2- Stratagème

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La tête plongée dans mon bouquin de physique, je ne remarque pas la présence d'Amanda à mes côtés. J'observe cette fille aux yeux pétillants qui m'est très cher. Nous avons sympathisé autour de cette table et ne nous sommes pas relâchées depuis. C'est-à-dire : deux semaines.

-Quoi de neuf ? S'extasie-t-elle.

-Je révise avant l'interro et toi ? Dis-je en claquant le manuel jaune canaris entre mes doigts.

-Pas grand-chose. On passe au casier ? J'ai oublié ma calculatrice.

J'acquiesce, nous nous levons en synchronisation du banc, et je passe la lanière de mon sac sur mon épaule droite. Chaque matin en attendant l'arrivée d'Amanda je me pose sur ce banc, dans la cour intérieur de Mendley High, à côté d'un parquet de lys. Je tire sur ma veste lorsqu'une bourrasque d'air frais passe par là, l'hiver approche à grand pas. Je frissonne à cette pensée.

Nous nous dirigeons vers l'entrée qui est à quelques mètre de nous. La cour qui est habituellement vide est, ce matin assiégé par le groupe informatique du lycée. Pour une raison qui m'est inconnu. Des garçons à lunettes, aux cheveux coiffées et en cravates sont entrain de discutés, debout et en cercle. Des blocs-notes en mains, ainsi que des microphones.

Je vais pour ouvrir la porte quand elle s'ouvre violemment, me faisant tomber par terre. Je suis projetée au sol avec une telle force que mes mains et mes coudent râpent sur le goudrons. Me provoquant des brûlures artificielles. Le sol est glacial, mais je n'y prête pas attention, obnubilée par la scène qui se déroule devant nous.

Deux garçons sont à terre, se tapant sans retenue. Le garçon qui a le dessus est un brun aux mèches folles. Ses muscles sont contractés et son tee-shirt déchiré à l'encolure. Un filet de sang coule de ses lèvres charnues alors qu'à l'aide de ses phalanges ouvertes, il tabasse l'autre garçon. Celui-ci est roux, ses bouclettes sont pleine l'herbe et de terre. Quant à son visage couvert de sang, je crois apercevoir un grain de beauté sur sa joue gauche. Son corps vibre à chaque coup qu'il reçoit, et de ses mains il essaie de se défendre mais sans succès. Il ne fait pas le poids face au brun.

Amanda m'aide à me relever, alors qu'un blond assez musclé sépare les deux garçons. C'est à ce moment là que je remarque le monde qui s'est agglutiné autour du spectacle. Je frotte mes mains entre elles alors que quelques gouttes de sangs font leur apparition. J'essuie mes fesses et reporte mon attention sur les garçons. Le roux se relève avec difficulté et tousse à s'en faire vomir. Une fille portant une robe blanche et un garçons aux cheveux long accourent vers lui pour l'accompagner à linfirmerie.

Le brun se libère de l'emprise du blond avec fièvre. J'aperçois son visage dans son ensemble, ses yeux sont marron et ses joues sont rosies par la colère. Il essuie du revers de la main sa lèvre inférieure ouverte. Ses prunelles rencontrent et se scellent aux miennes. Je suis comme hypnotisée par ses iris. Et lui me fixe avec un air impassible collé au visage.

Amanda me secoue par lépaule et je rompt enfin le contact visuel avec le brun. Mon amie me regarde les sourcils froncés, l'air inquiète.

-Est-ce que ça va June ?

Je secoue la tête de haut en bas encore sonnée, par ce qu'il vient de se passer. Je sens mes mains s'engourdirent puis la douleur revenir instantanément comme si je remettais mon corps sur play. Je récupère mon sac qui était encore posé au sol et tourne la tête vers le brun. Celui-ci est entrain de se diriger vers le fond de la cour, un téléphone en main, se tripotant les cheveux de son autre main. Il ne s'est même pas excusé. Je suis Amanda à l'intérieur.

-Mais quel imbécile cet Hunter Blake ! Jure-t-elle dans sa barbe.

-Qui ?

-Hunter Blake, le gars qui vient de te pousser à l'instant.

Coup Monté (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant