Chapitre 30

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Nicolas et Sarah, à la fois réjouis de leurs résolutions et terrifiés de les accomplir, comprirent en fin de soirée que ce serait plus compliqué que prévu. En effet, après avoir prévenu Maxence d'un départ imminent, Nicolas avait souhaité réserver un hébergement en Espagne.

Malheureusement, sa carte était refusée systématiquement à chaque tentative. Une hypothèse qui l'effrayait germa dans son esprit et il se donna une dernière chance en tentant d'aller faire le plein de la voiture en ville. Mais comme il l'avait supposé, sa carte fut une nouvelle fois refusée.

- Je ne comprends pas, lui dit Sarah, qu'est-ce qu'il se passe avec ta carte ?

- Je pense que... mes parents ont dû bloquer mes comptes. J'ai deux cartes et aucune ne fonctionne !

- Mais comment pourraient-ils faire ça ? Tu es majeur, ils ne devraient avoir aucun droit sur tes comptes.

- Sarah, ce sont mes parents qui subviennent à mes besoins. Ce sont eux qui renflouent mes comptes depuis toujours, je n'ai jamais officiellement travaillé. Et... notre accord pour qu'ils agissent ainsi était qu'ils aient procuration sur la totalité de mes comptes pendant que je faisais ce que je voulais avec cet argent. Au cas où...

La jeune femme regarda tristement son homme qui semblait culpabiliser, se sentant à la fois inutile et trahi. Quant à elle, elle ne pouvait rien faire, ses parents ayant une toute autre politique. Ils lui payaient ce dont elle avait besoin et son compte ne servait que pour l'argent qu'elle gagnait elle-même lorsqu'elle travaillait. Argent qui avait vite été dépensé durant l'été...

- Ne peux-tu pas retirer cette procuration ?

- Pas par téléphone. Il faut le faire sur place, cet à dire à Paris. Et ce serait idiot de retourner à Paris maintenant !

- Mais nous n'avons peut-être pas le choix mon cœur... Sans argent, comment veux-tu que nous puissions faire quoi que ce soit ? D'ailleurs, comment pourrions-nous même rentrer à Paris si nous ne pouvons même pas faire le plein ?

Nicolas n'avait aucune réponse à lui offrir et se renferma sur lui-même, fermant les yeux et croisant les bras. Sarah soupira face à cette réaction sans pour autant lui en vouloir : elle aussi désespérait.

- Allons-nous coucher, nous réfléchirons mieux après une bonne nuit de sommeil, finis-elle par murmurer.

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Nicolas ne dormit pas cette nuit-là, le sommeil fuyant face à ses doutes. Il ne doutait ni de Sarah, ni de leur couple, mais plutôt de lui-même. S'ils rentraient maintenant, tiendrait-il face à ses parents ? Sarah était pour lui une évidence, il ne se voyait plus sans elle. Cela ne garantissait pas pour autant qu'il réussisse à tenir tête face à son père en colère et sa mère peinée.

Il avait finit par descendre, ne souhaitant pas réveiller la jeune femme avec ses problèmes. Elle-même semblait croire plus que tout en eux et espérer qu'enfin ils réussissent à vivre leur amour au grand jour. Tandis que lui s'était préparé à vivre cette histoire clandestinement, elle avait réussit à le chambouler assez pour qu'il décide d'assumer son amour pour elle face au monde entier. Il n'était pas tombé amoureux de n'importe qui, pensa-t-il en souriant.

Tandis qu'il continuait de réfléchir, il sentit une main se poser sur son épaule et des lèvres effleurer ses cheveux. Comment pouvait-elle l'apaiser ainsi sans même avoir encore parlé ?

- Un lit vide réveille bien plus que tu ne le penses.

- Désolé, j'avais peur de te réveiller en tournant dans tous les sens.

- On trouvera une solution, je te le promets. Tout ce que je te demande, c'est d'y croire, d'accord ? Ne doute de rien, surtout pas de nous, et la solution se présentera d'elle-même.

Une histoire de mémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant