Coup Monté (terminé)

22- What a man gotta do ?

J'attrape la bandoulière de mon sac de sport orange, et le glisse sur mon épaule. Je soulève les manches de ma veste et frotte mes yeux pour effacer les dernières traces de mon sommeil. Des cernes bordent mes yeux marrons et mes jambes sont engourdies.

Je suis rentrée il y a quatre heures, et ai passée mon temps éveillée, assise sur le canapé à réfléchir. Les courses en compagnie d'Hunter m'ont secouée. Son comportement du début à la fin m'a chamboulée. Il est passé du Hunter méprisant, au Hunter gentil puis au renfermé.

Ses sautes d'humeurs ont gâchés ma soirée, et j'ai fini la nuit dans la cuisine à nettoyer après les autres. Mais j'ai été soulagée de ne pas recroiser Seth, qui m'a rendu nerveuse lors de notre échange. Je ne sais pas quoi en penser. Seth est un garçon mignon, mais il y a quelque chose qui coince.

Je bloque une mèche de cheveux derrière mon oreille et scrute ma chambre, dans l'espoir de ne rien avoir oublié. Les rideaux sont tirés et bloquent les rayons du soleil. Le temps s'est éclaircie, et avec réticence, ma mère a acceptée de me laisser partir en camping.

Je dévale les escaliers, faisant craquer les marches sous mes semelles. Je m'arrête à la chambranle du salon et aperçoit ma mère se recoiffer devant un miroir. Son teint est éclatant et ses courts cheveux bruns sont détachés. Ses yeux sont moins fatigués qu'il y a quelques semaines. Les choses semblent s'arranger pour nous deux, apparemment.

-Tu as une mauvaise mine, ma fille.

Elle me jauge à travers le reflet du miroir en plissant les yeux.

-Je n'ai pas beaucoup dormi, toi par contre, tu es très belle.

Elle se retourne lentement, évitant de défaire sa coiffure.

-Bien tenté, mais tu ne m'auras pas comme ça.

J'esquisse un sourire suspect et m'adosse au mur, le sac sur mon épaule.

-J'aimerai qu'on ai une discussion, demain, à ton retour.

-Une discussion ? Pour parler de quoi ?

Elle s'approche de moi, lissant sa veste blanche.

-De ton avenir. Ces derniers temps, tu te laisses aller.

-Je ne me laisse pas aller. J'ai une bonne moyenne et les profs sont satisfaits de mon comportement, qu'est-ce qu'il te faut de plus ?

-Tu pourrais faire mieux.

Un bruit de moteur nous interrompt et nous tournons instinctivement la tête vers la porte d'entrée. J'enlace ma mère dans un geste attendrissant et pose ma tête sur son épaule. Le tissu de sa blouse de travail est rêche.

-Pas de bêtises, June. Murmure-t-elle à mon oreille, ses mains caressant mon dos.

-Ce n'est qu'un camping entre amis, tout se passera bien.

Ma voix se veut rassurante. Elle hoche le visage, soucieuse et s'éloigne.

-Ne fais pas attendre tes amis, passe un bon week-end.

-Toi aussi, amuse-toi bien.

Je pivote sur moi-même et m'engage dans le couloir. J'ouvre la porte et le vent m'accueille chaleureusement, faisant refermer la porte dans mon dos, dans un courant d'air. La jeep de mon amie est garée, légèrement de travers, sur le trottoir en face de ma maison, et le moteur ronronne.

J'ouvre la portière, grimpe sur la banquette arrière et balance mon sac de sport orange à mes pieds. Les deux cheerleaders se retournent vers moi, le visage morne. Leurs cheveux sont attachés dans des chignons maladroits et des cernes similaires aux miennes accentues leurs regards fatigués.