34- Soirée arrosée

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Le véhicule s'immobilise devant une grande maison blanche, dans un des quartiers nord de la ville, là où les résidences sont resplendissantes et modernes. La rue au bitume fraîchement goudronné est comblée de voiture, des véhicules débordant sur la pelouse de la maison blanche. Des gobelets en plastiques bleus et rouges jonchent le sol, les adolescents affluent à l'intérieur de la propriété et la musique résonne jusqu'à mes oreilles.

C'est la première fois que je viens chez Hunter, et il faut que ce soit le soir où j'embrasse son ami. J'ai agi sur un coup de tête et maintenant je regrette d'être venue, je ne veux pas voir Hunter.

Le blond à mes côtés se racle la gorge, tandis que je touche du bout des doigts ma lèvre inférieur, encore brûlante du touché de Nash. Des lumières vives s'échappent des baies vitrées de la maison et m'aveuglent. Je tourne la tête vers mon ami, perdue dans le tourbillon de sentiments qui me submergent et m'étouffent de l'intérieur.

-On en parle à personne, clame-t-il sérieusement.

Ses yeux cherchent les miens, tandis que mon regard se perd sur la toiture de la maison. Une silhouette se dessine dans l'obscurité, assise près d'une fenêtre, à l'écart de la soirée. Le ciel est parsemé d'étoiles, le vent glissant dans les branches nues des arbres.

-June ?

Je tourne la tête vers lui, l'esprit en vrac. Ses yeux bleus me sondent, attendant une réponse de ma part.

-Oui, bien sûr.

Il paraît soulagé, fermant les yeux quelques instants. Moi, j'ai juste envie d'oublier et d'arrêter de mentir. Pourtant, je viens d'ajouter un nouveau mensonge à mon palmarès.

J'ouvre la portière et m'aventure dans le domaine des Blake, lissant le devant de ma robe à motifs. L'air glacial de ce mois de novembre m'enveloppe et m'étreins, m'écrasant entre ses bras gelés. Je traverse la pelouse fraîchement tondue, dépassant le blond et sa vieille voiture.

Les escaliers sont vernies et ne grincent pas lorsque je les montent, m'arrêtant sous le porche pour prendre le temps d'étudier les lieux. Une chaise à bascule en bois blanc est posée de l'autre côté du porche, où un garçon aux cheveux verts embrassent fougueusement une fille aux cheveux courts. Je manque de trébucher sur un pot de fleur cassé et pénètre dans la maison.

Les murs sont démunis de cadres photos et la moindre preuve qu'une famille vit ici a été éclipsé. Est-ce vraiment la maison de Hunter Blake ? Les quelques meubles présents sont ensevelies sous les gobelets et les bouteilles d'alcool, jonchant un peu partout. L'élégant tapis en velours blanc qui drape les escaliers qui mènent à l'étage est taché d'une substance rouge douteuse.

Je m'engouffre dans la foule d'étudiant, jouant des coudes pour me diriger vers la cuisine. L'air est lourd et étouffant. Je retire mon cardigan beige et le pose sur un portemanteau vide, à l'entrée du salon. Avec difficulté, je trouve la cuisine où des dizaines de bouteilles en verres sont posés sur le l'îlot. Une fenêtre surplombant l'évier est ouverte et laisse la fraîcheur extérieur rafraîchir la pièce. Les placards sont fermés à clé et l'argenterie semble avoir été cachée.

J'attrape d'une main insatiable une bouteille, retire le bouchon et bois au goulot. L'alcool brûle mon œsophage et me fait froncer les sourcils. Malgré la sensation désagréable, cela me soulage. Je grimace et éloigne la bouteille de ma bouche.

-Tu m'avais pas dit que t'étais célibataire ? Parce que ton copain n'a pas l'air au courant.

Je sursaute et manque de renverser la boisson sur le comptoir. Une main sur le cœur, je dévisage exagérément le métisse. Amusé, il m'observe me redresser tandis que j'essaie de me donner de la contenance. Je passe une main sur mes lèvres et essuie les gouttes d'alcool.

Coup Monté (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant