Chapitre 34

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Richard se tenait toujours dans la position où Marie l'avait laissé : Assis, choqué, sur le fauteuil. Fauteuil qu'il occupait depuis des années chaque soir, en rentrant du boulot, après avoir embrassé sa femme et sa fille, profitant d'avoir réussit sa vie telle qu'il le souhaitait.

Il avait un travail qui lui plaisait et qui rapportait assez pour offrir tout ce qu'ils souhaitait à sa famille. Il avait une femme qu'il aimait de tout son coeur et qui le lui rendait bien depuis le premier regard. Epouser son premier amour, voilà quelque chose dont il était toujours aussi heureux. Quant à sa fille, il ne connaissait pas de jeune femme plus curieuse et désireuse d'apprendre, aimant ses amis et sa famille, toujours souriante et prête à aider son prochain

Sa seule déception était de ne pas avoir eu de fils. Finalement, son nom se perdrait à sa mort, étant lui-même fils unique. Il aimait Sarah plus que tout, mais il ne pouvait s'empêcher d'imaginer le nom qu'elle porterait plus tard, qui donnerait fin à la longue lignée des Moreau. Il savait bien entendu que de nos jours elle pouvait garder son nom mais ce n'était pas la même chose. Et quel nom porterait ses petits enfants ? Tant de questions qui le tenaient éveillé des nuits entière. 

Désormais, ces questions le hantaient plus que tout, parce qu'un nom était apparu en haut de la liste. Sa fille s'appellerait peut-être un jour Hartmann ! Sa petite Sarah, son ange, porterait le nom d'un Allemand, d'un assassin, d'un "Bosh". Le père de famille serra les points à cette pensée et ouvrit la bouche comme pour appeler Marie et lui faire part de son abattement. Mais il la ferma aussitôt : Marie n'était plus là. 

Elle aussi était partie, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Etait-elle d'accord avec tout ceci ? Voir sa fille avec un Hartmann ne la dérangeait-elle pas ? Ou bien était-elle simplement partie chercher Sarah, pour la ramener à la maison et que tout redevienne comme avant. Au fond de lui-même Richard savait que rien ne serait jamais plus comme avant et que Marie ne reviendrait pas, du moins pas sans leur fille. Et lui...

Il tenta de recontacter Simon, mais le jeune homme ne répondit à aucun de ses appels. Finalement, il dû se résigner à se lever et faire comme si tout était normal. Continuer à vivre sa jolie vie, mais seul. 

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Du côté des jeunes amants en fuite, le bonheur était de nouveau présent. Leurs nouveaux amis les avaient totalement intégrés et ils en oubliaient presque qu'Orléans n'était qu'une étape dans leur périple. Cela faisait désormais presque deux semaines qu'ils s'y trouvaient et ils ne semblaient pas vouloir repartir. 

Mais Sarah avait le sentiment qu'il leur fallait bouger.

- Nicolas, je voudrais qu'on parle.

Le jeune homme s'était si bien intégré qu'il en avait presque délaissé sa jolie Sarah, et quasiment oublié ses amis parisiens. Pour autant, cette simple phrase le ramena tout de suite à la réalité.

- Tu veux partir, n'est-ce pas ?

- Oui.

- Mais pourquoi ? Nous sommes bien ici, non ?

- Bien ??? Sans nos familles, sans nos amis ? Nous nous amusons tandis que les autres tentent de nous trouver un moyen de rentrer chez nous. Nous devons les aider ! 

- Mais ce sont eux qui nous aide ! Et nous avons désormais des amis ici aussi.

- Es-tu sérieux ?

Assis sur le lit de leur chambre, Nicolas soupira avant de se lever et de rejoindre Sarah qui faisait les cents pas. 

- Je le suis peut-être un peu... Mais je n'oublie pas Sam, ni Stéph, Rose et Laura. Je sais tout ce qu'ils font pour nous. Mais ça n'avance pas !

Une histoire de mémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant