Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?

Partie 42

Voilà bientôt 2 mois que je vivais à Vienne dans un petit appartement. J'avais quitté ma famille, mes amies et l'homme que j'aimais éperduement encore, pour vivre avec la solitude. C'était très difficile d'autant plus que j'avais perdu mes repères mais je m'y faisais petit à petit. J'avais trouvé un job qui me plaisait comme secrétaire médicale, ça me permettait de payer le loyer et de vivre plus aisément car j'étais à présent indépendante. 

Durant ces deux mois j'ai fais la rencontre de certaines personnes qui avaient l'air sympathiques, mais un homme en particulier bien que charmant me faisait une cours assidue sans lâcher l'affaire, malgré le fait que je ne lui nourrissais aucun espoir. Il s'appelait Raheem et était libanais de père et italien de mère à ce que j'ai entendu dire. Malheureusement, il était aussi mon voisin et donc il ne me laissait pas vraiment tranquille. 

Néanmoins, il essayait de me faire rire quand j'allais mal et il m'était arrivé de temps en temps de mettre ma répulsion pour lui de côté afin de lui narrer mes problèmes. Enfin, mon principal problème, et il restait à l'écoute...

Aujourd'hui, comme les autres jours, je déprimais devant la télévision à regarder une série américaine avec un peau de glace Hägen Dazs. J'avais perdu énormément de poids car je ne mangeais plus, seulement un petit pot le soir quand il m'arrivait de repenser aux bons moments avec mon "ex", ça faisait mal de le dire mais c'était comme ça ... 

Il ne m'avait pas retenu, et à présent tout se faisait clair dans ma tête : il ne m'a jamais aimé. Comment peut-on aimer et divorcer subitement ? C'était impossible, donc, je sais que pour moi il n'y avait jamais eu d'amour au sens réciproque et ça me donnait une douleur mortelle. Il m'avait envoyé par l’intermédiaire de sa soeur les papiers du divorce que je devais signer, je l'ai fais, mais avec une pointe de regret que j'avais vite refouler. Quant à lui, il a probablement signer lorsque je lui ai renvoyé les papiers car ce n'était pas le cas lorsque j'ai vu sa case pour la signature vide.

Les images de la télévision défilaient sans vraiment que j'y prête grande attention. Une douleur me martyrisait les tempes et je me massais en faisant des ronds. J'avais cette douleur depuis quelques temps, je pense que c'était le traitement que m'avait donné le médecin. Je me suis levée et j'ai pris un cachet d'aspirine quand mon téléphone vibra.

Djamila : " Coucou Aly, je m'inquiète juste à propos d'Adam car il a disparu depuis 1 semaine de son appartement".

Mon coeur battait vite et j'avalais ma salive avec peine. Et s'il lui ait arrivé quelque chose ?

" Vous avez fait un avis de recherche ?"

Elle me répondit aussitôt :

" Non pas encore je pense pas qu'il lui ait arrivé quelque chose. D'après Samira comme elle a le double de ses clés elle m'a dit qu'il avait tout préparé. Il avait prit une valise avec lui et des affaires."

Ca m'avait rassuré du coup, mais pas tellement, car le mystère de sa destination planait.

" Kheyr inchallah"

" Amine.. C'est vrai que ces derniers jours il allait vraiment pas bien. Aliya j'crois que ce divorce accumulé au décès de nos parents ça l'a pesé énormément. T'aurais pas du partir..."

" Djamila j'ai fais ce qu'il m'avait demandé, il a demandé le divorce donc j'ai accepté. J'ai voulu être présente mais il m'a repoussé, me fait pas culpabiliser s'il te plaît."

Elle ne répondit pas. Et j'ai éteins mon téléphone. Franchement des fois on dit de ces choses qui m'énervaient directement.

Je me dirigeais vers ma chambre pour me coucher car j'étais épuisée, mais encore une fois, une sonnerie se fit entendre. Cette fois c'était celle de l'appartement. Instinctivement, je pris un couteau avec moi, me demandez pas pourquoi mais à 22h00 sonner à la porte d'une femme sans défense ça me faisait peur ... Je regardais à travers le judas et je vis que c'était Raheem. Je n'avais pas envie d'ouvrir mais il persista. Avec un soupir je reposais le couteau et je lui ouvris. 

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je peux rentrer ?, me demanda-t-il tout sourire.

Non mais il était sérieux ?

- Non dis ce que t'as à dire. Je défilais mes yeux vers lui et je voyais qu'il tenait une assiette recouverte de papier alu. Sans mon consentement il entra dans l'appartement et referma derrière lui.

- J'ai vu que tu mangeais jamais et t'as trop minci alors j'voulais te faire gouter un plat libanais...

- Eh bien pose et part, répliquai-je en croisant les bras.

Il allait répondre quand la sonnerie se fit encore entendre. Décidément ... 

J'ouvris la porte avec agacement et là mon coeur a cessé de battre. Je voyais un Adam dans l'embrasure de la porte avec des yeux rouges, une barbe d'au moins 2 semaine encadrait son visage, il avait l'air fatigué mais il gardait tout son charisme. Il me fixait sans rien dire et moi j'étais dans la plus grande des torpeurs. Il me jugea du regard puis son regard passa derrière moi et il se fit plus dur, plus menaçant. 

- On prend du bon temps à ce que je vois ...

J'assimilais pas toute suite ses paroles sèches, trop occupée à savourer le son de sa voix. 

Lorsque j'ai remarqué qu'il regardait de travers Raheem j'avais compris ... Il pensait que je sortais avec lui ...

- Non c'est pas ce que tu crois. 

- Ouais c'est ça. Toi, tu dégages, dit-il en direction de Raheem. 

Sans attendre il sortit en regardant Adam. Ils échangèrent un regard de défit puis Adam entra en claquant la porte avec empressement. Il regardait l'appartement puis en se retournant il me dit :

- C'est petit et moche.

J'haussais les bras.

- Ca me va.

Son visage se durcit et en s'approchant de moi il me demanda :

- T'es avec ?