Le lendemain matin, même heure, même météo, j’étais planté sur ce lieu qui a radicalement bouleversé le cours habituel, monotone et triste de mes émotions. Je ne pouvais m’empêcher de jeter des coups d’œil furtifs sur ma montre, que j’ai accrochée à mon poignet quelques minutes plus tôt, les doigts tremblants, déjà complètement travaillé par ce retour aux sources, à la source même, celle de mon bonheur. Et alors que mes doigts se refermaient sur la boucle qui devait accrocher ma montre à mon bras, j’avais avalé ma salive en me regardant dans le miroir de ma salle de bain, épris d’une lueur de raison dans le nuage de folie qu’était devenu mon esprit : je devais avoir l’air d’un psychopathe. Non, je ne devais pas seulement en avoir l’air, je l’étais. J’étais comme un homme traquant sa proie, même si aucun mal ne se trouvait en fin de course. J’étais comme un terroriste courant à sa fin imminente, à son générique de fin, souhaitant plus que tout retrouver une lueur d’espoir dans une situation perdue d’avance. J’étais comme un pyromane, qui aux dépends de vouloir faire bruler une maison pour y voir une lueur d’espoir, faisant brûler son cœur de toutes parts, amenant tout autant d’énergie que de perte. Je me consumais avec plaisir, mais bientôt, il n’y aurait surement plus que mes cendres me précédant qui pourront témoigner de ces seuls moments de joie passés. Mais malgré ma raison attaquant ma cage thoracique en permanence, j’étais quand même sorti de chez moi. Et si les larmes ne mouillaient plus mon visage, la pluie était désormais accompagnée des gouttes de transpiration ruisselant depuis la base de mes cheveux.
J’avais chaud, très chaud, alors que j’avais les yeux rivés sur mes chaussures, sur lesquels tombaient au fil des secondes, au fil des minutes, une quantité incroyable de gouttes de pluie, me rappelant une nouvelle fois à la réflexion : même le destin était contre moi, et mes idées saugrenues. Mes idées saugrenues dont celle d’un nous qui pourrait naître de cette idylle imprévue déguisée dans une flaque d’eau, mais surtout dans ce manteau rouge qui me faisait tourner la tête, autant que lorsque j’ai fumé ma première bouffée de cigarettes. Mais la résonnance dans mes tempes me criait d’y croire encore et j’avais toujours beau eu être le plus grand des pessimistes, un poil suicidaire dans l’âme, voyant toujours la douce mélancolie d’une monotonie sans répit, je devenais le plus incroyable des optimistes, croyant au meilleur alors que tout me riait au nez.
Et alors que je voyais au loin l’arrêt de bus, relevant les yeux pour être sur que je ne m’étais pas trompé d’endroit, je souris en obligeant mes yeux regarder une nouvelle fois le sol mouillé : et bien, que le destin me montre ses plus belles dents, et me laisse entendre le carillon sortant de la commissure de ses lèvres : s’il fallait le braver pour continuer à me sentir vivant, et bien, je ferais tout pour le battre et le dépasser, sans qu’il n’arrive jamais à me rattraper.
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Douce Etoilée // z.m
Fiksi Penggemar"C'est déjà assez dur d'essayer de vivre ta vie, mais ne pas suivre tes rêves te fait mourir de l'intérieur." "Si lui est tombé amoureux de son manteau rouge, de ses hauts talons noirs, de sa petite taille, de ses formes, de son odeur, de son franc...