Chapitre 8

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« Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur. »

Winston Churchill


La maison était belle, bien loin des clichés tournant autour de la sorcellerie. Un ameublement moderne, un éclairage simple, tout était fait pour que la normalité soit en rivalité avec une pointe d'élégance due à une féminité très peu dissimulée. Cela me donnait l'impression par moment que la maison avait été construite et aménagée lors d'un combat entre un homme et une femme.

L'utile y avait sa place, bien évidemment, mais les décorations, brillantes, semblaient chères et bien moins nécessaires. Le luxe face au rustique.

Non vraiment, bien que la maison ait été d'une banalité incontestée, les paradoxes subtils avaient pris leur place ici.

Oanelle ne m'avait pas accompagné, et je ne lui en voulais absolument pas. Loin de là. Elle avait préféré retourner auprès de sa meute dans l'espoir de les distraire pour me laisser le temps de fuir avec la sorcière Ruth Durand. Finalement, nous étions parvenues à sortir de la forêt pour nous diriger vers un village non loin. La sorcière m'avait emmené jusque chez elle.

Assise sur un canapé au confort divin, je la vis revenir avec un service à thé. Je n'attendis pas plus longtemps.

— Madame Durand, vous avez déclaré avoir été envoyée par ma mère. Ma mère est morte.

— Oui, la pauvre. C'est une telle tragédie. Elle était la meilleure sorcière que je connaissais, capable de réaliser des sortilèges et de maléfices qui ne sont pas à la portée de tous.

Tout en me servant une tasse, que je pris sans pour autant en avoir envie, elle s'installa sur un fauteuil non loin, toujours munie de ce sourire bien mystérieux, mais aussi d'un regard faussement compatissant pour ma défunte mère.

— Si vous étiez une amie de ma mère...

— Je ne suis pas une amie de ta mère. J'ai seulement déclaré qu'elle m'avait envoyée.

— Alors qui êtes-vous ?

Elle but une gorgée, remuant la cuillère dans sa tasse de porcelaine. Mais le silence ne semblait pas prêt à s'en aller.

— Un biscuit peut-être ? Ils contiennent beaucoup de sucre.

— La dernière fois qu'un inconnu m'a offert quelque chose de sucré, je suis devenue une sorcière. Si je prends ces gâteaux, qui me dit que ce ne sera pas pire ?

Alors la sorcière s'empara d'un biscuit, croquant à pleine dent. D'un haussement d'épaules, je suivis le mouvement et en pris un aussi.

Une abeille s'approcha, se posant sur la femme dont je ne savais toujours rien.

Je pris ma première gorgée de thé. C'était... parfumé. Une odeur agréable qui me fit sourire. J'avais l'impression que tous mes muscles se détendaient. Et lorsque ma tasse m'échappa des mains pour se briser en mille morceaux au sol, je me contentai d'un « Oups » pour toute excuse, continuant de sourire stupidement à la sorcière. Elle continuait de remuer sa cuillère.

— Je... Je crois que...

Je clignai des yeux, le battement de mes cils devenant lent. Très lent. Trop lent.

Et mon sourire demeurait bien présent. Rien d'étonnant au vu de ce qu'il m'arrivait. Et je me mis à rire.

— Vous m'avez droguée.

Ting Ting, Witching ; Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant