisser passer. Sans vraiment comprendre, je me retrouver dans le hall de la Kommandantur, perdue.

-Dois-je vous escorter, jolie fraülein ? Je souris immédiatement, à l'entente de sa voix.

-Hans !

-Je vais finir par croire que vous ne pouvez guère vous passer de ma présence. Ricane mon ami en se postant devant moi, je souris en coin.

-Ne prenez pas la grosse tête, sergent. Il fronce les sourcils et pose une main sur sa tête.

-La grosse.. tête ?

-Oui, c'est une expression pour qualifier la prise de confiance subite. Il comprend alors et nous partons en direction du bureau du général Rintenlberg.

-C'est assez comique alors ?

-Exactement. Il hoche la tête puis toque, avant d'entrer.

Instinctivement, je pose ma main au creu de ma poitrine en voyant le monde présent. Il y a les frères Rintenlberg, le major Boehmitz ainsi que le général Ulrick Stein, ils ont tous les quatre un verre à la main. Mes joues prennent une teinte rosé en sentant leurs regards me fixer intensément, j'observe tout d'abord les généraux de la SS, Klaus et Ulrick, qui sont assis sur le canapé, ensuite, je jette un coup d'oeil à Karl, à demi-posé sur le bureau de mon amant, qui se dernier, est installé sur son fauteuil.

Romance ou Violence ? [Nv T2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant