19. Après l'ondée

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Après la bombe à retardement que je venais de lancer, je m’imaginais que les conséquences seraient bien plus importantes qu'elles ne l'ont étées. Ils auraient pu me punir encore plus sévèrement ; pu m’en demander encore plus, me tuant véritablement à petits feux ; tenter de me garder en mettant tout de leur côté pour m’amadouer et faire valser toutes mes anciennes idées ou alors me foutre dehors, comme une vilaine bête qui aurait pourri une vie toute entière. Cependant, rien de tout cela ne se produisit : quelques heures après cette scène, quelques interviews et quelques faux-semblants devant des caméras aiguisées, mon directeur vint en personne me parler dans ma chambre d’hôtel. Il ne m’a demandé qu’une chose : de garder mon départ secret jusqu’au 21 décembre. Le 21 décembre, ils posteront la vidéo dès que j’aurais quitté l’hôtel,  et je me serais enfui pour quelques temps, si possible loin de tout endroit qui pourrait être ratâché à moi. Et après quelques semaines, ils me rappelleraient, me disant que tout serait en place pour que je puisse retrouver une vie normale. J’ai accepté, sans hésiter. Il m’a souri, il a posé sa main sur mon épaule, à ce moment-là, et il me dit ce discours, sincère, qui me tira une larme :

-          Tu sais, tu vas me manquer. Tu étais celui que je préférais. Celui que je ne voulais pas voir partir. Mais en même temps, tu étais celui que la popularité ne pouvait que tuer rapidement. Je suis désolé. Mais sache que je t’ai aimé, vraiment. Et que je t’aime, encore. La porte est toujours ouvert, si tu as besoin de quoi que ce soit.

J’ai serré ses doigts, j’ai soupiré un simple « merci », et il est parti, en fermant doucement la porte derrière lui. J’ai ensuite appelé mes parents, leur annonçant que je ne pourrais passer les fêtes chez eux cette année, et que j’allais leur donner un lieu de rendez-vous, ailleurs, très loin et que je m’occuperais de tout, pour qu’ils puissent y venir. Ils ont essayé de comprendre. Et puis, ils ont abandonné, quand j’ai dit qu’ils sauront déjà trop tôt. J’ai raccroché. Et j’ai composé le numéro d’Etoilée, tremblant, comme une feuille. Lorsque sa voix a résonné, me faisant comprendre que mon manque de nouvelles n’avait pas été apprécié, je lui répondis :

-          Ca te dirait que je te l’explique autour d’un bon repas à Noël ?

-          Je le fête avec ma famille, tu sais. En Australie. Je t’avais dit que mon grand-père voulait réunir tout le monde là-bas, vu que nous sommes éparpillés dans le monde entier, même si notre souche est française. Cela ne peut pas se faire, mais après…

-          Où cela ? l’entrecoupais-je.

-          Un petit village, proche du désert.

-          Il y a une salle à louer, en plus de la tienne, et un hôtel, avec des chambres non-occupées par tes proches, dans le coin ?

-          Oui, mais…

Après avoir murmuré un simple « s’il te plait, tais-toi », et que j’aie entendu son lourd et dur silence, je lui dis :

-          Je vais t’envoyer une multitude à réserver en ton nom pour moi, vers chez toi. Je te donnerais mon numéro de carte, et je paierai tout. Je m’occuperai de tout l’administratif pour y parvenir. J’ai besoin de toi, tu comprendras.

Elle ne répondit qu’une seule phrase, me faisant largement saisir sa réponse :

-          Si je peux te rendre heureux, c’est d’accord. 

Douce Etoilée // z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant