45- Seule

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Le bruit infernal de portes de placards claquant bruyamment me tire brutalement de mon fragile sommeil. Les rayons éclatants du soleil traversent mes rideaux et illuminent prudemment le lit sur lequel je suis allongée. Je fronce grossièrement les sourcils et une ride se creuse entre mes deux yeux, marquant ma fatigue d'un trait sombre. Au-delà du bruit de la vaisselle s'entrechoquant et des placards, les rues à l'extérieur semblent silencieuses. Inhabituel pour un lundi matin.

Epuisée, je clos mes paupières quelques instants, les recouvrant de mes frêles doigts de porcelaine. Les images du bal se dessinent sous mes paupières et prennent vie, me repassant chaque raté de la soirée. Je visualise également les deux jours qui ont suivis, un week-end extrêmement calme, où j'ai pleuré tous mes regrets dans ce même lit, mes remords et mon chagrin inconsolables.

Je grogne de frustration, attrape maladroitement un coussin au niveau de mon bassin et le plaque rageusement sur mon visage, prête à passer mon lundi au lit. Les bruits effroyablement assourdissants se taisent au rez-de-chaussé et je soupire de soulagement. Maman semble comprendre ma réaction de ces derniers jours, aussi déplorable et lamentable soit-elle.

Lorsque je suis rentrée du bal, vendredi soir, trempée et glacée jusqu'aux os, la brune s'est empressée d'essayer de comprendre ce qui s'était passé. J'ai éclatée en sanglot dans le couloir, fondant sur le sol comme une loque et reniflant disgracieusement. Elle a enroulée ses bras autour de mes épaules et à chuchoter des paroles réconfortantes à mon oreille. Alors, j'ai craquée et lui ai absolument tout raconté. En passant du plan sinistre d'Amanda, de mon amourette défaillante avec le brun à mon baiser volé. Elle ne m'a pas réprimandée, ni jugée ou punie. Elle m'a simplement regardée, ses yeux débordant d'amour et a murmurée :

-Ne laisses personne te détruire, tu es si forte. Ne gâche pas ta vie pour une simple erreur de parcourt.

Qu'appelait-t-elle une erreur de parcourt ? Mon histoire avec Amanda ? Je ne la voit pas comme une erreur. Malgré tout, Amanda a su combler l'absence de mon père, chose qui m'a apporté beaucoup de sérénité ces derniers mois.

Je n'ai pas répondu, la voix tremblante et ma gorge irritée par mes reniflements. J'ai simplement plongé mon visage dans son cou et enroulé mes bras autour de mon propre corps, comme une barrière me protégeant du monde extérieur. Dans mon esprit brumeux, la tempête semblait s'abattre dans la petite maison, et non à l'extérieur. L'orage résonnait à mes oreilles comme un écho et je sentais encore l'eau glacée m'étreindre.

Après une heure d'apitoiement, assises par terre, je me suis levée et sans un mot ai rejoint ma chambre. Les yeux vident et rougies par les larmes salées que je venais de verser sur l'épaule de ma génitrice. J'ai passé toute la nuit allongée sous ma couette, mouillant mes draps de mes remords et me mouchant sur mon matelas.

Nash a essayé de m'appeler, mais je n'ai pas daigner répondre, effrayée et angoissée par ce qu'il voulait me dire. Après tout, je ne l'ai pas revu depuis qu'il a suivit Olivia jusque dans les vestiaires féminins. Peut-être qu'après avoir discuté avec la cheerleader, il a changé d'avis et a voulu m'envoyer balader avec violence et tourments. Rien qu'à cette idée, mon coeur s'affole et je resserre mon emprise sur l'oreiller.

Le claquement des semelles des baskets de ma mère résonnent sur la moquette dans le couloir et s'arrête devant ma porte. Je tend mes jambes au maximum et ferme exagérément mes paupières, toujours cachée sous l'oreiller en coton.

-June ? Demande discrètement la brune, inquiète à l'idée de me réveiller.

Je pince mes lèvres et recouvre l'oreiller de mes bras, formant une croix sur le dessus.

-Je peux entrer ?

Après quelques secondes d'hésitation, et face à mon silence, ma génitrice se permet d'ouvrir la porte et d'observer ma silhouette, allongée droite comme un piquet sous la couverture. J'entend sa respiration se rapprocher du lit une place et traîner ses baskets sur le parquet.

Coup Monté (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant