P2 - Chapitre 17 : Résolutions

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- On sort ce soir ?

Il n'aura fallu qu'une parole de mon ami Victor pour que mes toutes récentes résolutions soient mises à mal. Et en même temps, cette soirée ne serait-elle pas un bon test justement ? Je ne vais pas rester cloitrée chez moi à vie non plus.

- Anita ?

- Désolée Victor. D'accord pour ce soir, mais je ne reste pas tard.

- C'est ça oui, répond-il avec un sourire évocateur.

- Vraiment ! J'ai décidé de me reprendre et de ne plus faire n'importe quoi, donc je bois une bière ou deux, et je rentre sagement chez moi, seule !

- D'accord, d'accord !

Mon ami lève les bras en signe de reddition mais je vois à son expression qu'il ne croit pas un mot de ce que je lui dis. Je m'en fiche après tout, je n'ai pas besoin de qui que ce soit pour savoir ce que j'ai à faire, et m'y tenir.

Deux verres à la main, je me faufile à travers la foule déjà dense du début de soirée, pour rejoindre la table où se trouve Victor. Je pose le sien devant lui, alors que ses yeux sont rivés sur son écran de téléphone et que ses lèvres esquissent un énorme sourire.

- Qu'est ce qui te fait sourire comme ça ?

- Adèle a enfin accepté, elle nous rejoint un peu plus tard.

- Dis-moi Victor, tu ne serais pas amoureux de cette timide petite Adèle par hasard ?

- C'est un bien grand mot... Disons que je n'aime pas qu'on me résiste.

Le ton utilisé s'était voulu confiant et moqueur, mais j'avais senti en arrière-plan une douceur et une timidité que je n'avais jamais entendues jusqu'ici chez mon nouvel ami. Cependant, je décide de ne rien laisser transparaître et le laisse dans l'illusion qu'il maîtrise la situation. J'avale une gorgée du délicieux breuvage houblonné, tout en regardant distraitement autour de moi. Malgré moi, je repère une blonde au loin qui rit à gorge déployée devant deux de ses amis. Ses yeux pétillants me heurtent jusqu'à ma place pourtant lointaine, son sourire illumine la salle en une seconde. Mes yeux semblent attirés magnétiquement par la jolie jeune femme alors que ma toute récente résolution s'impose soudainement à moi. Je détourne les yeux, au prix d'un effort presque surhumain, pour tomber sur l'expression idiote de Victor.

- Quoi ? Lui demande-je dans un grognement.

- Tu as trouvé ta nouvelle cible ?

- Dis pas n'importe quoi. Je m'imprègne de l'ambiance du bar.

- Bien sûr, tu « t'imprègnes ». C'est pas dans le bar que tu vas bientôt être « imprégnée » ... Me répond-il en insistant sur le mot, avec un haussement de sourcils suggestif.

- Classe.

- C'est pas moi qui couche avec une fille différente toutes les semaines !

Sa remarque fait monter en moi une colère inédite. J'ai une soudaine furieuse envie de lui jeter le contenu de mon verre au visage. Mais cette pauvre bière n'a pas mérité ça. Et mon salaire non plus d'ailleurs.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles Victor. En plus j'ai décidé d'être sage ce soir.

Mon ami se garde de me lancer une réplique cinglante, alors que je vois à l'expression ridicule de son visage qu'il se retient avec une force presque surhumaine. Sans cet agacement en moi, j'aurais probablement explosé de rire à la vue du visage de constipé qu'il arbore. D'ailleurs, je pense que je souris quand même un peu.

Mon triangle d'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant