Chapitre 32

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« Il se réveilla au milieu d'un champ, parmi le sang et les cadavres. Et dans ce paysage de la guerre, une chose lui donna le courage de se lever. Une fleur, seule survivante. Il aurait voulu la cueillir, mais qui était-il pour arracher cette vie qui lui remontait ainsi le moral ? Le coquelicot prenait la douleur des morts aux combats et emportait leurs âmes perdues vers un monde de paix. Il les protègerait à jamais. »

Moi (paroles de La Prescience)


La brume épaisse envahissait les environs plongés dans des ténèbres sans pénombre. Ma main voulut chasser ce flou, mon esprit persuadé qu'il cachait une vérité importante. J'aurais tant voulu voir, savoir.

— Dès que je ferme les yeux, je ne vois que son image.

À qui donc appartenait cette voix ? On me susurrait à l'oreille des mots, du charabia. Une glossolalie terrifiante à la manière de démon venu te parler en pleine paralysie du sommeil. Rien ne m'aurait réveillé de ce cauchemar-ci. Et lorsque des sanglots se mêlèrent à ces murmures, je me pétrifiai sur place en priant qu'aucun fantôme effrayant ne se trouvait dans mon dos.

Je me tournai lentement. Une femme encapuchonnée pleurait, son visage caché par l'ombre portée de sa capuche. Sa main, sans empressement, se leva vers moi. Soudain, en une fraction de seconde, elle disparut pour reparaitre derrière moi, les mains posées sur mes épaules et la bouche proche de mon oreille.

L'avenir n'est qu'un passé à venir. Il n'est de désespoir que le présent et lorsque tu pleureras il ne trouvera de l'espoir que dans la mort.

J'ouvris en grand les yeux, me réveillant en sursaut. La respiration saccadée et les mains tremblantes, il me fallut quelques instants avant de comprendre que je me trouvais dans ma maison, dans mon lit. Super lit double aux draps humidifiés par ma transpiration.

— Un cauchemar ?

Ah, et il y avait ça aussi. Hunter, dans mon lit. Je n'osais même pas repousser les draps pour me lever. Hunter était venu en loup jusqu'ici, il ne possédait donc aucun vêtement. Et hier...

— Je ne l'avais encore jamais fait dehors, pensai-je songeuse en repensant à ces instants dans les bois.

Hunter eut un sourire. Son bras s'enroula autour de moi, m'attirant à lui. Ses doigts passèrent dans mes cheveux, les démêlant avec soin. Ses lèvres se rapprochaient dangereusement, mais ma main l'arrêta. Il eut l'air surpris, jusqu'à ce que je pose moi-même ma bouche contre la sienne.

— Pour un loup-garou, la Pleine Lune est rarement une partie de plaisir. Jusqu'à cette nuit, m'avoua-t-il avec un petit sourire en coin.

Il se pencha de nouveau vers moi. Et au lieu de le laisser m'embrasser, m'enlacer, je le repoussai d'un coussin pour pouvoir me lever de mon lit.

— Non le romantique, j'ai des choses à faire.

— Tu as fini tes études, obtenu ton diplôme, ta mère est morte et le Convent ne veut plus te tuer. Qu'est-ce que tu as à faire ?

— Déjà je reviens du tribunal où j'ai été avec mon Mage, et je suis passée à ça de la peine de mort, lui confiai-je en montrant deux doigts pour illustrer la chance que j'avais eue de m'en sortir.

Il n'en fallut pas davantage pour pousser Hunter à sortir du lit.

— Par « Mage », tu parles de Jalil Katz ?

— Qui d'autre pourrait être mon Mage ? Et pitié, enroule-toi dans un drap au moins.

— Oh, pardon.

Ting Ting, Witching ; Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant