Coup Monté (terminé)

32- Anormal

Je fais claquer l'élastique de mon short de sport sur ma hanche, enfile un tee-shirt blanc, réajuste ma queue de cheval et lace mes chaussures de sport. J'attrape quelques billets dans mon sac, attachés par un élastique, et les fourrent dans la poche avant de mon short.

Les filles enfilent leurs tenues de sport dans la bonne humeur, discutant de sujets diverses. Des effluves de déodorants et de parfums envahissent la pièce et me chatouillent les narines. Impatiente, je me dirige vers la sortie, incapable d'attendre plus longtemps dans le vestiaire. Les cris et les odeurs chimiques me donnent mal à la tête.

L'éclairage me fait plisser les yeux, tandis que je m'approche du tapis matelassé pour m'étirer. La porte se referme et claque dans mon dos. Je passe une main sur ma nuque, arque le dos et sautille sur place. Les rayons du soleil s'infiltrent à travers la porte ouverte du gymnase, réchauffant la pièce.

Les cheerleaders sortent du vestiaire quelques minutes plus tard, apprêtées et vêtues de leurs tenues de sport. Je cesse mes échauffements, croise mes mains et écoute les consignes de Hope.

-Aujourd'hui, nous allons nous entraîner en extérieur. C'est bon pour le moral, et vous l'avez méritait avec la victoire de vendredi.

Quelques cris approbateurs fusent dans les airs, alors que la capitaine attache ses cheveux dans un chignon désordonné.

-Je ne vais pas vous montrer la nouvelle chorégraphie. C'est un entraînement butoir, qui va nous servir à nous reposer, tout en travaillant notre souplesse et notre équilibre. D'où les ficelles dont nous allons nous servir.

Elle attache ses cheveux avec un ruban rouge et invite les filles à se diriger vers le terrain. En compagnie d'Olivia, nous nous dirigeons vers le local où se trouve le matériel nécessaire aux entraînements. À l'aide d'une clé usée, Hope ouvre la porte en bois qui grince et s'introduit dans le local.

-Deux garçons m'ont déjà proposés de les accompagner au bal, annonce Olivia en s'adossant au mur.

-Quel bal ? Je demande en attrapant un matelas.

-Tu rigoles ?

Je hausse les épaules, resserrant mes bras autour du tapis.

-June Brown, tu es une ignorante ! S'exclame-t-elle en levant les bras en l'air.

-De quoi est-ce que tu parles ?

Elle pince ses lèvres, faussement déçue. Je relève un genoux et maintiens le matelas, alors qu'il glisse de mes bras. L'exagération de sa réaction m'exaspère.

-Le bal dont je parle est l'évènement à ne pas rater, dans cette ville.

-Tu m'as dit la même chose pour le lancé de lanternes, remarqué-je en arquant un sourcil.

-Et tu ne vas pas me dire que ce n'étais pas génial ?

Un franc sourire vient étirer mes lèvres et les souvenirs de cette soirée me reviennent en mémoire. Hunter avait fait preuve de « gentillesse » et n'avait pas été agressif comme auparavant. C'est l'une des rares premières fois qu'il m'a agréablement surprise. Puis, nous nous sommes puérilement disputés, avant de nous réconciliés à nouveau. C'est également au lancé de lanterne qu'Hunter m'a touché pour la première fois, et que j'ai réellement senti une connexion entre nous.

Je hoche la tête, quelques secondes plus tard, réalisant que je me suis perdue dans mes pensées. Ses yeux me sondent un instant, essayant d'analyser et de décrypter ce que je ressens. Malheureusement pour l'adolescente, je pivote vers la capitaine des cheerleaders. La rousse est penchée par-dessus un carton, attrapant des ficelles en bon état.