CIEL NOIR

19.

Hello. c'est une mamie pas hypra en forme qui vous parle.

mais vous inquiétez pas, je suis 💪🏼💪🏼. la preuve, je vous poste ENFIN ce chapitre hypra douuuuuux lol vous m'en direz des nouvelles

BISOUS

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Point de vue Albane

La première semaine dans la villa passa à la vitesse lumière. Les journées étaient ponctuées de baignades, de virées pour remplir le frigo, de révisions au violoncelle, de blind-test endiablés le soir après le repas. Où j'étais complètement perdue. Mais alors, complètement. Néanmoins, les observer se disputer la place du grand gagnant était un spectacle réjouissant.

Ken avait une culture musicale rap et hip-hop très développée. Il m'impressionnait. Moi aussi, j'aurais voulu lui en boucher un coin en trouvant toutes les musiques classiques, mais je craignais être la seule participante si on avait lancé une partie.

Il passait beaucoup de temps enfermé dans le studio de la villa. Accompagné de ses trois acolytes musicaux qui géraient la production de ses titres. Quand il n'était pas en cabine d'enregistrement, il s'asseyait à côté de moi et m'aidait à décrypter les passages du manga que je dévorai, que je ne comprenais pas toujours.

J'avalai chacun de ses mots, choisis minutieusement pour me décrire une scène ou les sentiments que ressentaient les personnages dans les bulles. Il était passionné, ça s'entendait au son de sa voix, enlevée et rythmée.

Puis venait le moment où je partageai mes écouteurs avec lui pour qu'à mon tour, je lui fasse découvrir ma grande passion, ma raison de vivre. Il avait particulièrement apprécié La Chanson de Solveig de Peer Gynt. Et je l'avais surpris à fredonner l'air de la Danse Hongroise de Brahms en rangeant la vaisselle un soir.

-          A la rentrée, je te fais embaucher comme Baryton à l'Opéra de Paris.

Il avait une voix si rocailleuse, envoutante. J'avais peur de trouver le rap assez plat, mais il réussissait à y donner un air mélodieux derrière chaque rime. A la fin de la première semaine, il m'avait fait écouter en loucedé deux sons qu'il venait de terminer. 

-          Je te mets d'abord De Mon Mieux....

Curieuse et excitée à la fois, j'avais coincé mes écouteurs dans les oreilles et je m'étais coupée du monde extérieur – un rien chahuté avec ces grands enfants qu'ils étaient tous – pour rentrer dans la chanson. Je ne savais pas si je devais m'intéresser qu'à la musique ou aux paroles également. D'instinct, je me concentrai sur la production musicale que je trouvais d'emblée très délicate. Très vaporeuse, onirique presque. La basse et la batterie me rappelaient à la réalité. Puis vint sa voix.

Qui m'électrisait, il fallait bien le dire. Et l'électrocution me fut fatale quand il me mit le second morceau.

Parfois, j'me demande si j'existe vraiment
De ma vie, je n'suis qu'un spectateur
Alors j'me fais du mal mais discrètement
Le psy m'a dit "c'est qu'un aspect d'ta peur"

Je n'osai pas le regarder, tant sa confession en musique m'avait pétrifiée. L'écouter me dire qu'il avait besoin de solitude, qu'il se faisait du mal, qu'on lui en avait fait aussi, je réalisai que Ken était un être fragile, bien plus qu'il n'en laissait paraître. Et bêtement, ça m'avait donné encore plus raison de me sentir attirée par ce personnage intriguant.

-          Alors, tu aimes bien ?

-          C'est...

Une boule s'était formée dans ma gorge. Il s'était rapproché de moi, jusqu'à ce que je sente son souffle chaud caresser mon front.