22. Anodin

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Lorsque j’arrivais à l’aéroport de Sydney, et que je vis ma famille sur le tarmaque m’attendre les bras croisés, devant la multitude de 4x4 allant nous amener à la salle que j’avais réservée pour la fête de la nativité, j’eus une des plus grandes peurs de ma vie. En effet, si l’avis que pourrait se forger les camarades de mon groupe ne m’avait guère importuné, celui de mes proches parents étaient par contre bien plus importants. Parce que si j’étais prêt à laisser derrière moi ma vie de star et ses aléas, plus désagréables les uns que les autres, je ne voulais pas abandonner les personnes qui avaient bâti toute la majeur partie de mon existence, que j’aimais et chérissais plus que tout au monde. Ils étaient mon tout, et avec eux, j’avais un sens, une utilité, un véritable puits d’amour et d’énergie, de force, dans lequel je pouvais puiser dès que j’en avais besoin. Et eux, ils avaient des bras, maigres, fins, cassants, dans lesquels ils pouvaient se jeter s’ils en voyaient la nécessité, sachant que j’étais toujours là pour eux, comme ils l’étaient pour moi. Comme pour Niall, je ne voulais pas qu’ils croient que je les lâchais en quittant mon quotidien de starlette insupportable : je ne quittais que les strass qui étaient censés me hisser la tête dans les nuages, mais qui me l’avaient plutôt enterrée proche des cercueils.

J’ai donc avalé ma salive en m’approchant d’eux, baissant les yeux sur mes chaussures, attendant encore une fois une affreuse sentence qui me semblait irrévocable : ils allaient surement repartir, tout de suite, maintenant, festoyer leur Noël comme ils l’entendaient en me laissant seul pour le réveillon, me faisant comprendre que je devais réfléchir avant d’agir. Les larmes montaient au coin de mes yeux déjà avant que je ne sois véritablement proche d’eux. Alors, lorsque je le fus, ce fut des véritables torrents d’eaux qui dévalaient sur mon visage, comme des chutes du Niagara incontrôlables, et incontrôlées. Mon père les remarqua, alors qu’il redressa mon visage, passant sa main au dessus pour en avoir la direction, avant qu’il ne se jette dans mes bras. Il allait surement me dire adieu avant de s’en aller, me convainquis-je, avant qu’il ne me chuchote, doucement, dans le creux de l’oreille, comme il me l’avait si rarement fait :

-          Je suis fier de toi. On est fier de toi. Tu as su voir ce qui était bon pour toi. Tu as grandi, mon fils.

Je n’avais peut-être pas le soutient du monde entier, mais j’avais le leur. C'était loin d'être banal, anodin : c’était le plus important. Je me laissais tomber dans son étreinte, et il rit devant ma réaction. Tout le reste de la tribu vint alors se coller à nous, formant un immense tissus de joie et de bonheur, remarquable par quelques gouttes de pluie sortant des nuages qu’étaient nos yeux, de quelques vents sortant de nos bouches, mais surtout par le beau tableau que nous formions. Encore plus beau qu’un Picasso.

Il ne manquait plus qu’Etoilée pour qu’il soit parfait. 

Douce Etoilée // z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant