Partie 29

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« Aliya ? »

« Aliya ? »

« Eh oooh »

Ces voix me paraissaient lointaines et résonnaient dans ma tête plusieurs fois avant que petit à petit je reprenais tout doucement connaissance. Je clignais des yeux plusieurs fois avant de les ouvrir complétement et de voir que tout ma famille était autour de moi. J’inspirais profondément quand une odeur nauséabonde remonta à mes narines et je toussais. Ca m’a mis une vraie claque et ça m’a réveillé complétement. C’était une espèce de petit pot de crème que ma mère me passait sous mon nez. Une technique du bled pour réveiller une personne s’étant évanouie.

Je regardais autour de moi et je vis tout d’abord ma mère, puis mon père qui soupira quand je me suis réveillée, il y avait aussi Adam et … Samir.

Samir ?

Mais ça ne peut pas être vrai ! C’était un mirage, il n’avait fait que 3 mois en Algérie. Il ne pouvait donc pas être déjà ici !

Lorsqu’il croisa mon regard il sourit, de toutes ses dents, il était encore plus beau qu’avant. Je voulais parler mais ma gorge était sèche et moite. Aucun son ne sortit de ma bouche je voulais à boire, et vite. Amel s’approcha de moi et me tendit un verre, comme si elle lisait dans mes pensées. 

« C…Comment ça se fait ? »

Ils me regardaient tous d’un air abasourdi comme si après cet épisode j’allais avoir des séquelles. Ca m’a fait rire et j’ai esquissé un mince sourire.

« C’est simple, j’ai remboursé la moitié des dettes, ton frère a pu y contribuer Karim et ton père aussi. Donc il n’a plus rien à faire en Algérie étant donné qu’on doit plus de l’argent à Zakaria il peut revenir et à 15 ans au bled c’est chaud. », répondit Adam.

Tout au long de son récit j’étais sous le choc : il a remboursé la moitié des dettes. Adam a remboursé une somme colossale ! Je voulais lui poser des questions mais j’attendrais d’être en tête à tête avec lui. Pour l’instant, je vivais le moment présent : enfin une famille réunie et plus de problèmes. Hamdoullah Seigneur.

Je me suis levée non sans peine, et je pris appuie sur le bras d’Adam qui m’aidait à me mettre debout. Il était adorable à s’inquiéter de cette façon à croire qu’il m’ait arrivé une chose horrible. Une fois sur pieds je passais ma main sur mon visage et je sentis des gouttes d’eau, ça devait être ma mère qui m’en avait aspergée, je ressentais que maintenant que mon visage était mouillé, c’était bizarre. Je regardais leurs visages et comme j’allais mieux mon père sortit de la chambre suivi de Karim et de son bébé qu’il portait dans ses bras. Il ne restait qu’Adam ma mère Amel Samir et moi mais comme je voulais parler seuls à seuls avec ce dernier je leur ai donc demandé de sortir quelques instants et ils s’exécutèrent.

Samir referma la porte de la chambre et timidement il se retourna vers moi, le sourire aux lèvres. Nous nous sommes regardés quelques instants puis il s’avança vers moi et me pris dans ses bras. Comment vous décrire cette joie de retrouver une personne chère à vos yeux ? Cette personne avec qui vous avez partagé tant de choses, qui vous a vu dans tous vos états, qui connait pratiquement tout de vous. Qui est le sang de votre sang, la chair de votre chair, l’âme de votre âme. Qui est tout simplement : une partie de vous. Les retrouvailles étaient tellement émotionnelles que je pleurais à chaudes larmes. Il me les sécha maladroitement, un petit défaut qui n’avait pas changé, mais je m’en foutais, ça m’avait fait plaisir. Nous nous asseyâmes sur le lit et il commençait à me raconter ses anecdotes en Algérie. Comme s’il y avait habité des siècles. Chaque jour me dit-il, il se passait quelque chose. La chaleur était épouvantable, les personnes étaient chaleureuses, les conditions de vie étaient difficiles, mais la solidarité prenait le dessus sur tout. Il me racontait la magie d’entendre l’Adhan (appel à la prière) à l’aube de la journée. Les vendredis à la mosquée, ou celle-ci était comblée de fidèles. Mais il me contait également les éléments négatifs, les profits de certaines personnes sur les étrangers, les vices etc … On discutait pendant des heures et des heures. Il avait tellement mûri, il était posé et tranquille. Cela me mit du baume au cœur.

