20. L'heure bleue

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Six heures du matin. Même si mon réveil hurlait la mort dans mon entre durant ma longue période de travail londonienne, je n’en eus pas besoin pour m’éveiller : je n’avais pas dormi de la nuit. Ne serait-ce qu’une minute aurait été agréable, mais elle n’exista pas : je stressais. Je stressais à l’idée de m’en aller, de partir, sans rien dire à personne, juste avant de le faire, à part à mon management qui avait même caché cela aux autres membres du groupe, ne voulant les alarmer et faire baisser leur rentabilité. Ma famille et celle d’Etoilée avait déjà pris l’avion, ce que je m’apprêtais à faire. Ils ne savaient pas ce que cela signifiait, mais je ne l’ignorais pas moi. La boule s’étant créée dans mon ventre le jour où mon retour à la vie normale avait été décidé s’était renforcé durant les heures s’écoulant depuis que j’avais éteint la lumière de ma petite chambre d’hôtel. Et maintenant, il était temps de partir, ma valise et mes affaires étant déjà prête, et mon corps déjà lavé, relavé, durant cette longue et tumultueuse soirée où seul les douches froides avaient su me réconforter.

C’était le jour J ; le moment M ; l’instant T. Et même si j’avais peur, peur de ce que j’étais et que j’allais faire, des conséquences, des répercutions, je commençais à sentir une sensation que je n’avais pas retrouvée depuis longtemps : celle d’être libre. Enfin, libre. A y penser, je fus empli de joie, je souris, je ris. Un peu, mais tout de même. Et je compris que j’avais pris la bonne décision. Celle qui allait me faire prendre le tournant que j’avais toujours dû prendre, me faire prendre cette direction qui n’attendait que moi : c’était maintenant, maintenant ou jamais, et je ne voulais pas avoir le « jamais » en pleine figure toute ma vie. J’étais prêt.

Il était temps pour moi d’accomplir ce pour quoi j’étais sur cette planète : aider les autres, comme Etoilée avait réussi à m’aider. Dirais-je même, à me sauver. Je n’étais pas fait pour être populaire, aimé, avec une voix d’ange et des notes de folie : j’étais simplement fait pour transmettre l’amour que j’avais enfoui en moi, pour que les autres en aient un peu plus, et s’en sortent. « Parce que lorsqu’on a un but, une envie, dans la vie, on va beaucoup plus loin que lorsque l’on se torture, se morfond, dans un vide qui n’est pas notre. Et toutes existences se doit d’être votre. » expliquai-je plus tard à ceux qui demandèrent les raisons de mon départ. 

Douce Etoilée // z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant