Dans une forêt enchantée…
… au cœur d’une magnifique Contrée appelée Génésis, se dressait un Royaume. Sans aucun doute était-ce le plus beau de tous. Paisible, prospère, splendide. Il était dirigé par un roi sage et bienveillant, le roi Harry, qui s'efforçait jour après jour de remplir son rôle et d’apporter le bonheur. Il épousa une femme pleine de bonté et de douceur ; et ensemble, il régnèrent avec amour et miséricorde sur le Royaume de la Contrée Génésis et les six autres Domaines sous leur responsabilité.
Comblant le roi Harry de bonheur, la reine tomba un beau jour enceinte. Le nouvelle se répandit jusqu’aux autres Royaumes, et tous louèrent la venue de cet enfant né d’une union parfaite, chantant, dansant, illuminant les ciels nocturnes de lanternes, décorant leur village de banderoles aux couleurs vives ; exprimant leur reconnaissance pour leurs souverains et fêtant leur bonheur prochain.
Hélas, le jour de l’accouchement, la reine succomba à ses douleurs et donna vie en mourant. Le Contrée Génésis pleura de longs mois le sommeil éternel de cette femme bien-aimée. Le roi Harry, atterré par la mort de sa chère et tendre, inconsolable de la perte de celle qui partageait sa vie et ses secrets, douta bien longtemps de pouvoir s’occuper pleinement des besoins des siens comme lui et sa femme le faisaient auparavant.
Cependant, il trouvait réconfort auprès de cet enfant, fruit d’un amour inconsidérable. Ses grands yeux émeraudes ressemblaient tant à ceux de sa mère, que le roi pouvait presque voir sa défunte épouse dans le regard de sa fille adorée. N’oubliant jamais la lourde responsabilité qu’il avait d’élever sa fille seul, il se jura de la faire grandir dans les voies de l’amour. En grandissant, la fillette devint une jeune femme en tout point fidèle aux traits de sa mère, tant physiquement que mentalement.
Mais, de nouveau, une terrible épreuve les frappa : peu après avoir atteint sa majorité, la princesse tomba gravement malade, pour une raison que son père ignorait alors. Qu’importait la cause ; seule la guérison le préoccupait. Il déplaça des montagnes pour obtenir des soins, mais aucun remède ne guérit la jeune femme.
Un soir de novembre, les soigneurs lui annonçèrent une nouvelle accablante : la princesse ne survivrait pas à l’hiver.
Le roi Harry se désola ; la perte de sa femme avait creusé une effroyable blessure dans son coeur ; saurait-il se relever de la mort de sa fille unique chérie ?
Ce roi bienveillant, accablé par la cruauté de la vie, vieux, ridé par les épreuves, dut implorer désespérément l’aide d’une vieille connaissance.
Un homme, surnommé le Fourbe, venant d’un autre Royaume, utilisant des remèdes d’un monde inconnu et que nul ne comprenait. C’était un homme talentueux, obstiné, et terriblement égoïste. En échange d’une somme d’argent importante, il créa l’antidote capable de guérir la princesse.
En voyant la jeune femme, pâle, à mi-chemin de la mort, il révéla au roi la terrible douleur que supportait sa fille, la maladie la plus douloureuse de toute ; une maladie qui détruit le coeur : un chagrin d’amour.
Cruel et sournois, le Fourbe libéra le remède sur la princesse, en se gardant bien de dévoiler ses terribles conséquences. La jeune femme ouvrit subitement les yeux et sembla retrouver vie, plus heureuse que jamais.
Mais sa joie ne dura qu’un court instant. Soudainement, ses longs cheveux ébènes se rétractèrent, prirent une affreuse teinte rouille, comme de la paille séchée. Ses beaux yeux émeraudes furent recouvert d’un voile noir et ses pupilles se dilatèrent jusqu’à ressembler aux orbites des crapauds. Sa peau laiteuse se couvrit d’écailles verdâtres et visqueuses, qui rappelaient celles des lézards.
En voyant son reflet dans la vitre de sa chambre, elle ne vit rien d’autre qu’un animal, un monstre… une bête !
Elle hurla de terreur, mais sa voix habituellement douce se transforma en un son rauque et brisé. Hors d’elle, elle frappa violemment la vitre qui se brisa en mille morceaux.
La princesse étant devenue dangereuse pour ses proches, et pour son peuple, le Fourbe ordonna qu’elle soit séquestrée loin de la vie des autres, emprisonnée pour les protéger du monstre qu’elle était devenue.
C’est pour cette raison, que depuis ce jour, la rumeur raconte qu’une Bête vit dans un magnifique manoir, recouvert de fleurs et de ronces, au milieu d’écuries où l’on entend parfois hennir les chevaux, dans le Domaine le plus éloigné de la Contrée Génésis, celui que l’on surnomme le Domaine Oublié. Une Bête que tous connaissent sous ce titre, mais une histoire qu’aucun n’ose entendre.
Mais la princesse était une personne intelligente ; et, en parcourant les pièce de son manoir, elle trouva un miroir enchanté, capable de retransmettre son image, à l’endroit qu’elle désirait. Lorsqu’elle s’en servit pour voir son père, elle ne vit rien d’autre qu’une chambre vide. Et un corps inerte.
Le roi était mort.
Mort de chagrin. Se haïssant d’avoir laissé le Fourbe manipuler sa fille, ne pouvant vivre avec cette culpabilité, ni survivre sans son enfant.
Ce jour-là, elle se jura de faire faire payer cet homme odieux qui avait orchestré l’emprisonnement de la princesse, l’assassinat du roi, et la prise du trône.
Pendant un temps, les villageois se demandèrent où était passée leur princesse ; était-elle toujours malade ? Avait-elle fuit ses responsabilités de reine après la mort de son père ? Avait-elle périt ?
Nul, à part le Fourbe, ne connaissait la vérité.
Il prit la place du roi, et commanda la Contrée d’une main de fer. Avide et envieux, il ne se contentait jamais de sa richesse ; et il plongea le peuple dans de terribles disettes, enchaînant les épidémies et leur lot de souffrances et de morts avec elles.
Il avait été marié, il y a des années de cela, et sa femme mourut lors d’une terrible peste. Une femme qu’il aimait - à sa manière. Sa perte le troubla bien plus qu’il ne laissait paraître, mais intérieurement, des pensées dévastatrices et une culpabilité effroyable le rongeaient. Il était responsable de sa mort. Il avait tué celle qu’il aimait le plus au monde.
Après la mort de son père, le roi Harry, la princesse changea. Alors qu’elle transportait régulièrement son image au village le plus proche pour acheter honnêtement de quoi manger et en prenant soin de cacher son visage, elle y allait désormais sans voile, montrant le monstre qu’elle était devenue, volant, pillant, effrayant les enfants.
Intelligente, elle s'appropria certains subterfuges, convainquant les autres qu’elle possédait des pouvoirs magiques.
Les gens la haïssaient ; ils avaient peur d’elle. Pourtant, certains d’entre eux lui demandaient de l’aide pour accomplir des oeuvres malsaines, en échange d’argent, d’alcool, ou de livres.
Mais ce monstre qui l’empêchait d’être elle-même la faisait terriblement souffrir ; furieuse, atterrée, détruite, brisée, morte de douleur et de chagrin, ses nuits consistaient à jeter des vases, griffer les murs, renverser les meubles, hurler, s’en prenant parfois à elle-même, jusqu’à tomber de fatigue ; et ses journées, à remettre en ordre ce qu’elle avait dévasté la nuit-même.
Son père aurait honte d’elle. Mais il n’était plus là… Alors, à quoi bon ?
Mais elle ne savait pas encore qu’un beau jour, tout allait changer.
Que sa vie entière allait basculer avec la réception d’une missive.
Une personne qui lui demandait son aide.
Le Fourbe.
VOUS LISEZ
Dark Rose
FantasyIl était une fois, dans un royaume appelé Génésis, une Bête, condamnée à rester le monstre qu'elle était devenue. Mais un jour, le roi de Génésis - l'homme qui l'avait maudite - lui demanda un service. Pour enfin tenir sa vengeance contre celui qui...