« Et alors Selwa elle ta donné ma lettre ? »

Il me regarda et leva un sourcil :

« Euh non je l’ai vu avant de venir mais elle m’a rien donné, en plus comment je l’aime pas cette fille wallah une vicieuse ! »

« Quoi ? !», demandais-je hors de moi.

« Ben non j’ai rien eu wallah ! »

Je ne dis plus rien et j’attendais qu’elle vienne en France pour que je lui fasse sa fête à celle-là. Je ne comprenais pas sa réaction mais du vice, c’est vrai qu’elle en avait, ça se sentait à des kilomètres, mais mahlich, on verra bien.

On fit fi de ce passage, et nous continuâmes à discuter. J’étais quand même dégoutée qu’il ne l’a pas lu. Ca m’a fait quelque chose, car loin de nous je savais qu’il avait besoin d’un petit contact avec nous. Mais hamdoullah, il est revenu maintenant.

« Bon venez manger maman elle vous appelle ! », cria Amel de derrière la porte.

On se croirait à l’époque. Quand je n’étais pas encore mariée et que je restais avec lui dans la chambre et c’était toujours Amel qui nous appelait… Nous nous levâmes et nous allâmes jusqu’à la cuisine. Ma mère avait allongé la table de cuisine afin qu’on puisse tous manger ensemble. Ca sentait le couscous, le thé, la viande et il faisait vraiment chaud. Tellement chaud … Samir s’installa aux côtés de Chirine, la pauvre était toute émoustillée de voir Samir à ses côtés. Karim avait son bout de choux dans ses bras et sa femme le lui prit pour lui donner le biberon. Mon père regardait le plat de couscous avec grande faim qui se lisait sur ses yeux. Ma mère souriait et déposait la viande sur le plat. Adam lui, me regardait. Il me regardait depuis longtemps et après mon analyse visuelle, c’était lui que j’analysé. Son regard était rempli … De tendresse, d’affection, d’amour … Ca m’avait ému et je me suis dirigée tout en le regardant vers la chaise inoccupée à ses côtés. Lorsque j’ai relevé mes yeux vers lui une fois installée il ne me regardait plus mais parlait avec Samir. Je griffais doucement sa cuisse et il se redressa, faisant semblant de se gratter la nuque. J’avais envie de rire de son déconcertement. Il baissa sa main et pris la mienne, puis il joua avec ma bague de fiançailles. Il l’enlevait la remettait, par intermittence il me pinçait le revers de ma main mais je me mordais les lèvres pour ne pas crier, et il rigola, en faisant comme s’il rigolait sur une blague de Karim qu’il n’avait même pas écouté. Notre jeu dura tout le temps que ma mère eut à poser le couscous devant nous. Je remis alors mes mains sur la table et il en fit de même puis je pris une cuillère afin de manger. Mais, lorsque je sentis l’odeur j’avais une envie de vomir (hechek). Je me suis levée précipitamment et je courus jusqu’à la salle de bain pour sortir ce que j’avais dans l’estomac. 

A peines quelques secondes plus tard qu’Adam se postait derrière mon dos avec ma belle sœur Selwa. 

« Ca va ? », me demanda Adam inquiet.

J’avais honte et je lui ai fait signe de s’en aller, mais il ne bougea pas.

« Non d’abord est-ce que ça va ? Tu tombes dans les pommes et tu vomis ça doit être grave wAllah demain on va chez le médecin ! »

Selwa rigola et le poussa vers la sortie.

« Allé va; elle va très bien ne t’inquiète pas. »

Il me regarda d’un air impatient et tourna les talons à contre-cœur.

Selwa se rapprocha de moi et me dit malicieusement :

« Songe à t’acheter un test de grossesse »

A ces paroles je déglutis. Un test de grossesse ? Mais c’était pas possible ! J’étais pas dans la période de fécondité quand Adam et moi …

Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant