Partie 10

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« Eh bien Aliya, t'es devenue une vrai femme. J'me souviens encore il y a deux ans quand t'étais en jogg, maintenant zehma ça claque les petits débardeurs et tout ».

J'avais perdu l'usage de ma parole. Cet homme, celui qui m'a blessé et humilié plusieurs fois, s'approchait de moi doucement et dangereusement. Il n'était plus en prison. Il était libre. Libre de faire ce qu'il veut, et de refaire ce qu'il m'avait fait. Lui parler au téléphone ne m'a pas fait le même effet que celui de le voir en face, j'avais moins de cran. Son visage balafré d'une cicatrice qui allait de son œil gauche à son nez lui donnait un air de pirate. Il faisait peur à voir, grand, costaud, le crâne rasé. Il avait des tatouages partout sur ses bras et son débardeur blanc mettait en valeur sa peau doré par le soleil lui donnant un air plus affreux. Il m'inspirait toujours cette crainte, même après deux ans d'absence dans ma vie, savoir qu'il était libre et en face de moi m'horrifiait. Je voulu me précipiter vers l'appartement afin d'être en sécurité mais il barra mon chemin. Croisant les bras il me dit :

« Poupée, surtout pas de ça avec moi ».

Il me regarda d'un air menaçant et je cru défaillir lorsqu'il mit sa main sur ma poitrine. J'étais paralysée et n'arrivait plus à bouger, regardant partout devant moi en espérant trouver un soutien. Il n'y avait personne. Personne pour me porter secours, quelque fois un enfant se montrait au loin et repartait jouer. Le quartier où j'habitais était relativement calme et il n'y avait pas beaucoup d'arabes mais principalement des vieux couples. Adam et moi étions les seuls du bâtiment, jeunes et d'origine maghrébine.

Redouane me poussa vers ma voiture et avec un sourire sardonique posa ses lèvres délicatement sur mon cou puis avec le revers de sa main traça une ligne de ma joue à ma gorge. Le contact de ses mains sur ma peau me brula, une larme perla au long de ma joue. Il souleva mes cheveux les attrapa avec violence, sans ménagement, et regarda derrière ma nuque, ce qu'il vit le fit sourire. Moi, je ne bougeais plus, j'avais peur de lui, très peur, il était impulsif, ses actions étaient imprévisibles.

« Tu te souviens mon choux de l'histoire de cette cicatrice ? »

Si je m'en souviens ? Bien sûr que je m'en souviens. Très bien même. Soudainement il m'approcha à son visage, il avait des plaques partout sur ses deux joues, c'était horrible à voir. Puis il me regarda, de ce regard qui m'électrocuta toute entière. Je n'osais pas le regarder dans les yeux alors j'ai baissé mes yeux, et quelle erreur ! Il me releva la tête brusquement, j'ai cru qu'il allait me briser le cou, puis il me dit :

« Viens on b**** maintenant. Tu voulais pas y'a deux ans monter chez moi, j'ai purgé ma peine, j'suis libre et j'ai envie de toi. Surtout te voir comme ça... », il s'arrêta puis regarda au ciel et fis une moue avec sa bouche.

« Ca m'excite, ça m'excite trop et je sais que t'as envie. Adam il doit pas être à la hauteur, ça jacte chez nous qu'il s'en bat de toi. Sinon pourquoi il irait voir les p**** ? »

Mes larmes se firent de plus en plus nombreuses, mes yeux devenaient rouges. Je pleurais en silence et me pinçait la lèvre inférieure comme pour ramener la douleur que je ressentais au cœur à mes lèvres.

« Mais moi j'te ferais plaisir »

Il me traina par les cheveux jusqu'à sa grosse voiture. Il avait toujours sa main dans mes cheveux et me mettais des coups de pieds pour marcher plus vite. J'étais traitée comme une chienne. Pire. Une chienne aurait été mieux traitée que moi.

Il allait me violer et personne n'était là pour me sauver des griffes de mon agresseur. Mon courage avec l'homme de la nuit précédente avait disparu. Avec Redouane je n'étais plus l'Aliya qui ne se laissait pas faire car j'avais encore trop peur de lui. Il me mit dans la banquette arrière pour que personne ne me voit, les vitres étaient teintées en noir. Je ne bougeais pas de ma place, et je pleurais sans m'arrêter. Redouane claqua la porte et alla à la place conducteur. Il roula et me lançait des regards pervers de son rétroviseur. Je restais stoïque et priait Allah pour qu'Il me délivre de ce cauchemar. Ce Redouane n'avait aucune pitié, il était froid et déterminé. S'il voulait me violer il le ferait et rien ne pouvait l'empêcher à part un miracle du Très-Haut, ce que je souhaitais au fond de moi de tout mon cœur. Voyant que je ne disais rien, Redouane osa me dire :

Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant