Chapitre 13 - 2/2

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Que Strix me demande de me méfier de Bakoly ne m'étonnait pas. Après avoir vu sa véritable apparence, entendu ces cris infernaux, je me doutais qu'elle n'avait rien de la gentille femme avec un beau sourire.

— Que sais-tu sur Bakoly ?

— Elle est malgache et sa divinité n'est pas une divinité, ce qui est assez rare puisqu'en principe les sorciers ne peuvent se lier qu'à des dieux de la liste. Or, Bakoly est liée à des Loas.

— Strix, rappelle-toi que je ne connais rien du monde des sorciers.

— Ah oui, désolé. Il existe une liste de divinités pour les sorciers. Les Loas sont des esprits qu'il nous arrive d'appeler pour certains rituels. Mais Bakoly est liée aux Guédés, qui ne font pas partie de la liste. Et pour l'inculte que tu es, il s'agit d'une famille de Loas liée à la mort.

— Je ne suis pas aussi inculte. Il y a genre Baron Kriminel, Baron Samedi, Mama Brigitte et d'autres trucs comme ça.

— Pas des « trucs », Hell. Des Loas.

— Ou Iwa, intervint une autre personne.

Bakoly se dressait devant nous avec son grand sourire, une main sur les hanches. Depuis quand nous écoutait-elle exactement ?

— Hella, je vais m'occuper de toi maintenant.

Et elle me présenta un jeu de cartes. Un soupir ennuyé m'échappa et contre toute attente, Bakoly se mit à rire.

— Ne t'en fais pas, moi aussi j'étais ennuyée par tous ces trucs. Il m'a fallu presque deux mois avant d'être choisie par une divinité, ce qui a provoqué pas mal de problèmes autour de moi. Les dieux se disputaient tant pour m'avoir que le Convent commençait déjà à débattre pour poser une date quant à mon exécution. Et concernant les cartes, disons que mon identité s'est finalisée cette année.

Tout en me parlant de son passé, la sorcière mélangeait les cartes, ce qui me surprenait.

— Je pensais qu'il ne fallait pas mélanger.

— Oh, non en effet, il ne faut pas. Mais je le fais pour embrouiller mon esprit.

Elle se mit à genoux, s'asseyant à même le sol pour étaler les cartes.

— Viens, m'appela-t-elle.

Je la rejoignis. Mais entourée ainsi par les membres du Convent, par Strix et ma grand-mère, je me sentais presque oppressée. Je disais bien « presque », parce que ce n'était pas vraiment le sentiment qui m'envahissait.

— Stop ! m'arrêta Bakoly alors que je m'apprêtais à prendre une carte. Prends toutes les cartes.

— Comment !? intervint Arnaud. Mais Bakoly, entre le fait de mélanger et maintenant de...

Bakoly posa son regard sur Arnaud qui blêmit et recula d'un pas. Puis elle me sourit de nouveau.

— Fais donc, Hella.

Alors, rassemblant toutes les cartes dans ma main, je me contentai de faire un petit tas. Mes doigts autour des cartes semblaient toutes les sentir, une à une. Ils semblaient chercher quelque chose, bien que je ne faisais que les dresser en un joli tas.

Mais mon esprit, surpris et emporté par cette sensation qui me démangeait, ne s'attarda pas sur mon côté méticuleux et maniaque qui voulait voir le paquet de cartes droit dans chacun de ses côtés.

— Qu'est-ce que... ?

Il me fallut cligner plusieurs fois des yeux, secouer ma tête comme pour me réveiller. Le résultat était pourtant le même. Alors je levais la tête vers Bakoly qui continuait de sourire.

Ting Ting, Witching ; Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant