6. Toutes les étoiles du ciel

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-          Je vois que tu n’es pas un grand causeur, me dit-elle en tapotant des doigts sur mon épaule.

Ce petit mouvement, régulier, tumultueux, fougueux, qu’elle faisait avec douceur et candeur sur mon épaule me fit trembler. Je ne pouvais l’expliquer, et je ne pourrais toujours pas le faire, mais je sentais tout de même une poussé de chair de poule sur tout mon corps, même aux endroits les plus embarrassant. J’avais envie que cela dure encore et encore, qu’elle continue jusqu’à la fin des temps à me toucher ainsi, me donnant de l’importance, me donnant une place dans un cœur qui me semblait inaccessible, me faisant littéralement voir la sortie du tunnel de malheur que j’arpentais déjà depuis des années lumières. Elle était entrain de bouleverser complètement ma vie, et même si je m’en étais douté, cela me semblait désormais évident, imminent, et encore plus important que tout ce que j’avais pu m’imaginer. Et même si je m’en réjouissais, j’attendais impatiemment le coup de couteau qui me ferait retomber encore plus bas que l’endroit où j’étais déjà avant, me tuant encore plus à petits feux.

Lorsque ses ongles griffaient par malchance ma peau lors de quelques clapotis, je recommençais à trembler comme une feuille, me maudissant moi-même. Parce qu’elle pourrait alors comprendre ma folie ambulante, mon malheur important, mais aussi cette lueur de vie qu’elle m’imposait de plus en plus au fil des secondes, des minutes qu’on passait ensemble, en vrai ou dans ma tête. Mais, lorsque j’y pensais, je me disais qu’elle  devait encore prendre cela pour des spasmes de froid, en tous cas pour le moment, surtout au moment où je la vis déboutonner son manteau devant mes yeux ébahis, me laissant entrevoir une magnifique robes à fleurs et une toute petite jaquette, alors qu’elle me posait l’objet de mes désirs sur les épaules, chose que je n’aurais jamais pu imaginer. Comme le fait qu’elle me voit, me considère, me parle, me touche, me ressente un jour.

Je croisais alors une nouvelle fois son regard, et je pus voir ses petites lèvres s’étirer dans un sourire gêné. Elle me passa alors son bras par-dessus les épaules, posant sa tête sur la plus proche. Je ne savais pas pourquoi elle le faisait, je ne savais pas pourquoi elle tenait à le faire, mais cela créait en moi une sensation de plénitude que je ne pouvais expliquer. Elle voulait peut-être le faire pour compenser mon et son manque de paroles et elles les surpassaient largement, arrivant à l’effet qu’elle escomptait : me faire du bien en me rassurant. Avoir une présence au creux de soi avait parfois un bien meilleur effet que des mots jetés dans les airs, que jamais personne ne pense vraiment, ou ne prend en considération. Elle voyait cela comme silence trop lourd et trop pesant, mais il me paraissait personnellement être le plus beau de tous ceux qui auraient pu exister à cet instant précis. Je calais alors ma tête contre la sienne, sentant son souffle chaud me caresser, et je fermais les yeux. Comme être plus joyeux qu’à ce moment précis ?

-          Dis, on peut partager mon manteau ? Je me les gèle quand même.

Mes yeux s’écarquillèrent, ce qui la fit rire. Je pense qu’elle avait compris instantanément que j’allais faire une multitude de mouvements maladroits pour qu’on se partage chacun la moitié de ce grand imperméable rouge, le passant avec beaucoup de maladresse sur nos épaules respectives. Une fois fait, elle me regarda une nouvelle fois avec candeur et douceur, et avant de reposer sa tête sur mon épaule, elle me demanda :

-          Comment t’appelles-tu ?

Je ne réfléchis même pas aux conséquences lorsque je lui répondis.

-          Zayn, et toi ?

-          Etoilée.

Et c’est là que je compris pourquoi elle brillait autant dans mon cœur : elle avait absorbé en son nom toutes les étoiles du ciel. 

Douce Etoilée // z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant