Chapitre 9

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- '' Qu… quoi ? ''

Jefferson était complètement abasourdi. Libre de sortir ? Il se rappelait pourtant avoir été comme électrisé lorsqu'il avait tenté de s'en aller. Il pensa que cela devait sûrement être dû à un tour de Calypso pour le dissuader de réessayer. Son cœur se froissa un court instant : elle lui avait menti. Son visage s'attrista brièvement ; il s'était dit qu'elle avait changé, ses dernières temps ; cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas ouvert de bouteille, et son joli sourire dessinait plus souvent les traits fins de son visage. Inconsciemment, il s'était dit qu'elle était bien plus belle que les premières fois qu'elle l'avait vu ; ses cheveux noirs de jais tombaient jusque dans le creux de ses reins et ses grands yeux verts brillaient comme des émeraudes. Sa voix, également, était chaude et douce. 

Même si Calypso lui avait menti, Jefferson ne parvenait pas à lui en vouloir. L'idée qu'il pouvait sortir commençait à submerger toutes les autres idées. 

- '' Je peux vraiment sortir ? '' répéta-t-il, un sourire béat aux lèvres, à qui elle répondit par un hochement de tête. 

Il dut se retenir pour ne pas littéralement sauter de joie et embrasser Calypso tant il était heureux. Mais il se dit rapidement que, si elle lui disait cela, ce n'était pas pour rien et, surtout, qu'il aurait certainement des règles. Il tentait de se contenir, mais il bouillonnait à l'intérieur. 

- '' Alors, qu'est-ce que tu veux que je fasse pour toi ?

- Que tu ailles au village. 

- Celui-là ? ''

Il se retourna et pointa du doigt les feux de cheminées qui s'élevaient un peu plus bas. 

Des images des gardes et des mots fatalistes du parchemin se plaquèrent sur les rétines sombres de Calypso. Elle répondit un peu trop vite :

- '' Non, pas celui-là ! ''

Jefferson remarqua son affolement à peine perceptible, mais ne dit rien. Elle se reprit, baissa un instant les yeux. On pouvait trouver un autre petit village, quand on passait par les hauteurs du Domaine. Elle était sûre que les gardes n'y étaient pas encore passés - ils passeront sûrement dans l'après-midi, puisqu'il fallait plusieurs heures pour rejoindre le village d'en bas à celui-ci. 

Elle se racla la gorge :

- '' Tu passeras par la forêt en suivant le sentier. Si tu ne te perds pas, tu tomberas directement sur le village après une dizaine de minutes de marche. ''

Elle se retourna vivement, rentra dans le manoir, suivit de près par Jefferson qui ne souhaitait pas la faire attendre de peur qu'elle ne change d'avis. Elle poussa la porte d'entrée pour se retrouver devant le portillon, qui donnait sur la grande forêt. Son regard vide se perdit dans les arbres.

J'espère que tu sais ce que tu fais…

Elle se mit alors à hésiter ; elle se noya dans un flot de tourments et d'angoisse, si profondément que ses mains se mirent à trembler. Jefferson, le regard fixé sur les chênes verts, symboles de liberté, ne remarqua pas son état :

- '' Donc, je vais par là ? ''

Il la tira de ses pensées ; elle agita ses mains pour faire passer les tremblements, et fit apparaître une longue cape brune et une sacoche qu'elle tendit à Jefferson.

- '' N'oublie pas de cacher ton visage ; on pourrait te reconnaître. Et ramène-moi des pommes, de belles pommes rouges, pour mes chevaux. Tu trouveras les pièces dans ton sac. ''

Il écouta les instructions avec attention tout en enfilant la cape, et passa la sacoche autour de son épaule avant de remonter la capuche, sous le regarda attentif de Calypos. Elle s'approcha de lui et vint la suffisamment pour qu'elle cache ses yeux, ses jolis yeux bleus. 

Dark RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant