A quelques pâtés de maisons, à environ dix minutes de marche, nous arrivions devant une baraque, laquelle à cette période du mois etait souvent vide. C'était la puyol d'un vieux notaire, un ancien respecté, l'oncle de Zeyna...
Ah, oui... Vous vous dites, qui peut bien être cette Zeyna, je ne manquerai de vous parler d'elle. Alors je continue mon histoire.
Je la déposais à pied le sol d'un profond ouf de soulagement...
Didon, t'es pas légère toi, m'exclamais-je.
Elle s'efforça de comprimer un sourire.Je sortis une épingle de mon portemonnaie, je déverrouillais la porte et l'aidais à entrer. Je l'asseyais sur un canapé et la première chose qu'elle m'ait dite fut « Merci ! »
Sa voix était d'un ton guttural et ce mot qui en découlait était d'un accent si simple et d’un si frais intensité d'expression, qu'il me semblait que je l'entendais pour la première fois.
Un petit "merci" qui semblait futiles et fané avait l'air de refleurir sur ses lèvres ; et quand elle ouvrait la bouche, jetant son haleine fraîche dans l'effervescence de ce soir baignée d'une lueur boréale, il s'abattit encore sur toute ma personne un coup de vent affectueux.Je me contentais de sourire pour répondre, car je vis qu'elle n’arrêtait pas de jeter des regards inquiets partout.
Alors, elle finit par poser la question qui la tracassait:
Elle est à qui cette maison?•Elle est à nous deux pour ce soir. Demain, elle redeviendra à son propriétaire...
•Nous ne pouvons pas rester là longtemps et à plus forte raison y passer la nuit.
•Je comprends ton inquiétude. Mais si tu te penches là, juste sous le balcon, tu pourrais voir que les flics ont campé au bout de la ruelle. Et tu connais ce qui t'attend s'ils te mettent la main dessus.
•Mais si le proprio nous trouve ici, on pourrait s'attendre à pire, non ?
•Voilà, la vérité c’est que j’ai une ex copine, Zeyna, qui habite pas loin d’ici, juste derrière. Elle dit que ce villa est à son oncle, un vieux notaire qui habite je ne sais où, et qui vient ici quelquefois passer le week-end avec des maîtresses.
•Tu fais exprès ou tu ne vois pas que c'est Samedi aujourd'hui?
•Alors il ne nous reste qu'à croiser les doigts et prier que personne ne se pointe.
Elle eut l'air plus embarrassée, elle devenait tout d'un coup anxieuse et fit des yeux étonnants en écarquillant les sourcils. Et à chaque fois que je plongeais dans l'immense océan de son regard, que je me perdais aux larges de ses yeux, j'éprouvais depuis le fin fond de mes entrailles un sorte d'émerveillement et d'éblouissement recommencé.
Ses yeux tourmentées et sa tête étourdie m'émurent a un point inconvenable, alors qu'elle enchaînait avec ses questions:
Dis-moi, ce que t'as fait là, tout à l'heure avec la serrure de la porte...est ce que?Et je la coupais net:
Est-ce que je suis un vagabond, est ce que je suis un voleur ou est-ce que je suis un cambrioleur ?•Bas, y'a de quoi s'inquiéter non? Je croyais que ça existait seulement dans les téléfilms.
•Heureusement pour toi que je ne suis ni vagabond, ni voleur. Mais cambrioleur, j'aurai été heureux de l'être peut-être. Parce qu'au moins je pourrais me faire le plaisir de cambrioler ton cœur.
Elle me fit de nouveau son doux rire... Et ça brisait un peu la glace, dissipait son anxiété. Elle devenait de nouveau plus relaxe, détendue. Elle reprit d'un accent enjolivée:
On ne peut plus parler cinq minutes avec un mec sans que ça ne bascule en des tentatives de drague.Je comprimais à mon tour un sourire, et posant ma main sur son épaule je chuchotais à son oreille :
C’est vrai, au tout premier battement de cil où j’ai posé l’œil sur toi, tu m’as fait éprouver des sensations, des émotions qui sont profondes et qui peut-être, et je dis bien peut-être, resteront longtemps encrées en mon dedans. Et tout cela me perturbe, ton charme me perturbe et m’empêche évidemment de rester léger et plein d’esprit. Alors, tentative de drague ou pas, ton corps est fabuleux et me fait rêver. Mais un homme sensé ne choisit jamais la lueur éphémère d’une chandelle, lorsque le soleil promet de briller éternellement...Amusée et flattée, elle m’écoutait l’air de ne croire aucun mot dans mes propos.
Mais pour ne pas pousser plus loin la conversation, j’achevais en allant chercher la boîte à pharmacie:
Enlève ton pantalon, j'arrive !•Comment ça enlever mon pantalon ?
•Hey, t'enflammes pas poupée...je vais juste soigner ta blessure.
•Hum, pourquoi j'ai l'impression que ce n’est pas la première fois que tu viens ici?
•Je n'ai jamais dit que c'était ma première fois. Ne m’insulte pas de menteur. M’écriais-je de l'autre bout de la baraque.
Quand je revins, elle avait ôté son pantalon. Et rien de plus étonnant que ce tableau : cette belle femme mi nue et mi vêtue, dans son boxeur rosâtre, assise sur ce vieux divan en cuire noire, la jambe tendue sur un mini tabouret, les bras écartés et pendants sur le canapé, montrant le dos au balcon, d'où jaillissait une douce lumière du velours noir d'un ciel constellé. Car elle était belle et merveilleusement, cette femme, à la noirceur d'ébène, modelée en tableau; et que ni Pablo Picasso, ni Léonard De Vinci ni Mickel Ange ne saurait captiver sa beauté.
Mes mains en tremblèrent et la boite à pharmacie tombait par terre. Tout mon être d'ailleurs partit en vrille. Et tout ce dont je me souviens avoir dit, c'était : "Waouh"
Quelques minutes ensuite, quelques minutes après que je l'ai fait son pansement, elle enfilait à nouveau son pantalon et je venais m'asseoir à côté d'elle, sur le vieux divan.
Alors reprirent nos échanges de regards les plus véhéments significatifs. Dans un langage des yeux qu'aucune bouche ne peut exprimer, d'œil en œil elle me dit:
•J'ai froid!•Tu veux ma veste?
•Non, je veux tes bras.
Alors, saisi par un spasme nerveux, j'ouvrais les bras et elle s'y blottit.
•Tu t'appelles comment déjà, m'as-tu dit?
•Je ne me souviens pas t'avoir dit comment je m'appelais, gros malin.
•Haha, t'es une coquine toi! Moi c'est Ahmed Bachir...
•Je suis Sohna Khoudia!
Et voilà comment une première faiblesse allait autoriser les suivantes.
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Symptômes amoureux
RomanceRésumé Ils s'appellent Bachir et Sohna; et ils sont amoureux. L'un est infecté du COVID-19 et va mourir, l'autre est immunisé et va l'accompagné vers son lit de mort. Ils vont se mettre en quarantaine en se réfugiant dans une île, à l'abris de tou...