CHAPITRE 47

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**** ANASTASIE *****
Larry : elle me fatigue tellement. Et ses filles ne laissent pas. Elles sont toujours là. Et tu sais comme Colette (la grande sœur d’Erick) a eu les problèmes dans son foyer nor, elle est venue s’installer à la maison avec ses deux enfants. Je ne respire plus.
Moi : wèh mamie, supporte un peu, elle va partir.
Larry : elle n’a pas l’air de vouloir bouger et Erick cautionne ça. Comme quoi il ne peut pas laisser sa sœur à la rue parce que je ne l’apprécie pas.
Moi (surprise) : il a dit ça?
Larry : comme tu entends là. J’ai arrêté de me plaindre parce qu’on dirait que je veux l’éloigner de sa famille, selon ses dires. (D’un ton las) je n’en peux plus. Elles me persécutent, me traitent de ventre vide parce qu’en plus d’un an de mariage je ne suis toujours pas enceinte. Je… snif qui m’a envoyé ohh.
Moi (triste) : ne dis pas ça. Erick ne te défends pas?
Larry : si oh mais moi-même je vois qu’il n’en peut plus. Il veut des enfants que je n’arrive pas à avoir et nous deux on sait pourquoi.
Moi : il était au courant de ton état avant votre mariage donc arrête de te torturer.
Larry : tu crois que c’est facile? Je me dis qu’il regrette même et ça ne m’étonne pas. Je vaux quoi? Rien. À part manger et grossir.
Moi : arrête moi ça. Tu vaux de l’or et tu le sais, Erick le sait. Ça ce n’est pas toi Larissa, tu es une femme forte. Bats-toi; ces enfants, tu les auras.
Larry : amen.
Moi : voilà.
En fait, Larry avait quelques problèmes dans son foyer. On connait tous comment se comportent la belle famille avec la femme de leur fils, surtout si celle si n’arrive pas à concevoir. J’ai eu beaucoup de chance de tomber sur une belle famille aussi aimante.
Larry : bon, comment va mon beau.
Moi : ah…
La conversation dériva sur des sujets plus légers avant qu’on ne prenne congé. On était vendredi soir et je m’apprêtais à aller au lit quand Larry m’avait appelé. Donc quand on eu fini de converser, je regagnai ma chambre où je trouvai Ethan allongé sur le lit.
Ethan : alors, comment va-t-elle?
Moi : ah, ça va hein. À part quelques petits problèmes de couple là. Elle m’a même demandé de te saluer.
Ethan : il faudra me rappeler de lui passer personnellement le bonjour.
Moi : sans faute chérie.
Je me couchai sur le lit et il me prit dans ses bras tandis qu’on sombrait tous les deux dans les bras de Morphée. Je fus réveillée par les pleurs de Melvin; son frère ne tarda pas à enchainer.
Ethan (la voix ensommeillée) : je m’en occupe.
Moi (le retenant) : non laisse, rendors-toi.
Il poussa un petit grognement avant de se tourner dans le lit et de se recoucher. J’enfilai mes pantoufles, un peignoir et je me dirigeai vers la chambre où mes bébé s’époumonaient pour me signifier leur famine. Ces enfants! À trois mois, ils ne faisaient toujours pas leurs nuits. Quand j’arrivai dans la chambre, je me dirigeai vers Melvin qui était déjà rouge tellement il criait. Je le pris dans mes bras et dépourvu mon sein du tissu qui le couvrait avant de l’allaiter. Il attrapa avidement mon mamelon. De ma main libre, je caressais le ventre de Maël pour qu’il ne se sente pas lésé. Il se calma bien vite. Je m’assis sur la chaise à bascule pour être plus à l’aise.
Melvin suçait mon mamelon avec tellement de poigne qu’on aurait dit qu’il n’avait pas mangé depuis. Il mettait même son petit bras sur mon sein comme pour signifier sa possession. Quand j’eu fini avec lui, je le fis roter avant de prendre son frère qui se jeta aussi sur mon sein. À un moment, il arrêta de tirer avidement et je vis un sourire se dessiner sur ses lèvres tandis qu’il me regardait de ses beaux yeux verts de la même couleur que son frère.
Moi : aww mon bébé est trop mignon. Hein qu’il est mignon mon bébé. Tu as fais de beaux rêves?
Rêves? Les bribes de celui qui avait fait l’objet de ma hantise quelques semaines plus tôt me revint. Ce rêve, je l’avais toutes les nuits pendant une semaine avant qu’il ne revienne plus. C’était à chaque fois la même chose, la vague s’abattait sur ma tête et je me retrouvais dans cette rue déserte avec des bruits de sanglots. Cette même femme me parlait à chaque fois et à chaque fois on disait la même chose. C’était étrange car la plupart du temps, on ne se rappelle pas des rêves que l’on fait. Donc, au bout d’une semaine, il ne s’était plus manifesté et deux mois avait passé sans que rien de grave n’arrive. J’avais confiance.
Moi (à Maël) : tout va bien se passer mon cœur.
Maël : gagaga.
Moi : oui mon bébé.
Je l’aimais trop mes petits bouts de chou. Après l’avoir fait roter lui aussi, je le mis dans son berceau. J’arrangeai ma tenue et j’allai me recoucher près de mon mari.
Le lendemain, on était en train de prendre un petit déjeuner en famille.
Noëlla : papa tu promets hein. Demain on ira chez papi et chez mamie hein.
Papa : oui c’est promis. Après l’Église on ira.
Noëlla/Malia : youpii.
Les jumeaux : gagaga.
Malia : on dirait qu’ils veulent venir avec nous demain.
Moi : ils sont encore trop petits pour y aller et jouer avec vous là bas. Allez, finissez vos céréales.
Noëlla (repoussant son bol) : mais moi je n’ai plus faim, j’ai trop hâte d’être à demain.
Moi : ah mouf, finis moi vite le bol là hein, sinon même le jardin ne va pas voir ta tête. À neuf ans tu me fais encore les caprices? Faut pas m’énerver hein.
Noëlla : mais papa…
Ethan : écoute ta mère.
Elle bouda un peu mais finis par manger. Pardon affaire de gaspillage là, non merci. Il y a trop de personnes qui meurt de faim de nos jours et étant donné que moi-même j’ai connu le manque, je veux leurs inculquer les bonnes manières.
Tandis qu’on mangeait, le téléphone d’Ethan sonna. Il décida qu’il rappellerait après le petit-déjeuner. Quand on eu fini, il alla rappeler et revint la mine attachée.
Moi : c’est comment?
Ethan : je savais qu’il y avait quelque chose qui devait péter. Il y a une urgence au boulot. Il faut que j’y aille.
Moi : d’accord mais tu vas rentrer tard?
Ethan : je ne sais pas mais j’essayerai d’être là avant 19h.
Moi : d’accord.
Il vint me donner un baiser avant de filer se préparer. La journée se passa sans ombres. J’aurais même pu dire que tout était parfait. J’étais assise au salon devant la télévision à regarder des dessins animés avec Noëlla. Les jumeaux dormaient à l’étage ainsi que Malia. Andrea était elle aussi à l’étage tandis que Jasmine nettoyait la cuisine. En somme, chacun faisait sa chose dans le calme. Je jetai un coup d’œil sur Noëlla dans le fauteuil d’en face et elle dormait. Aww, la pauvre doit être fatiguée. Je me levais pour aller la porter quand ce que je vis par la bais vitrée me glaça le sang. Des hommes noirs en cagoules s’élançaient vers la porte du salon.
Moi : Zambe. (Criant) Jasmine, Jasmine ohhhh. Cours tu viens.
Elle débarqua en une fraction de seconde.
Elle : oui tantine.
Moi (me dirigeant vers Noëlla) : monte vite vous vous enfermez dans la chambre avec les jumeaux. Il y a les bandits oh. Je vous rejoins avec l’enfant.
Elle s’élança vers les escaliers tandis que je pris Noëlla dans mes bras. Je voulais fuir aussi quand j’entendis le bruit d’une porte qui craque et je me retrouvai entourée par 4 hommes baraqués avec des armes blanches tels que couteau, gros morceau de bois, machette. Je crus que j’allais faire pipi sur moi.
Homme 1 : yo Zabrador, y a d’autres personnes ici. Vas à l’étage avec Minou vous les encerclez avant qu’ils n’appellent la police.
Les deux hommes concernés se dirigèrent vers l’étage. Je priais pour que Jasmine ait eu le temps de se barricader avec les autres. J’avais extrêmement peur. Ils étaient deux et j’étais bien trop frêle pour lutter. J’aurais pu essayer de fuir mais je ne pouvais laisser Noëlla. J’essayais de contrôler le tremblement de mes mains et de parler avec plus ou moins d’assurance. Mon Dieu, je n’avais jamais vécue une telle situation; et où était donc Salim (le gardien)?
Moi : je… (Me raclant la gorge) prenez ce que vous voulez mais ne nous faites aucun mal.
Homme 2: qui t’a parlé?
Il me donna une gifle qui me projeta au sol en laissant tomber Noëlla au passage. J’avais maintenant extrêmement mal à la tête.
Homme 1 : la prochaine fois que tu parles, je te bastonne ici.
Noëlla : snif, snif.
Homme 3 (sortant de nulle part) : yo bordelle là, demande déjà à la petite là de fermer gueule hin.
Je pris Noëlla dans mes bras en essayant de la calmer et de ne pas pleurer moi-même.
Moi (lui caressant le dos) : chut, chut bébé ne pleure pas pardon.
Homme 2 : gars on…
PING, PING.
C’était surement Ethan. Je ne savais pas si je devais me réjouir ou alors éclater en larmes direct. Une personne de plus en danger.
Homme 2 : merde c’est qui?
Homme 3 (à moi) : oh toi bordelle, c’est qui là?
Moi : c’est…euh.
Je sentis encore une main s’abattre sur ma joue.
Homme 1 : tu bégaie avec qui?
Je n’eu pas le temps de répondre qu’on vit le portail s’ouvrir par la baie vitrée.
Homme 1 : éteignez la lumière vite.
On se retrouva bien vite dans le noir tandis que je sentais une main poisseuse sur ma bouche et le bout pointu d’un couteau dans mon dos.
Homme (chuchotant) : un moindre son, moindre mouvement suspect et je t’éventre.
J’avalai difficilement ma salive tandis que je sentais les premières larmes couler sur mon front. Le soleil s’était couché il y a longtemps et comme c’était des vitres fumées, on pouvait voir à l’extérieur mais une personne dehors ne pouvait nous voir. Tandis qu’Ethan ouvrait lui-même le portail avant de faire rentrer sa voiture, je priais inlassablement pour que tout ça ne soit qu’un cauchemar. En vain. Je sentis un mouvement dans la pièce et quand Ethan entra dans le salon :
Ethan : ché…
La pièce fut brutalement éclairée et je vis qu’Ethan avait une machette sous le cou. Il regardait autour avec incrédulité.
Homme 1 : si tu es sage, tu ne fais aucun mouvement brusque. À moins que tu veuilles que j’enfonce ce couteau dans ses côtes.
Il l’avait dit en enfonçant effectivement un peu plus le bout dans ma chair. Je savais que s’il enfonçait encore d’un seul millimètre, il me blesserait.
Moi : huuum.
Je ne pouvais rien dire, la main du premier homme me barrait toujours la bouche.
Homme 2 (celui qui avait la machette) : à genoux.
Ce qu’Ethan fit.
Homme 2 : les mains sur la tête.
Ethan le fit. On se regardait et je voyais qu’il obéissait parce que Noëlla et moi Étions en danger, sans compter qu’un homme était toujours à l’étage à cette heure. En parlant de lui, il venait de faire son entrée dans le salon.
Homme 4 : il n’y a personne à l’étage.
Homme 2 : tu es sûr?
Homme 4 : oui, j’ai regarde partout.
Merci Seigneur fut la première pensée qui me vint à l’esprit. Le 1er homme alla attacher les mans d’Ethan dans son dos, tandis qu’un autre me bâillonnait.
Homme 3 : bon, on fait ce pourquoi on est là et on part.
Homme 4 : à toi l’honneur.
Il se rapprocha de moi et se mit à baisser sa braguette. Non, non, non.
Ethan (criant) : non jamais, ne faîtes pas ça.
Homme 1 (le cognant) : la ferme.
Ethan ne laissai pas et il commença à chercher à s’échapper tandis que moi je pleurais déjà à chaudes larmes. Pardon, pas ça.
L’homme qui avait déjà son pénis en l’air me coucha d’un geste brusque au sol et tira d’un geste sec mon boxer.
Homme 3 : aayyyii
Il avait sauté derrière comme s’il avait vu le fantôme.
Homme 1 : c’est quoi? Mougou la et on part.
Homme 3 : niet, elle est en période. Qui va toucher à ça? Pas moi en tout cas.
Homme 2 : hein. yichh même moi je ne suis pas dedans.
Homme 4 : les choses de la honte.
Ils parlaient là comme ci on n’était pas là et moi je bénissais à jamais ces périodes là.
Homme 1 : on ne peut pas partir comme ça?
L’homme 3 parcourut la pièce des yeux et son regard s’arrêta sur Noëlla.
Homme 3 : y a la petite.
Homme 2 : quel plaisir?
Homme 3 : on s’en fout. En plus, elle a mal l’air bonne.
Doucement, l’allusion qu’il venait de faire se concrétisa dans mon cerveau. Je venais enfin de comprendre. Sans me soucier de leurs armes, je me jetai sur Noëlla que je couvrais avec mon corps. Je pouvais entendre Ethan crier et se battre mais moi je n’étais pas là. Mon seul objectif était de la protéger, c’était la seule chose qui comptait. Je me sentis propulser derrière tandis que le 3ème homme s’approchait d’elle. Tout commença à se passer au ralenti dans ma tête. Ethan était arrêté par deux hommes mais ils ne semblaient pas arriver à le maintenir. Il avait la rage. J’essayais tant bien que mal de m’approcher d’elle mais j’étais retenue par des bras puissants. Oh oui, tout se passait au ralenti. Je n’entendais plus rien, il fallait que je la protège.
Noëlla : aaarrrggggghhh
Il venait de la pénétrer d’un coup sec. Son cri nous stoppa tous. Même Ethan parut s’arrêter de bouger. Tandis qu’il commençait des mouvements en elle, j’avais l’impression d’avoir quitté mon corps. Mon pauvre bébé, ma petite princesse. Si jeune! Ça aurait dû être moi, j’aurais du être à sa place. Des bruits à l’extérieur se firent entendre. Le son semblait si loin, tellement loin. Les hommes se mirent à courir dans tous les sens tandis que des policiers faisaient irruption dans la pièce mais je n’étais plus là.
Je me rapprochai en rampant du corps de Noëlla gisant sur le sol sans aucun mouvement. Je l’entendais, elle criait, elle pleurait. La pauvre petite, je voulus la toucher mais elle me repoussa à maintes reprises. Je la comprenais, ils venaient de lui voler son innocence. À neuf ans, connaître tant de souffrance et de peine. Son père s’agenouiller à ses côtés et la pris dans ses bras. Elle ne refusa pas, au contraire, elle s’accrocha à lui, bouée de sauvetage humaine, son père. Il la porta et en courant sortit de la maison, je le suivis au pas de course et m’engouffra dans la voiture de police avec lui. Je ne parlais pas, j’avais l’impression d’avoir perdu la voix.
« Ils ne sont pas loin, ils arrivent avait dit la femme.»
Ils étaient venus, j’aurais dû m’en douter. Tandis que la voiture filait sur le goudron, je regardais Ethan. Il était penché sur Noëlla et l’entourait de ses bras. Je vis une larme tomber sur la joue de la petite. Je mis doucement ma main sur sa joue et il leva ses yeux tristes sur moi. Les maux étaient superflus. Je pouvais ressentir sa peine, il pouvait ressentir la mienne, on pouvait ressentir celle de Noëlla. Elle pleurait. C’était sa voix que j’avais entendu dans mon rêve, j’en étais sûre. C’était elle qui pleurait. L’odeur du sang emplissait l’habitacle. La pauvre, mon pauvre bébé.
Quand on arriva à l’hôpital, elle fut très rapidement prise en charge. Ethan alla régler le côté administratif de la chose tandis que les médecins étaient partis avec Noëlla. On avait voulu me prendre en charge à cause de mon visage mais je n’avais rien si ce n’est ce sentiment de déchirure dans mes entrailles. Ethan vint me trouver assise sur une chaise, la tête baissée. Il s’assit près de moi et on resta ainsi quelques minutes.
Ethan (la voix enrouée) : Anastasie…
Je sentis la barrière lâcher, tout allait à sa vitesse normale maintenant. Il me prit dans ses bras tandis que des larmes de dépit, de tristesse, de colère et de rage coulaient sur mes joues.
Moi : ça aurait dû être moi. Elle n’a que neuf ans.
Je me glissai jusqu’au sol et me recroquevillai sur moi. Jamais plus les images de cette soirée ne me quitteront. Noëlla ne sera jamais plus la même, tout comme nous.

À L'AUBE DES SENTIMENTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant