15. Le visage de la haine

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-          Zayn, qu’est-ce que c’est que cela ?

Je n’avais pas encore ouvert ne serait-ce qu’un seul œil lorsque Paul débarqua dans ma chambre d’hôtel, en trombes, comme une furie, me collant un dossier de feuilles sur la figure, laissant le plastique les entourant me refroidir toute la face, encore chaude du peu de sommeil que j’avais su trouver en cette nuit. Je ne pris pas le temps de m’étirer, chose que j’avais rêvé de faire depuis longtemps. J’attrapai directement la paperasse au vol, avant qu’elle ne tombe de mon lit, avant qu’elle ne se casse la figure, ce que je ferais si je devais me baisser pour la ramasser. Parce que Paul ne me l’aurait pas ramassée, vu l’état de colère intense dans lequel il se trouvait. Il alluma la lumière alors que je tendis les bras le plus loin possible de moi, essayant de voir malgré mes petites peaux cachant mes iris, mais aussi le flou créé par mon cerveau pas encore assez éveillé, ce que j’avais fait pour le mettre dans cette position. Et là je compris.

Etoilée. Etoilée était sur les clichés. Juste là, tout près d’une silhouette qui semblait être la mienne, lorsqu’elle n’était littéralement pas posée tout contre. J’avalais ma salive, je voyais sa tête sur mon épaule, la mienne contre la sienne, et nos visages d’enfants niais, d’enfants heureux, à qui une simple présence était le plus beau des réconforts. Je la vis entrain de siroter son café dans mes bras, avant de lire mon morceau en dehors, pour me serrer une nouvelle fois juste après avoir posé la partition. Comme si c’était un cadeau que je venais de lui faire. Et puis, je nous vis entrain de discuter longuement, nous dévorant du regard, en nous mordillant nos lèvres respectives, où en jouant avec de multiples objets du bout des doigts. Et pour finir, cette nouvelle étreinte. Et si elle me fit chaud au cœur, une fois encore, ce ne fut pas de la même manière : alors qu’elle avait su estomper mes douleurs, la première fois, désormais, elle les ravivait comme jamais.

Malgré qu’il ne se soit rien passé, tout le monde allait y voir un rendez-vous galant, tard le soir, dans un café pas trop fréquenté, là où on se serait une fois de plus contenté de notre amour, de nos regards, de nos corps, là, tout de suite, en se le montrant par divers mouvements et attentions. Et l’information avait dû tourné vite, très vite, vu le rouge dessiné sur les joues de mon garde du corps. J’étais mal placé, très mal, et même en face de lui, je ne pourrais surement pas me sauver.

A moins que.

-          Quoi ?

-          Cette fille, Zayn ! Cette fille ! Qui est-elle ? Que fait-elle dans la vie ? Mais surtout, que fait-elle ici ? s’écria l’homme dressé en face de mon lit.  

Je me redressai, poussant mes draps sur le côté, laissant mes jambes sortir de mon lit. Il comprit que je voulais me relever, pour me diriger quelque part dans l’appartement, dans le but de trouver du réconfort après ce brutal réveil. Alors, comme prévu, il me retint, me lança un regard noir, avant de me dire :

-          Tu ne pourras rien faire tant que tu ne m’auras pas expliqué qu’est-ce que c’est que pour un cirque.

-          Ce cirque, c’est une amie. Et je ne t’en dirai pas plus. Parce que je pense que cela te pénaliserait plus toi que moi, si je n’allais nulle part aujourd’hui, n’est-ce pas ?

Et c’est là que je vis pour la première fois une émotion bien particulière se graver sur les pommettes de mon ancien ami : la stupéfaction. Alors que j’étais le plus docile de tous, je venais de me rebeller alors que personne ne l’avait fait jusqu’à présent. Il fit un pas en arrière, puis un deuxième, avant de se diriger vers la porte d’entrée, me disant dans l’encadrement :

-          Tu vas devoir le payer. Même si je n’en ferais rien Zayn, tu le sais ?

-          Oui, et j’assume.

Le management allait voir, ce que cela allait créer leur fameuse menace à notre égard, finalement appliquée au leur, du « visage de la haine. »

Douce Etoilée // z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant