Chapitre 15

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« Tout l'art de la guerre est basé sur la duperie. C'est pourquoi, lorsque vous êtes capable, feignez l'incapacité ; actif, la passivité. Proche, faites croire que vous êtes loin, et loin, que vous êtes proche. Appâtez l'ennemi pour le prendre au piège ; simulez le désordre et frappez-le. »

Sun Tzu

Comme promis, la texture était visqueuse, presque pâteuse. Un flan raté en quelque sorte. Et rien que de l'observer, l'imaginer dans ma bouche me donnait envie de filer droit aux toilettes pour vomir toutes les délicieuses pâtisseries que j'avais mangées depuis mon arrivée chez Hunter. Hors de question que cela arrive. Gâcher toute cette nourriture aurait été un crime.

Pourtant le regard d'Hunter se faisait insistant. Je n'avais pas vraiment le choix apparemment. Et puis d'un côté, j'étais assez curieuse de connaitre ma véritable apparence.

Ouvrant la fiole, je laissai l'odeur venir jusqu'à mes narines. Contre toute attente, elle n'était pas aussi affreuse que je l'aurai supposée. C'était même le contraire, le parfum de la rose apparaissant plus fort que le reste. Une esquisse rassurée se traça sur le coin de mes lèvres. Si l'odeur était bonne, généralement cela était bon signe quant au goût du contenu. N'est-ce pas ? Alors je levai la fiole vers Hunter.

— À la mienne, déclarai-je avant d'avaler cul sec.

Je retirais ce que j'avais dit. C'était la pire des choses que j'avais jamais ingurgitées. Et des choses dégueu', j'en avais avalé beaucoup dans ma vie. Le goût restait dans la gorge, se coinçant comme des glaires dont on ne parvenait pas à se débarrasser durant un rhume bien agaçant, venant titiller la glotte afin d'appuyer un désir montant de vraiment courir jusqu'aux toilettes pour régurgiter cette matière visqueuse, semblable à la sensation d'une pâte à prout dans les mains. Rien que d'y penser, additionné avec la sensation qui ne partait pas, j'avais vraiment envie de vomir.

Quand allais-je me sentir mieux et moins malade ?

« Ah, ça arrive », compris-je en le sentant monter en moi.

La douleur. Comme un millier d'aiguilles dans l'estomac, tout me transperça de l'intérieur, faisant remonter ce mal le long de mon œsophage, dans ma gorge. Ma bouche s'ouvrit, laissant sortir l'origine de la souffrance sans la faire disparaitre elle. Hunter blêmit en voyant ce qui s'échappait.

De longues pattes velues sortaient une à une, s'aidant de mes lèvres comme appui pour laisser la tête apparaitre. Chacun des poils se sentait sur les coins de ma bouche, sur ma langue. Ma propre salive me dégoûtait alors que l'araignée se dépatouillait dedans afin de s'éjecter hors de moi. À la vue de la mygale projetée au sol, je me levai précipitamment pour me débattre dans tous les sens avant de sauter sur le loup-garou, prenant bien soin de ne plus avoir le moindre contact avec le sol que je fixais de mes yeux effrayés, prenant tout de même le temps de frotter mes lèvres sur le vêtement d'Hunter, ayant encore cette sensation désagréable d'un monstre velu à huit pattes sortant de moi.

— Les araignées ne sont-elles pas censées être ton familier ?

— Et alors ? Une veuve noire, visuellement c'est moins effrayant qu'une putain de mygale poilue ! Merde, elle s'approche ! Hunter, fais quelque chose !

Lorsque je lui demandais de « faire quelque chose », je me serai attendue à ce qu'il jette un objet sur l'araignée ou encore qu'il appelle ses chiens. À quelques détails près, ce fut ce qui se passa.

À quelques détails près.

Son bras s'enroula autour de ma taille, forçant mon corps à se coller au sien. J'aurais pu m'agacer. Mais dans l'immédiat, j'avais besoin d'Hunter.

Ting Ting, Witching ; Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant