CHAPITRE 17

147 9 0
                                    


******* ANASTASIE ********
Je marchais nonchalamment en bottant des cailloux de mon pied. Ma tête bougeait doucement au son de Kareyce Fotso du titre ‘’ Amazing Grâce’’ qui s’échappait de mon MP3. Je ne comprenais pas ce qu’elle disait étant donné qu’elle chantait en langue traditionnelle de l’ouest Cameroun mais ayant déjà lu les paroles, c’était plus qu’intéressant. En tout cas, mieux que le bruit qu’on entend un peu partout. Oui, je possédais à présent un MP3, un ordinateur portable et un petit téléphone Samsung. Oh non, je n’avais pas pu tous les achetés quand même; mon anniversaire était il y a une semaine et Jerry, qui d’autre sinon, m’avait offert l’ordinateur et le MP3 par le biais de Larry. J’avais beau lui répété de ne pas me donner des cadeaux pareils, il faisait la sourde oreille. J’avais néanmoins le mérite en ce qui concerne l’achat du téléphone.
Mon anniversaire s’était plutôt bien passé. Avec Larry et maman, on avait coupé un gros gâteau au chocolat pour mes 23 ans et avec Jonathan, on avait passé la soirée à causer devant un film. (Soupir) Jonathan! Ça fait quatre mois qu’on est ensemble et on a encore rien fait. Et oui, j’avais voulu y aller doucement. Mais je le sentais un peu frustré même comme il ne voulait rien laissé paraître. Mais bon, je ne m’y attarderais pas trop.
Je poussai la porte de L&L et une cloche tinta. Larry et moi on avait décidé d’en mettre pour être sur de ne léser aucun client s’il y en avait trop. J’entrai et salua Armani qui ramassait des ordures pour les mettre à la poubelle.
Moi (joyeuse) : bonjour Armani.
Armani (souriant) : bonjour Anastasie.
Moi : comment?
Armani : ah je suis là hein. Seulement la fatigue.
Moi : comment ne pas? Toi si hein, tu es matinale jusqu’à ça me laisse sur les fesses des fois.
Armani (souriant) :…
Moi : en tout cas, qui va se plaindre? Ce n’est pas moi oh.
Elle voulut me répondre quand la cloche de l’entrée tinta encore et qui vois-je? Bah Larry.
Moi : toujours la dernière à arriver toi là.
Larry : et ça fait quoi? Que je suis en retard? Pardon ne me chauffe pas la tête pour rien un lundi matin. Je ne suis pas d’humeur.
Elle se mit à marcher en direction de la caisse et y déposa ses affaires. Je fronçai les sourcils en la regardant; je me tournai vers Armani qui leva les épaules. Preuve qu’elle-même n’y comprenait rien. Ekie! Tôt le matin comme ça, tu commences avec la mauvaise humeur, tu va t’en sortir? Je me dirigeai vers la caisse et me positionna devant celle-ci. Larry ne pris même pas la peine de lever la tête. Population oh, c’est grave.
Moi (doucement) : Larry…
Larry :…
Moi : Larry?
Larry :…
Elle ne répondait toujours pas et faisait semblant d’être plongée dans ses chiffres. Je sentais l’irritation prendre possession de mon corps. C’est la blague? Elle-même elle sait que je ne suis pas la patience incarnée. Je frappai vigoureusement du point sur la table en criant.
Moi (criant) : Melingui.
Elle sursauta et leva sur moi un regard d’abord confus puis exaspéré.
Larry (sec) : oui.
Moi : c’est quoi ton problème?
Larry :…
Moi (légèrement agacée) : wèkè ah Larry. C’est même quoi lundi matin? Si ce matin tu t’es levée du mauvais…
Larry (doucement) : Angelbert.
Je m’interrompis direct. Angelcombien? Euh j’ai mal entendu ou bien elle vient de citer le nom de son oncle pervers là qui…
Moi (confuse) : il te veut quoi?
Elle poussa un soupir et jeta des légers coups d’œil derrière moi. Je me tournai et vis Armani vérifiant les nouveaux arrivages. Oh.
Moi : on en parle après.
J’avais prévue de lui parler lors d’un creux dans la journée mais 21h nous avait trouvé au magasin là comme les blagues. Entre les clients qui ne désemplissaient pas le magasin et l’humeur peu alléchante des dits clients (on dirait que c’est contagieux) aujourd’hui, j’avais de quoi être occupée. Armani ne pouvait s’occuper de tout le monde, il lui fallait de l’aide. Donc à 21h, il ne restait plus que Larry et moi car Armani était déjà partie. Je repartie donc vers Larry pour qu’elle m’explique ce pour quoi mon cerveau n’avait pas pu avoir de repos toute la journée.
Larry : hum Laurie, figure toi (prenant une bouffée d’air) qu’Angelbert (elle eut un léger frisson) harcelle ma mère. Ça doit faire un mois qu’il l’appelait de France à pas d’heure pour lui demander de se dépêcher de rentre chez eux.
Moi :…
Larry : Jusque là, c’était gérable. À part les numéros de ses enfants, elle ne décrochait plus les appels venant de France. Mais hier (plissant amèrement la bouche) il a encore appelé mais le numéro était du Cameroun.
Moi (surprise) : aye. Et pourquoi tu ne me l’as pas dis?
Larry (soupirant) : je ne voulais pas t’inquiéter…ni passer pour une parano.
Moi : parano?
Larry : oui. Il y a quelque chose qui cloche.
Moi : explique.
Larry : j’ai surpris un appel de ma mère avec Angelbert avant qu’elle ne me dise qu’il la harcelait. Quand je l’ai vu, elle avait l’air triste mais aussi agacée. On aurait dit qu’il lui répétait ce qu’elle savait déjà et ça l’irritait
Moi : je sens que tu ne me dis pas tout.
Larry : elle est vraiment poussée sur le sort de notre magasin.
Moi : ce n’est pas une bonne chose?
Larry : c’est surtout, selon moi, son sort financier qui l’intéresse.
Moi : oh.
Elle poussa un soupir et me regarda tristement. Son regard était devenu vitreux; comme si elle allait pleurer.
Larry : j’ai l’impression que… hum laisse tomber.
Moi : non parle s’il te plait
Larry : non laisse, je deviens complètement parano et je raconte des sottises… euh Jonathan vient te chercher?
Je sentais qu’elle voulait changer de sujet et il y a de quoi. Ce qu’elle laissait sous-entendre par ses propos étaient assez grave et j’espère de tout cœur qu’elle se trompe.
Moi : non, il ne vient pas. Il a une réunion qui a tiré en longueur aujourd’hui.
Larry (après un moment) : hum okay. On y va alors.
Elle rangea les registres et ramassa ses affaires. Je fis de même avec les miennes et on prit un taxi course qui devait nous déposer chacune chez nous. Pendant le trajet, on parla de tout et de rien. Larry espérais qu’on puisse engager une autre personne pour aller à la caisse mais on ne pouvait pas se le permettre. Pas maintenant.
Le reste de la semaine se déroula assez bien. J’étais vraiment contente de l’emplacement qu’on avait prit. C’était un coin stratégique et on avait aussi beaucoup de clients étrangers. Le bonheur pour étendre notre affaire. Et qui sait, peut-être qu’un jour, on ouvrira d’autres magasins au Cameroun et dans les autres pays africains. On était dimanche et c’était un jour où Larry et moi on avait pris la décision commune de ne pas ouvrir. C’était quand même le jour du Seigneur. Je marchais rapidement pour rentrer chez moi après le culte car maman avait manqué la messe aujourd’hui; ce qu’elle ne fait jamais. Donc je m’inquiète. Je saluai rapidement des gens au quartier avant d’entrer à la maison. De dehors, j’entendais le rire de maman et un rire…d’homme. Vrai de vrai? J’entrai rapidement dans la pièce qui nous servait de salon et…
Moi (criant de joie) : tonton fabien.
Je marchai rapidement et sautai dans ses bras. Oh mon tonton à moi.
Maman : ah vieille fille là, ne me tue pas l’enfant avec tout ton poids là.
Tonton fabien : ah Murielle toi aussi. (Se tournant vers moi) comment va la princesse des princesses.
Moi : elle va bien oh tonton. et comment va le plus chaud des tontons.
Tonton Fabien : il se fait vieux.
Moi : ah mais non tonton. Tu es encore chaud comme le maquereau frais.
Tonton Fabien : eh la fille si, c’est l’insulte dissimulée ça ou bien?
Moi (riant) : mais non tonton… tu es encore swagg.
Tonton Fabien : encore heureux pour toi hein.
Il se leva et fit un tour sur lui-même en prenant des pauses de mannequin homme.
Tonton fabien : c’est quand même moi.
Maman et moi on éclata simultanément de rire, suivit par lui. Eh bien, je vous présente le petit frère de maman. Il était trop drôle de nature et quand j’étais petite, il avait toujours un cadeau pour moi lorsqu’il venait nous rendre visite. C’était toujours un plaisir de l’avoir parmi nous. On resta au salon à taper les divers et à écouter les blagues et les anecdotes de tonton fabien.
Tonton Fabien : je vous assure. Regardez, je marchais moi tranquillement au quartier là. Ma voiture m’avait mis au champ à la maison et philo (sa femme) était sortie avec la sienne. Donc je marchais moi tranquillement avec toute la classe possible dans ces conditions quand je sens une présence derrière moi. Je me tourne et une femme marche à quelques mètres de moi. Là, c’était encore bon.
Nous :…
Tonton Fabien : Je continue de marcher je sens quelqu’un à mon côté gauche, je tourne et là, je vois une femme habillée de la même façon que celle derrière moi. Ça a fait ça 3 autres fois et je me retrouvais en point milieu de 5 femmes habillées de la même façon formant un triangle dont celle derrière était le sommet.
Nous : euyee.
Tonton Fabien : eh bien mes chérie je vous dis, que ce jour là, j’ai oublié mon swagg. J’ai tapé un sprint (couru) de taille jusqu’à le trajet que j’aurais fais en 15 minutes, j’ai fait en 5 en courant. On vous dit que moi, Mengue, je vois la sorcellerie comme ça, je reste à côté? Jamais. J’ai couru jusqu’à ma part est sauf que venue.
Nous, on riait seulement. À part à lui, les choses comme ça peuvent arriver à qui? Il resta encore un peu avec nous avant de partir. Je l’accompagnai en route et je m’arrêtai au Ciber-café pour appeler Jerry. Il s’adaptait bien et en plus, les cours n’ont pas encore commencé donc il a le temps. Je l’ai un peu chahuté avant de rentrer. Je passais à peine le portail quand j’ai reçu un appel de Jonathan.
Jonathan : allo chérie.
Moi : bonsoir chou.
Jonathan : alors, ta journée.
Moi : merveilleuse. J’ai passé une journée des plus agréables. Mon oncle maternel est venu aux nouvelles à la maison.
Jonathan : c’est plaisant à savoir.
De ne surtout pas me faire de remarque sur la façon dont je parlais hein. Il aimait bien que je m’exprime correctement alors si ça pouvais lui faire plaisir.
Jonathan : ta mère était-elle présente lors de cette petite visite familiale?
Moi : oui en effet.
Jonathan : bien mon amour.
On continua de parler et il me demanda de venir chez lui.
Moi (boudeuse) : mais chou, il est déjà 16 h.
Jonathan (suppliant) : s’il te plait bébé.
Moi (après quelques secondes) : bon d’accord mais tu viens me chercher.
Jonathan (joviale) : oh merci, il n’y a pas de problèmes. Tu es un amour. Je t’aime.
Moi : je t’aime aussi.
Jonathan : je t’aime plus.
Clic.
On finissait toujours nos conversations comme ça. Il m’aime plus. Je partis rapidement m’apprêter et le connaissant, il serait là dans une heure. Je portai un haut léger et une jupe qui m’arrivait à mi-cuisses. Je passai un petit manteau sur mes épaules et des ballerines aux pieds. Un peu de parfum et hop le tour était joué. Oui, mes possibilités vestimentaires s’étaient élargies ces derniers temps; mais sans excès bien sûr. Je prévins maman que je sortais et risquais de ne pas rentre. Elle se contenta de me jeter un regard en coin. Hum. Jonathan vint me chercher une heure après comme j’avais prévu. Il salua rapidement maman et on prit la route.
Jonathan : un peu courte la jupe.
Moi (roulant les yeux) : Jonathan…
Jonathan : ok, ok. Je ne dis plus rien de contrariant..
Nous partîmes chez lui et il nous avait préparé un diner aux chandelles.
Moi (émerveillée) : oh mais c’est trop beau chou.
Jonathan (souriant) : c’est à ton image.
Moi : flatteur va.
Je sautai dans ses bras et il me fit assoir à table. On mangea tranquillement en parlant. Le fait de me détendre me fit me rendre compte que j’étais très nerveuse au début. Va savoir pourquoi. Après le repas, il mit une musique douce et on dansa doucement. Je me sentais infiniment bien. Tellement que j’allai à la recherche de ses lèvres qui ne tardèrent pas à rencontrer les miennes. Le baiser se fit de plus en plus torride et provocateur. On avait soif l’un de l’autre. Ça se sentait. Nos vêtements se retrouvèrent rapidement au sol et la barrière que je n’avais voulu ouvrir depuis qu’on
était ensemble céda.
J’étais couchée dos au lit repus et il s’accouda sur le lit en me caressant autour du nombril. Il ne semblait pas vouloir toucher à mon piercing mais peu importe.
Jonathan : je t'aime Anastasie.
Moi je t’aime aussi Nlemba Jonathan.
Jonathan : je t’aime à en crever.

À L'AUBE DES SENTIMENTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant