Aussitôt que le vieillard s'est assis, il dit que cela fait plusieurs jours qu'il nous observe, qu'il nous a épié depuis plus d'une semaine, que c'est à cela qu'il a occupé son temps.
Il nous parlait d'abord d'une loi de régression, que l'univers a besoin d'équilibre, que l'univers est équilibre, que l'humain oscille entre tout et rien... Que le destin de tout un chacun est déjà scellé, qu'on a beau essayé de transformer les choses, la nature se charge elle même de tout remettre à l'ordre, de tout rééquilibrer.
Il parla, privilège de l'âge, et nous écoutions, instinct de jeunesse. Il parla de Pithagor de Samos et de sa théorie métempsycosiste, de la réincarnation de l'âme : la croyance selon laquelle une même âme peut animer successivement plusieurs corps.
En d'autres termes, lorsqu'une personne meurt...son âme qui, elle, survie...peut quitter son corps pour aller animer un autre corps.Il se retourna ensuite vers moi et ajouta : "Souvent c'est pour accomplir une destinée ou au pire des cas, assouvir une vengeance".
Il se tût un instant avant de continuer.
Il affirme que nous sommes fait l'un pour l'autre, que ça saute presque tout de suite aux yeux.
D'aucuns pourraient penser, tout de même, que ce n'est qu'une histoire de flirt, juste des amants qui tentent désespérément de fuire l'angoisse existentielle, mais pas lui, cette idée ne l'avait jamais effleuré l'esprit.
C'est vrai, les amants font les mêmes gestes, se touchent de façon similaires ou presque identiques, comme il nous a vu le faire.
Mais c'est plus qu'une question de sensualité... C'est autre chose. Il y'a chez les amants une frénésie, ou a l'inverse une lassitude et nous, nous avons dépassé cete niveau de connexion.
Au-delà de la sensualité, il a noté plus que cette frénésie, cette lassitude qu'on épis chez les amants, il a noté nos similitudes, la complémentarité de nos gestes, il a noté une synchronisation parfaite on eût dire que nous nous connaissons d'éternité.
Et il en déduit que cette habitude de l'autre, cette absence d'ambiguïté dans le frôlement des corps, cette affection totale, intègre de chacun pour l'autre, cette symbiose, existe seulement chez ceux qui se pratiquent depuis toujours.
Parcontre, comment deux personnes...aussi différentes, arrivaient elles à se conjuguer si parfaitement. Voilà la question qui la tracassait. Il estime et justement, qu'il ne vous a pas fallut beaucoup de temps pour synchroniser nos différences. Il dit, "Comme on croise les voix, vous avez su croiser vos habitudes."
Mais de quelle différence faisait elle allusion ? Je ne sais pas. Il parla et nous écoutions, sagement.
Eh oui, le corps n'est qu'une carcace, un habillage de la véritable nature humaine et qu'il faut aller au delà de la carcace, au delà de l'habillage, au delà des apparences. Et du moment qu'on sait voire au delà de ce qui s'offre à l'apparence, on peut voir cette différence.
Mais cette différence, est elle si importante au point qu'elle veuille insister la dessus ?
La différence c'est celle de la maladie et celle de la santé. La différence, c'est celle de la vie et celle de la mort.
Il parla de cadavre ambulant. Il dit que le corps de Sohna Khoudia perd peu à peu de sa vitalité, que sa santé se dégrade chaque jour davantage alors que, moi, je resplendis de santé, que je suis plein de vie. Il dit que j'incarne la vie dans toute sa splendeur alors que Sohna Khoudia est déjà dans la mort, que ce corps de ma bien aimée tente par tous les moyens d'entrer en contact avec le cadavre qu'il deviendra immanquablement.
Le regard vif de Sohna Khoudia palpitait, s'agitaient sous un mouvement continu des paupières. J'ai toujours su dans mon âme que quelque chose la tracassait, la taraudait l'esprit et le cœur, mais comme elle ne disait rien, je ne damandais pas non plus. J'attendais qu'elle se confie au moment voulu.
Le vieillard se tût encore, puis il se leva et dit, avant de s'en aller.
"Jadis et dans beaucoup de cultures aujourd'hui encore, les familles des deux conjoints choisissaient avec soin les deux époux. Le mariage était alors arrangé et facilitait ainsi la reproduction des structures sociales. C'était un négoce par une sorte de sagesse ancestrale plus ou moins consciente pour préserver les liens..."
"Ça, c'était autrefois...", coupa Sohna Khoudia.
"C'était avant notre génération de l'écran tactile. De nos jours, le monde a changé, la vie, les gens, nous et les choses. Maintenant, nous nous choisissons «librement». Nous choisissons suivant nos inclinations. Il y a de « petits coups de foudre » et un amour qui se construit, éventuellement, sur une intimité partagée."
VOUS LISEZ
Symptômes amoureux
RomanceRésumé Ils s'appellent Bachir et Sohna; et ils sont amoureux. L'un est infecté du COVID-19 et va mourir, l'autre est immunisé et va l'accompagné vers son lit de mort. Ils vont se mettre en quarantaine en se réfugiant dans une île, à l'abris de tou...