Bonne lecture !
Du bout des mains, je fais parcourir mes doigts fraîchement manucurés sur le tissu beige de ma robe aux motifs fleuries en dentelle. Le voile accroche à ma peau et mes doigts s'arrêtent sur ma taille, où le corset logé dans mon dos fragilise ma respiration. De longues mèches brunes bouclées retombent en cascades sur mes épaules dénudées et un fin pendentif, où une pierre de lune pend, vient décorer la base de mon cou.
Ma respiration s'accélère, lorsque je pense aux évènements qui vont suivre. Dans quelques minutes, Hunter arrivera, nous monterons dans sa superbe berline, nous rejoindrons le reste de la bande dans le gymnase, là où a lieu le bal de la Renaissance, et je masquerais ma peine et mes regrets sous un sourire.
Hunter a vraiment essayé de découvrir ce qu'il s'est réellement passé, ce soir là, au clocher. Mais j'ai toujours prétexté que ce n'est qu'un malentendu, et qu'il n'y a aucune raison irrationnelle derrière nos comportements étranges. Bien évidemment, Hunter n'en croit pas un mot, et semble légèrement sur la défensive, comme s'il me suspectait de lui mentir. Ce qui s'avère vrai, malheureusement.
Un sentiment d'impuissance m'étreins et j'inspire bruyamment, dissimulant mes larmes derrières mes paupières closes. J'ai assez pleuré ces derniers mois pour me laisser vaincre par un père absent et une culpabilité assaillante. Déterminée, je rouvre mes yeux maquillés et observe attentivement mon reflet dans le miroir à pied, installé au mur adjacent à ma porte.
Mes pouces dessinent des cercles asymétriques sur ma taille, tandis que j'évacue ma peine par des respirations contrôlées et régulières. Le silence implacable dans lequel est plongé la maison perce mes tympans et un sentiment de réconfort m'apaise légèrement. Les battements assourdissants de mon coeur résonnant jusqu'à mes oreilles me bercent, et étrangement, je ne sursaute pas lorsque j'aperçois la silhouette de ma mère, dans le reflet du miroir, appuyée contre l'encadrement de la porte.
Devant l'impassibilité de mon faciès, la brune croise ses frêles bras contre sa poitrine et soupire imperceptiblement, visiblement accablée par notre comportement distant. Indifférente, je détourne les yeux des siens et reporte mon attention sur la robe en dentelle. La couleur beige du tissu fait ressortir la pâleur de ma peau et mon visage dégagé par les boucles maîtrisées laisse apercevoir les fins traits de mon visage. Des mes pommettes pourpres et saillantes, mes lèvres charnues impeccablement maquillées à mes sourcils dessinés en un parfait arc.
-Tu sembles soucieuse, remarque ma génitrice, légèrement troublée.
-C'est mon premier bal, pesté-je, dépoussiérant d'invisibles saletés sur le devant de mon corsage.
Vraisemblablement surprise, ma mère se redresse maladroitement sur ses pieds, avançant subtilement dans la petite chambre aux murs abîmés. Dans un soupir exagéré, je pivote dans sa direction, les longues boucles brunes retombant dans mon dos nu.
-Je ne le pensais pas...
-Mais tu l'as dis.
Mes mots sont tranchants et ma réplique sans appel, je suis fermée à toute discussion avec elle. Surtout ce soir. Cependant, la dureté de mon comportement ne semble pas la découragée, et elle s'avance jusqu'au centre de la pièce, ses courts cheveux bruns s'emmêlant sur sa nuque.
-J'aimerai qu'on est une véritable conversation. Sans cris et larmes.
-Il fallait y réfléchir avant de me balancer l'absence de mon père à la figure, riposté-je en jouant nerveusement avec le devant de ma robe.
Un silence insoutenable comble l'espace, tandis que j'évite le regard tiraillé de ma mère. L'air semble s'alourdir et le temps ralentir. J'humidifie distraitement mes lèvres, fixant le seuil de la porte avec intérêt.
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Coup Monté (terminé)
Teen FictionJune Brown emménage à Mendley et sympathise tout de suite avec Amanda Davis. Très rapidement, elles deviennent proches et Amanda propose à June de jouer à un jeu. -Introduire la bande des populaires et les détruire de l'intérieur. June accepte, et...