13. Septième sens

150 9 0
                                    

-          Tu me sembles bien rayonnant aujourd’hui, pour un garçon qui voulait se faire interner avant-hier, remarqua Etoilée alors que j’arrivais vers elle.

Après lui avoir rapidement tiré la langue, laissant s’envoler le sourire empli de joie habitant mon visage quelques secondes plus tôt, je vins m’asseoir à côté d’elle, à la petite table qu’elle avait réservée juste avant que je n’arrive. Un café chaud entre les mains, je la voyais claquer des dents, ce qui me fit doucement rire : décidément, si elle avait le don de réchauffer mon corps en son intégralité, par un simple regard, elle n’avait pas ce pouvoir sur elle-même. Alors qu’elle grelotait de froid, je pus enlever mon par-dessus et le mettre sur le dossier de ma chaise. Ensuite, après une courte hésitation, je passai mon bras sur son épaule pour lui apporter un peu de luminosité corporelle, et je constatai que cela ne la gênait pas comme attendu : en effet, elle se blottit immédiatement contre moi, commençant à siroter sa boisson du bord des lèvres. Il y eut un silence d’une poignée de secondes qui s’installa entre nous, mais une fois de plus, ce fut un de ceux qui m’apportèrent douceur, bonheur, joie, et allégresse. Il me permettait, de surcroit, de mieux sentir ses simples mais délicieux mouvements dans le creux de mon cou, créant sur toute la surface de ma peau de la chair de poule qui me fit le plus grand bien : oui, j’étais vivant, et avec elle.

Alors, j’osai prendre la parole :

-          J’aimerais te montrer ce que j’ai écrit cette nuit.

Elle sortit dans mon étreinte et me regarda ensuite avec un regard ahuri. Même si j’eus de la peine à la comprendre, encore plus lorsqu’elle arqua ses sourcils, je cherchai dans la poche de mon manteau, la poussant légèrement par la même occasion, cette feuille sur lequel j’avais griffonné des paroles à cette même période la veille. Je la sortis doucement, comme si c’était une œuvre de grande valeur : peut-être qu’aux yeux des autres, comme aux ceux des siens, elle n’en aurait aucune, cette chanson, mais pour moi, elle en avait : c’était la première que j’avais écrit depuis des mois. Je la vis sourire au soin que je lui accordais, et après l’avoir zieuté une dernière fois, je la lui donnai. Elle ne prit même pas une seconde pour l’ouvrir et commencer à la lire, en s’extasiant de la situation comme une enfant à qui l’on aurait offert le plus beau cadeau du monde. Et puis, lorsqu’elle termina sa lecture assidue, m’ayant laissé dans le plus grand des doutes un long moment durant, elle me sourit comme elle ne l’avait jamais auparavant, me murmurant :

-          Tu es un poète, Zayn. Un véritable artiste. Ceci explique cela.

Elle se jeta dans mes bras. 

Douce Etoilée // z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant