Chapitre 29

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« Les gens sont tellement habitués à leur monde et aux rôles de leur entourage qu'ils en sont devenus insensibles. Si je ne te soutiens plus, ce n'est pas parce que je suis égoïste, mais surement parce que je suis tombée. Si je ne t'obéis plus, ce n'est pas parce que je ne te respecte plus, mais parce que je n'ai jamais été à tes ordres. Si je ne te parle plus, ce n'est pas parce que je suis en colère contre toi, mais surement parce que parler n'a jamais servi à rien. En ce monde, chacun a ses fardeaux. Ne me jette pas la première pierre si je ne suis plus capable d'être ton porteur. Même un pilier peut s'effondrer. »

Moi (paroles de Strix)


Les lendemains de soirée, je connaissais. Mais cela faisait bien longtemps que je ne m'étais réveillée avec une gueule de bois monumentale. Des éléphants marchaient sur ma tête, la tambourinant sans pitié.

Ma main se posa contre ma tempe, comme si cela pouvait arrêter cette pression et ces maudites douleurs. Si ce geste en avait été capable, je connaissais pas mal de personnes qui auraient picolé plus souvent et la médecine serait remise en question.

Bon, première étape lorsque l'on avait un peu abusé sur l'alcool la veille : rassembler ses souvenirs en espérant ne pas s'être ridiculisée de trop. Je me souvenais avoir suivi Thérésa et Oanelle dans la ville jusqu'à arriver dans le quartier français qui s'était vite avéré être un lieu fréquenté surtout par une population de monstres. Finalement, nous étions entrées dans un bar au titre assez amusant lorsque l'on comprenait le français. Le bar « Satan l'habite ». Nous avions bien ri.

Thérésa connaissait le propriétaire et les employés, ainsi que quelques clients. L'établissement n'avait rien à voir avec les bars miteux que l'on pouvait voir habituellement. Sans pour autant tomber dans le luxe, il était presque familial. Presque, parce qu'à partir d'une certaine heure il n'était pas rare que les choses dérapent. Étrangement, personne ne s'en plaignait. Il fallait croire que le monde surnaturel aimait la bagarre. À moins que ma nature de sorcière ait démoralisé les troupes.

Finalement, après quelques verres, j'avais commencé à pleurer ma mère, puis je l'avais insultée avant de rire de sa mort. Ensuite, j'avais joué à « Devine quelle créature il est ». Je gagnais à chaque fois. Et là, tout avait commencé à déraper.

Un petit groupe de femmes s'étaient approchées, m'avaient draguée et je m'étais laissée tenter. Je les avais embrassées, presque comme si ma vie en dépendait. Je me souvenais avoir lu quelque part que les succubes, et les créatures se nourrissant d'énergie sexuelle pouvaient faire facilement tourner la tête. Enfin, j'avais aussi roulé des pelles à des gars qui n'étaient pas du tout de ce genre d'espèce. En gros, bourrée je devenais une libertine. Et la prochaine étape devenait complètement débile.

J'avais commencé à jouer les scientifiques fous et faire des hypothèses à tout va, du genre « Est-ce qu'un vampire sans croc peut se nourrir de sang ? » ou encore « Est-ce que les cheveux d'une gorgone possèdent une vie ? ». Résultat, j'avais tenté de couper les cheveux-serpents d'une gorgone, une erreur empêchée par Oanelle. Puis, frustrée, je m'étais rabattue sur un vampire pour tenter de lui arracher les dents. Mon comportement de sorcière cueilleuse ne plut pas des masses et je me suis battue contre deux trois autres créatures qui m'ont ensuite payé à boire. Apparemment, se battre était une forme de socialisation et j'avais vite été acceptée. J'avais dansé, j'avais dégueulé aussi. Et j'avais de nouveau bu, frôlant de peu le coma éthylique à mon avis.

— Et après, j'ai oublié...

Je me souvenais vaguement avoir été tripotée par un mec surement aussi torché que je l'étais. Puis trou noir. Ma mémoire n'existait plus.

Ting Ting, Witching ; Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant