Chapitre 10

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Sarah marchait en direction de la station de métro, combattant ses larmes et la colère qui montait en elle. Elle avait tellement nié la simple possibilité d'avoir des sentiments pour Nicolas que le réaliser lui semblait la pire chose au monde. Tandis qu'elle continuait ainsi son chemin, elle imaginait ce que ses parents diraient s'ils savaient qu'elle était amoureuse du seul homme qu'ils n'accepteraient jamais... 

Sarah allait descendre dans la station quand elle entendit quelqu'un crier son nom. En se retournant, elle vit Nicolas qui venait de s'arrêter en plein milieu de la rue, à quelques mètres d'elle. Elle ne savait pas quoi faire... Le rejoindre ou s'en aller ? Alors qu'elle se tournait à nouveau vers les marches, Nicolas cria : 

- Pourquoi est-ce que ce serait à moi de te le dire ? Pourquoi pas toi ? Comment peux-tu m'en vouloir de ne pas dire ce que tu es incapable d'avouer ? 

Qu'insinuait-il ? Sarah avait peur... Peur de comprendre, peur du changement que cette nuit provoquerait dans sa vie, peur de la joie tapie au fond d'elle-même qui n'attendait qu'un geste pour terrasser le poids qui oppressait toujours sa poitrine. 

Elle se retourna et regarda enfin Nicolas dans les yeux. Ses beaux yeux gris...

Nicolas entendit soudain des bruits de pas derrière lui et vit Sam et Stéph qui accouraient. Quand ils virent la scène qui se déroulait, ils stoppèrent net. Avec un bref signe de tête, Sam indiqua à Nicolas qu'il avait compris et ramena Stéph chez elle.

Nicolas regarda Sarah lui tourner le dos et s'en aller, sans la retenir. Finalement, peut-être serait-elle mieux sans lui, avec sa famille et tout ce que cela impliquait. Tant qu'ils ne s'étaient rien dis, ils pouvaient toujours penser ce qu'ils voulaient, nier toute cette histoire. Quant à lui, il oublierait rapidement avec les soirées.

Les soirées? L'alcool ? Les filles ? Nicolas comprit qu'il ne voulait plus de cette vie. Il voulait être sérieux, réfléchi et mature, comme le voulait Sarah. Sarah... il ne pourrait pas l'oublier, il ne ferait que se mentir à lui-même. Mais comment une fille pouvait-elle lui faire penser tant de choses en si peu de temps ? Comment avait-elle réussit à prendre une place si importante dans sa vie sans qu'il ne s'en rende compte?

"Mais au lieu de te poser des questions, fonce et agis !" lui conseilla soudain sa conscience. Sans se demander depuis quand il avait une conscience, Nicolas obéit et se mit à courir vers sa voiture. Il n'était pas certain du lieu où irait Sarah, mais avait une petite idée. Avec un peu de chance, il pourrait même arriver avant elle. 

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Quand Sarah arriva à la bibliothèque, elle fut étonnée de voir la porte ouverte. Elle pensait s'asseoir simplement sur les marches de l'entrée... A l'intérieur, les tables et les livres étaient baignés d'une lueur bleu grise, fournie par la Lune. 

En s'avançant, la jeune fille sursauta en apercevant une silhouette au milieu de la salle, face à elle. 

- Veux-tu savoir à quoi je pensais quand je t'ai appelée et que je t'ai laissée le message ? Faites qu'elle soit moche, bête, méchante et qu'elle ne veuille me voir que pour me cracher sa haine au visage. Je ne voulais avoir aucune excuse pour apprécier une Moreau... Et je me suis retrouvé face à la plus jolie des filles, gentille et intelligente, qui cherchait simplement à comprendre un passé difficile. Comment pouvais-je résister ? 

- Arrête Nicolas. 

- Non, laisse-moi finir. Quand je suis parti loin de Paris, c'était pour m'éloigner de toi, parce que Sam m'avait hurlé dessus en me disant que je venais de faire la connerie de ma vie. J'ai nié et je suis parti. Mais je pensais tout le temps à toi, merde !! 

Une histoire de mémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant