Chapitre 18 - 2/2

3.3K 424 139
                                    


Dans sa vie, une sorcière ne se contentait pas de remplir son identité et de faire des tours de passe-passe. Elle se fabriquait une baguette qui l'aiderait à contrôler sa magie, mais surtout à tracer ses sortilèges tant dans l'air qu'au sol, sur les objets ou les êtres vivants. Avec une pierre précieuse à l'extrémité et des artifices en bonus pour faire jolie – ou catalyser son énergie, aucune idée – elle serait l'outil essentiel pour sa sorcière.

Puis viendrait la fabrication de sa dague, le vol en balais, l'utilisation du chapeau, le dressage de son animal familier et j'en passais des meilleurs. Franchement, pourquoi une école de sorciers n'existait pas ? Cela aurait été bien plus pratique puisque ma grand-mère m'avait juste donné des livres pour apprendre et que la seule à vraiment tenter de m'enseigner quelque chose était Ruth, sorcière solitaire ayant épousé un chasseur.

Pour la baguette, c'était encore en cours de création. Le bois avait été taillé et sculpté, il ne manquait plus que la pierre, la décoration et l'imprégnation de ma magie à l'intérieur.

Nous avions décidé de passer à autre chose, comprenant que sa fabrication me demanderait encore du temps, Ruth n'ayant pas le droit de m'aider, ni personne d'autre pour éviter qu'une autre empreinte ne s'y pose. Alors à la place, nous avions fait une chose bien plus amusante, quoique dangereuse et douloureuse : le vol en balais. Les sorcières volaient vraiment sur des balais magiques, ce n'était pas qu'un cliché ! Puis était venu le moment de se préparer pour la fête.

Nous y avions passé du temps.

Ma grand-mère avait tenté de me joindre plusieurs fois sur mon portable, tout comme Strix. Je n'avais jamais répondu. Imaginant leur colère, je balayais l'image d'un geste de la main. Le 1er mai était important et elles devaient vraiment être angoissées, sachant pertinemment que j'allais venir à la soirée, mais que mon habitude à ne me soucier de rien pourrait faire des désastres.

Ruth me tendit un mouchoir.

— Nous allons bientôt partir alors, essuie-toi.

La sorcière m'avait offert plusieurs sucreries pour me requinquer puisqu'aujourd'hui le sucre était mon médicament obligatoire de tous les jours.

Vêtue d'une longue robe verte et élégante, Ruth était magnifique. Elle s'était contentée de coiffer ses boucles rousses pour les laisser onduler naturellement sur ses épaules. Quant à moi, tout tournait autour de la beauté d'une couleur sublime. Longue robe sirène violette, les bottes à talon ne se verraient pas sous la jupe de cette robe ressemblant à celle de Maléfique. Mais sans les manches. Ou plutôt à celle de Morticia Addams.

Penser à elle me donnait envie de couper des roses.

Après avoir lavé mes mains, je m'emparai des gants proposés par Ruth.

— Nous sommes partis ?

Oscar apparut dans le salon et, en nous voyant, il sourit en s'appuyant contre l'encadré de la porte.

— Darling, tu es magnifique.

— Oh, Sweety.

Elle alla droit dans ses bras, pour se laisser enlacer et embrasser avec une passion ennuyante. J'étais seule, et ça m'allait. Phrase qui paraissait typique des célibataires. Mais dans mon cas, c'était vrai.

Dans une petite valse improvisée entre un chasseur et une sorcière, les deux étaient la preuve que les couples interdits n'existaient pas. Si l'on se donnait les moyens, tout était possible. Enfin presque.

Elle finit par s'en détacher, et nous sortions dehors, chapeaux sur nos têtes.

— N'oubliez pas de disparaitre, mesdemoiselles, nous conseilla Oscar avant de fermer la porte.

Ting Ting, Witching ; Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant