Partie 20

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« Fais ce que tu sens »

Sa réplique résonnait dans ma tête comme un maudit refrain : Fais ce que tu sens, fais ce que tu sens … C’était tout ce qu’il avait trouvé à dire ? Fais ce que tu sens. Sans un mot de plus je passais devant lui et me dirigeais vers ma chambre. Je pris une valise et ouvrit mon armoire. J’ai mis le strict principal pour la semaine, j’enverrai Amel chercher le reste. Dans la valise s’entassaient chemise, jeans, débardeurs, pyjamas, sous-vêtements. Mes larmes brouillaient ma vision et je claquais les portes de l’armoire sans ménagement en effectuant des allers retours. 

Déçue. J’étais tout simplement déçue. Pour quelle raison ? Je pense que ma fierté a été touché par son simple : Fais ce que tu sens. J’avais eu le sentiment qu’il était un temps sois peu attaché à moi, il m’avait bien appelé avant de partir en voyage, il avait été présent lorsque j’allais mal, et il était présent également lorsque j’étais revenue d’Algérie. Mais à présent, tout devenait clair dans ma tête : il ne faisait que son devoir. Son devoir d’époux, et les sentiments n’y étaient pas de mises dans ses actes et ses attentions en ma personne. Mais pourquoi étais-je aussi profondément affectée ? Peut-être que pour moi les sentiments y jouaient un rôle …

« Tu fais quoi là ? »

Je ne l’ai même pas regardé et j’ai essuyé mes yeux de dos puis j’ai enfilé mon trench noir. J’ai pris ma valise et je me dirigeais vers la porte de sortie où il Adam se tenait les bras croisés. Il me barra la route et je ne pouvais pas sortir, j’ai levé mes yeux vers lui avec rage et je criais :

« Pousse toi ! »

Il me fixa longuement avec désarroi et me demanda :

« Tu vas où ? »

« Qu’est-ce que ça peut te faire hein ? Maintenant pousse toi je te laisse vivre. Tu m’as pas apporté une réponse satisfaisante mesures-en les conséquences. »

Il ne dit rien mais restait à me regarder. Je le regardais aussi, je me noyais dans ses yeux, rien qu’un regard et je devenais frêle. Je baissais les yeux et d’une voix basse je brisais le silence :

« Pousse toi s’il te plaît »

C’était contradictoire mais je voulais pas qu’il se pousse. J’avais envie qu’il me plaque contre le mur et me dise en murmurant : pars pas s’il te plait je serais quoi sans toi ? Mais ce n’est pas ce qu’il fit. Il dégagea le passage en se mettant de côté et me laissa passer. Je ne laissais rien démontrer de ma déception et sans un regard en arrière je mis mes talons et sortis de l’appartement. Peut-être pour toujours …

*****

Je roulais pendant 10 minutes en ne sachant pas où aller. Samira vivait avec son mari et je ne voulais pas gacher leur intimité, Aminata vivait encore avec ses parents, aller dans un Motel ce n’était pas pour une froussarde comme moi, Laura vivait avec son fiancé, il restait seulement Sevda qui vivait dans un appartement avec sa sœur Ceylan. Son père s’était remarié après la mort de sa mère et elle ne s’entendait pas sa belle-mère alors elle avait pris un appartement avec sa grande sœur une fois qu’elles furent en âge de prendre des responsabilités. Malgré le fait que je ne la connaissais pas intimement je sentais qu’elle me tendrait la main lorsque je lui narrerai ma situation. Je séchais mes larmes et me garais dans un parking, puis en je composais son numéro en tremblant. Elle décrocha au bout de la troisième sonnerie :

« Askim ! »

« Sevda ! Je suis désolée de te déranger mais j’ai besoin de toi »

Elle s’inquiéta et me demanda :

Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant