Mon cœur éclate en mille morceaux dans ma poitrine. J'ai tellement mal que j'aimerais pouvoir hurler. Mais je ne peux pas. Je suis dans ma chambre, seule, et je ne veux pas alerter ma mère. Je ne veux d'ailleurs pas qu'elle soit au courant de la douleur qui irradie tout mon corps à cet instant. Ce n'est pas possible, ça ne peut pas arriver. Je vais arranger les choses, je sais que je peux le faire. Je ramasse mon téléphone à terre, la batterie est délogée de son emplacement d'origine mais une fois remise en place, l'appareil s'allume normalement. J'inspire et j'expire en tentant de reprendre mes esprits, puis réponds au SMS m'ayant fait l'effet d'un véritable coup de poignard.
<Anita : Tu ne peux pas faire ça, nous allons arranger les choses ! Je te promets de faire tous les efforts que tu veux, je te promets de faire absolument tout ce que tu me demanderas... Mais je t'en prie, ne fais pas ça... >
Tant pis si ma réponse se fait suppliante, je veux seulement qu'elle revienne en arrière. J'ai profondément besoin qu'elle se rende compte de son erreur, et ce à n'importe quel prix. Mes mains sont tremblantes, mes yeux me piquent et mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine lorsque je sens mon téléphone vibrer.
<Pauline : J'y pense depuis quelques temps déjà. J'ai essayé, mais je ne réussis pas à tomber amoureuse de toi. Je suis désolée. >
Désolée. Ce mot résonne étrangement dans ma tête, comme s'il était dénué de sens. Mon regard se perd dans le vide, alors que mes mains tiennent mollement mon portable. Mon esprit, quant à lui, fonctionne à une vitesse ahurissante. J'essaie de trouver une idée, n'importe quoi qui puisse tout changer, il y a forcément une solution. Pourquoi aurait-elle permis que je tombe aussi follement amoureuse d'elle, pour me faire ça ? C'est beaucoup trop cruel.
<Pauline : Je ne reviendrai pas sur ma décision Anita, quand je fais un choix, je m'y tiens. >
Ce deuxième message finit de m'achever. Les larmes franchissent finalement la barrière de mes yeux et brouillent ma vue déjà floue. Je réalise peu à peu le caractère définitif de la situation. Je comprends que plus jamais je n'aurais le droit de voir la femme que j'aime sourire, de lui parler de tout et de n'importe quoi, de la taquiner gentiment, de caresser sa peau douce, de l'embrasser furieusement et, le pire de tout, je n'aurais plus jamais le droit de la regarder comme on est autorisé à regarder l'être aimé. La pointe au creux de mon estomac ne fait que s'accentuer, les larmes se transforment en sanglots incontrôlables. Mon corps est parcouru de soubresauts intenses, alors que de lamentables gémissements sortent de ma bouche déformée par la douleur.
Mon corps inutile est roulé en boule sur mon lit et me fait l'effet d'un tas de chiffons abandonné là. J'aimerais pour un instant ne plus ressentir, ne plus avoir aucune émotion, cela serait largement préférable à la douleur subite et intolérable du chagrin. J'ai la sensation d'être la première à ressentir de telles émotions, et que je n'y survivrai pas. Comment peut-on continuer à vivre alors qu'une boule nous empêche de respirer ? Maintenant la fameuse citation « Un être vous manque et tout est dépeuplé » prend entièrement sens dans mon esprit. La vie que j'aimais tant me semble maintenant n'être qu'un vaste désert où j'aurais toutes les peines du monde à survivre. Je n'ai pas d'eau ni de nourriture, et je suis complètement seule. Epuisée par la violence de mes pleurs, je finis par m'endormir d'un sommeil peuplé de rêves plus étranges les uns que les autres où le dénominateur commun est une furie antique me transperçant littéralement le cœur. A chaque fois, je sens une plaie béante suintant d'un liquide épais et nauséabond, me laissant titubante et seule au milieu de nulle part. Et à chaque fois, je me réveille en sursaut, la sueur coulant sur mon visage et le long de ma nuque, laissant sur son passage une trainée glaciale de frissons incontrôlables.
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Mon triangle d'or
RomanceQu'est-ce que le triangle d'or ? En mathématiques, c'est une valeur de proportion. En Arts, il est l'expression de l'esthétisme pur. Mais plus largement, certains le considère comme la divine proportion, l'équilibre ultime. Une vieille femme décide...