47- Accumulation

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Avec une migraine insupportable, ma tête roule sur le mur immaculé de ce long couloir et je ferme les yeux. L'odeur cadavérique et infernale de l'hôpital agresse mes narines depuis une éternité à présent, et les minutes s'écoulent avec une lenteur effroyable. Les bruits de pas résonnent jusqu'à mes oreilles comme un fracas, et les lumières des spots agressent mes rétines comme une éclipse pourrait m'enlever la vue.

-... Ses constances sont bonnes, clame une voix nasillarde, à l'autre bout du couloir. Si ses amis le souhaitent, ils peuvent lui rendre visite avant que vingt heure ne sonne.

J'ouvre instinctivement mes paupières, croise le regard océan de mon ami, adossé au mur en face de la chaise sur laquelle je suis assise. Le blond me salut brièvement, d'un signe de la main et m'observe me redresser correctement sur mon siège en fer.

-Tu as une sale tête, constate Nash.

J'hausse les épaules, mes yeux roulant dans la direction de madame Davis, en pleine discussion avec un docteur. Les bras croisés sur sa poitrine, ses yeux cernés observent le médecin en face d'elle, qui commente l'état stable d'Amanda. Ses cheveux habituellement attachés dans un strict chignon sont désordonnés sur ses épaules frêles, et ses yeux sont rougies par la fatigue.

Voici à présent cinq heures qu'Amanda a été retrouvé, en haut du clocher, et qu'elle est prise en charge par l'hôpital d'une ville voisine. Dès que les pompiers ont évacués les Davis dans l'ambulance, je me suis précipitée jusqu'à la voiture de ma mère, où Nash m'a immédiatement rejointe. Ma génitrice nous a déposés devant l'hôpital, et est repartie à Mendley, où la pharmacie n'attendait qu'elle. Mon fessier est endolori par la raideur de mon siège et mes bras ne cessent d'être recouvert de chair de poule, à force d'être prise d'assaut par des courants d'airs.

-Je ne comprenais pas pourquoi tu la suivais dans ce délire, avoue-t-il doucement. Mais en te voyant là, épuisée par l'inquiétude, ça me paraît évident.

J'arque un sourcil, les paupières lourdes et la gorge serrée.

-Pourquoi te laissais-tu faire ? Qu'avais-tu a y gagner ? Après tout, tu nous avez tous les cinq.

Ses lèvres se tordent dans un triste rictus et ses joues se relèvent légèrement, inhabituellement blanche comme de la porcelaine.

-Viens-en au fait, Nash.

Une sensation d'agacement grisant s'empare de mon être, et ma réplique semble plus sèche que je ne l'aurait souhaité. Heureusement, l'adolescent ne prête pas attention à mon humeur et poursuit avec douceur et empathie.

-Amanda comblait seulement le trou qu'a laissé ton père, confie-t-il avec une gentillesse évidente. Amanda est ton ancrage dans cette ville.

Un pincement à la poitrine, je frissonne d'amertume et contracte mes mâchoires. A présent, les choses ont évolués, peu importe que ce soit dans mon intérêt ou non, mon amitié avec Amanda n'est plus qu'un lointain souvenir.

-Tu es fidèle, loyale et intelligente. Tous tes actes prouvent ton investissement évident dans cette quête improbable.

-Je t'en supplie, ne m'oblige pas à t'en vouloir, répliqué-je douloureusement en me redressant. N'aggrave pas les choses en ravivant ma culpabilité.

Son visage se crispe, ses yeux se plissent et ses yeux scintillent de chagrin.

-Tu crois sincèrement que c'est de ta faute, tout ça ? me demande-t-il amèrement en pointant le couloir de son index.

Insensible, j'observe la fiche plastifiée accrochée au mur derrière le blond, me perdant dans le fil de mes pensées fulgurantes.

-Tu ne mérites pas ce que tu t'infliges, me sermonne mon camarade, pas en ayant agi par amitié.

Coup Monté (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant