5. Fragrance

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Ma raison avait beau me crier à cœur ouvert que je ne devais guère faire volte-face pour l’admirer, mon cœur n’en fit qu’une fois de plus qu’à sa tête. Mes émotions prirent le dessus, faisant ainsi valser mon regard dans une direction qui me semblait interdite, prohibée, qui allait de plus certainement boulverser ma vie du tout au tout en un claquement de doigts. Ce mouvement, qui ne prit en réalité qu’une poignée de centièmes éparses, me sembla absolument interminable :  je me réjouissais à un point absolument démentiel de pouvoir m’en délecter pour la première fois sans aucun remord ne le faisant ainsi pas comme un fou, comme une soldat, comme une star que je ne voulais pas être mais comme un homme normal, banal, bateau, accosté sur un banc d’arrêt de bus et découvrant ainsi une personne magnifique, intéressante et plaisante qui ne pouvait pas vous laisser, vous et votre destin, indifférents. Et lorsqu’il fut fini, ce long et délectable geste, je retrouvais une nouvelle foi cette vie m’animant depuis maintenant une dure, mais belle journée. Une journée où mon cœur, où mon esprit ne s’animaient que pour elle, personne absente me torturant au plus haut point, mais me faisant retrouver une pointe d’espoir dans un long tunnel de débauches dans lequel je vivais depuis si longtemps.

Elle était encore plus belle, ravissante, splendide, superbe, éclatante que tout ce que j’avais et aurais bien pu m’imaginer. Ses plaisantes boucles anglaises retombaient sur le haut de ses épaules, cachées ne serait-ce que par son long et magnifique manteau, mais aussi par un simple mais somptueux foulard de même teinte, qui me fit rapidement tourner la tête. En plus de marquer la beauté de ses traits fins, de ses grossières lunettes posées sur son petit nez, et la vivacité se dégageant de ses magnifiques perles brunes s’étant comme incrustées dans ce visage avec quelques formes la rendant encore plus attachante, il dégageait une odeur que je n’avais jamais sentie sur un corps autre que le sien et pourtant, ce n'était pas n'importe laquelle : c'était celle que j'avais j’avais toujours rêvé de découvrir, de savourer, de déguster : celle des petits fruits des bois, ceux qu’on ne trouve que dans des contrées éloignées, dans des lieux où jamais personne d’autres que vous ne veut mettre les pieds. Et si vous avez la chance de vous y trouver, un jour,  vous ne pouvez jamais la savourer à sa juste valeur, à la humer comme elle le mérite..

Mais là, pour la première fois, elle se glissait par le creux de narines enivrées. Cela me rendait encore bien plus fou. Je l’étais peut-être déjà, enfin, je croyais l’être, mais ce n’était rien comparé à ce que je pouvais ressentir à cet instant précis. C'est pourquoi je fus encore plus persuadé que j’avais juste en face de moi le spécimen parfait d’une femme incroyable que je devais ne serait-ce qu'essayer de marier.

Douce Etoilée // z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant