Épisode 11

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La nuit fut écoulée et Morphée ne m'avait point accueilli dans ses bras. Et le jour parut, avec un parfum de fleurs qui voltigeait autour de mes narines.

Quand on ne fait rien du matin au soir, les jours sont interminables et les nuits s'éternisent. Si on pouvait seulement dormir, bien dormir sans avoir chaud ni froid, dormir et se perdre au pays des rêves.

Aïcha dirait que "les gens qui mènent une vie de rêve ne passent pas tout leur temps à dormir... Réveille-toi."

Peut-être que j'ai rêvé et pris mon rêve pour la réalité...  Peut-être que peut-être oui, peut-être que peut-être non. Je sais seulement que j'ai l'impression d'être dans le coma depuis sept lugubres semaines.

Ce matin alors je repartais voir Prince Job, le fiancé de ma soeurette Aïcha, histoire qu'il m'ouvre un peu les yeux.

As tu déjà éprouvé cette étrange et charmante sensation de légèreté ? Cette sensation de légèreté qui submerge la poitrine, s'étendant aussitôt le long des membres qui deviennent à leur tour légers, légers comme si la chair et les os se fondent et que la peau seule reste pour percevoir la douceur de vivre, la douceur d'un bien-être fou ?

•Et tu es sûr que tu ne dormais pas ?

•Je ne dormais point mon ami, je ne dormais pas, je veillais. Je voyais, je sentais. Je pouvais la toucher et papoter avec elle. C'était une impression vive, une sensation extraordinaires, une joie d'esprit, une ivresse étrange venue, on eût dire, d'un décuplement de mes facultés mentales.

•Et tu es certain que tu n'avais point fumé ?

•Ce n'était pas une hallucination comme avec de l'herbe, non. Et ce n'étaient pas non plus les visions un peu maladives de l'opium.
C'était une acuité prodigieuse de ressentiment, une manière de voir les choses ordinaires d'une façon extraordinaire...

•Alors mon ami, c'est que t'es fou...

Mais, n'est il pas dit que "l'amoureux prend les autres pour aveugles et les autres le prennent pour fou."

Et toujours pour continuer ses railleries, il murmura...
Tu pourrais aussi faire un avis de recherche ? Genre, homme cherche femme !

Alors je devenais grave tout d'un coup, grave et livide comme un possédé... Ensuite j'ouvris les bras, et je m'esclaffais :
Oui, oui mon pote, c'est exactement ce qu'il me manquait. Mon ami, t'es mon sauveur.

Il me semblait alors pénétrer une autre dimension de folie... Suis je fou, pensez vous, vous aussi? N'importe.

Je pris ensuite un crayon afin de coucher en couleurs sur une feuille toute blanche, mes rêves en noir et blanc. Et je dessinais les courbes de son visage idyllique.

Cette femme aux yeux larges comme des oeufs auréolés, d'avec les prunelles brunies d'un caramel sombre. Je fis un scanner du dessin que j'epinglais en dessous de mon histoire que je postais sur le net.

Et pour clore le tout, je terminais par ces phrases :

J’aimerai tant te revoir, ne serait-ce qu’une seule fois

Mais j’ai beau parcouru des distances, et jamais je ne t’aperçois.

J’ai marché sans pas sur nos pas de ce soir d’antan

J’ai flairé en vain ton parfum sur ces ruelles aux senteurs enfuis

Et à travers cette villa où je reviens me souvenir de toi de temps en temps

Depuis l'on me dit que j'ai rêvé, que j'ai fumé, depuis tout ce temps envolé

Je garde l'image de ton visage qui dans ma tête jamais ne s'enfuit.

Mais le temps qui passe, jaloux de  notre amour, ton parfum m’a volé.

Symptômes amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant