35 - Péché de chair

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L'hôtel du Lion d'Or, la Kommandantur, vendredi 10 janvier 1941, 14h30.

Son regard perdu cherche des réponses dans le vide, en prenant soin de m'éviter. Il fronce les sourcils, entre-ouvre la bouche puis se ravise et ne dit rien. L'allemand s'appuie sur le mini-bar à sa gauche et se fixe au petit miroir qui y est accroché. Il hoche négativement la tête et je décide de parler, ne supportant plus son silence traduisant sa non-réaction.

-Dites quelque chose.

-Je pensais que nous avions fait attention, c'est impossible, tu me mens. Murmure-t-il en baissant la tête tout en fermant les yeux.

-Je, comment ? Je ne mens pas ! Regardez. Je sors de mon sac les résultats du docteur Lagarde pour lui tendre. Le nazi se relève vivement pour attraper ces feuilles et les lire rapidement.

-Depuis deux semaines. Foutaises ! Tu as très bien pu coucher avec un autre homme, comme Paul par exemple ! Hurle-t-il en me rendant rageusement les documents qui tombent à mes pieds, c'est à mon tour d'être sidérée. Je ramasse rapidement les papiers pour les ranger de nouveau.

-Comment osez-vous tenir de tels propos général ! Il est de vous ! Je vous rappelle que ce n'est pas Paul que j'aimais ! Cris-je à mon tour mécontente qu'il ne me croit pas, un sujet si délicat. Ce bébé n'a rien demandé.

-Tu as bien trahi ma confiance, alors pourquoi pas me tromper encore une fois ? Je prends de l'élan pour le gifler de toutes mes forces cependant il a prévu mon coup car il arrête mon poignet pour me le serrer brutalement.

-Ne me pousses pas à bout fraülein.

-Vous reniez votre enfant comment devrais-je réagir ! Je retire vivement ma main pour la ramener contre mon ventre et un petit rire nerveux s'échappe de ses lèvres.

-Je ne te crois plus fraülein, tu ne me manipuleras plus une seconde fois. Quel homme borné !

-Allez demander à Paul si nous avions couché ensemble alors ! Vous risquez d'être surpris de la réponse.

-Considère ce terroriste comme mort. Je fronce les sourcils abasourdis.

-Vous l'avez..

-Deporté. J'entre-ouvre la bouche mais ne dis rien. Je ne sais quoi dire concernant ce sujet si sensible. La déportation est pire que la mort. Ça, je le sais. Paul était certes, devenu fou et dangereux, cependant personne ne mérite ça. Je décide alors de clore la discussion.

-Et pour information il y a deux semaines piles, nous étions à Lille tous les deux. Alors je ne sais pas avec qui j'aurais pu vous tromper. Je le fixe une dernière fois dans les yeux avant de partir en claquant la porte, il ne cherche pas à me rattraper. Blessée je dévale les escaliers à toute vitesse dans le but de rejoindre Hans.

-Fraülein, Dumont ? Rose attends ! Un bras puissant m'attrape dans ma course et je me retrouve propulsée face au major Boehmitz, l'air étonné.

-Est-ce encore Engel qui te mets dans cet état ? À l'entente de ce nom, je manque de m'écrouler. Je n'aurais jamais dû venir ici, à quoi m'attendais-je ? Je l'avoue, je voulais me servir de cette nouvelle pour le récupérer. Mais encore une fois, il ne me croit pas.

-Qui d'autre à ton avis ? Dis-je les larmes aux yeux en détournant le regard.

-Expliques-moi ?

-Il le fera sûrement mieux que moi. Murmure-je en voyant sa silhouette apparaître en haut des escaliers, Karl, attiré par ce que je regarde, ne prête désormais plus attention à moi. J'en profite donc pour m'éclipser et monter une fois de plus dans la voiture.

Romance ou Violence ? [Nv T2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant