Mon triangle d'or

P1 - Chapitre 2 : Madame Louis

-       Je suis fière de toi, franchement il ne te méritait pas.

-       Julie je t'en supplie, essaie d'être plus sympa avec les autres. Je ne te demande pas grand-chose, juste un petit effort !

Mon amie lève les mains en signe de reddition tout en mâchouillant bruyamment son chewing gum. L'amphithéâtre se remplit petit à petit, à mesure où nous approchons de l'heure de notre prochain cours. Je sors des affaires de mon sac à dos, bloc-notes, stylos et surligneurs, et tourne de nouveau la tête vers mon amie qui attend les bras croisés.

-       Tu ne sors pas tes affaires ?

-       Pas envie d'écrire aujourd'hui. Tu me fileras tes notes ?

-       Tu peux toujours rêver !

-       Merci mon amie chérie, répond-elle en souriant exagérément, ce qui me fait rouler des yeux.

-       Rappelle-moi pourquoi je suis amie avec toi ?

-       Euh ... Parce que je suis sympa ? Ah non. Parce que je suis belle peut être ? Non je suis bête, tu t'en fous de ça toi. Euh ... Franchement je donne ma langue au chat !

Je roule de nouveau des yeux, ce qui la fait éclater de rire.

-       Eh bien vous êtes de bonne humeur mademoiselle, ça fait plaisir de si bon matin !

Julie se stoppe aussitôt et se retourne pour voir d'où la voix provient. Mais la femme en question est déjà passée devant nous et se dirige tout droit vers l'estrade, laissant dans son passage des effluves d'un parfum fort et enivrant. Elle dépose une mallette sur le bureau, puis s'adosse devant celui-ci, attendant visiblement que le silence s'installe.

-       C'est qui ? Elle est où Madame Blanchard ?

J'hausse les épaules alors que je me pose la même question. Madame Blanchard est notre professeur de Communication des Médias depuis le début de la formation, et je n'ai jamais vu cette femme auparavant. Le silence se fait rapidement, ce qui pousse la femme à finalement prendre la parole.

-       Bonjour à tous. J'imagine que vous vous demandez où se trouve Madame Blanchard. Après quelques soucis personnels, sans gravité rassurez-vous, elle est dans l'incapacité d'assumer ses cours pour le moment. Je la remplace donc le temps qu'il faudra.

Sans que je ne comprenne pourquoi, je suis hypnotisée par sa voix, qui est à la fois douce et assurée. Son air décontracté m'intimide et son éloquence me laisse sans voix. Ce qui est apparemment le cas de toute l'assemblée puisque personne ne pipe mot. Fait rarissime pour être honnête. J'imagine que la beauté de notre nouvelle professeure n'est pas étrangère à cet inhabituel silence.

-       Je m'appelle Madame Louis, et je vous remercie par avance d'énoncer votre prénom à chaque fois que vous prendrez la parole. Je vous prie de ne pas m'en tenir rigueur si je fais quelques erreurs.

Ça y est, je suis terrifiée. L'idée de prendre la parole m'est déjà initialement désagréable, même si je me suis habituée à l'auditoire de notre promotion. Mais le fait de devoir le faire devant une personne qui m'est totalement étrangère me rend nerveuse. Et le fait qu'elle soit jeune et jolie ne m'intimide qu'encore plus, sans que je ne sache pourquoi.

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-       J'aime bien cette nouvelle prof, elle ne doit pas être loin de notre âge, ça fait du bien d'avoir quelqu'un de jeune pour nous enseigner.

Cette heure de cours m'a particulièrement bouleversée. Je n'ai pas pu m'empêcher d'admirer notre prof durant tout le cours. Mais pourquoi ? Je ne suis pas attirée par les femmes, pourquoi m'a-t-elle fait cet effet ? Et si soudainement ? Je revoie son assurance à l'énoncé de son cours, ses cheveux châtains virevoltants au rythme de ses mouvements, ses lunettes rehaussant son regard rieur, son jean épousant ses jambes parfaites, son t-shirt dévoilant la naissance de son décolleté ... Oh mon dieu, ne me dites pas que je suis réellement attirée par une femme ?!