Je vous l'ai dit, ma relation avec Zeyna n'était point synonyme d'un Grand Amour (avec majuscule et tout et tout) mais plutôt c'était une douce union plus stable que de grands sentiments.
Pour la plus belle des années, elle est entrée dans ma vie tel un vent de printemps, en venant tout y changer, comme un habile tapissier rénove les meubles d'antan. Elle fit de moi un homme qui a une bonne estime de soi, un homme positif et authentique. Alors j'ai appris à devenir cet être loyal, dynamique, entier dans ses sentiments et respectueux des autres.
Elle me fit gouter aux joies de la vie juvénile, en dissipant le brouillard sur mes yeux ; et me fit comprendre que la vie à deux se conjugue mieux.
Une vie à deux où chacun des deux conjoints y met du sien. Une union où l'on vit l'amour à deux en se donnant le temps d'apprendre à connaître l'autre. Je ne parle pas de ces couples qui se laissent assaillirent par des moments de doute, de découragement, de déception. Je parle d'une vie à deux où l'on a fini par comprendre que l'importance c'est la manière avec laquelle on traverse les bobos de l'existence sans se laisser durablement abattre ! Je parle d'une vie de couple où l'on n'étouffe pas l'autres, ni n'accepte d'être étouffé, je parle d'une union où l'on pressent en son partenaire un amant protecteur, un ami qui parle et écoute d'égal à égal. Je parle du bonheur d'une relation physique et intellectuelle où l'on a fini par comprendre que l'amour se vit à deux, ce n'est pas une aventure solitaire. Une vie de couple où l'on vit au moment présent, où l'on a fini par comprendre que le bonheur ne dépend pas de ce qu'on a, ni de l'endroit où l'on vit, le bonheur est avant tout un tempérament personnel, un charisme, une énergie intérieure.
Souvent je la prenais dans l'entrouverture de mes bras où elle venait s'apaiser dans le bonheur d'une insaisissable caresse ; et je la couvrais de caresses en la murmurant dans l'oreille des mots tendrement passionnés. Elle m'appelait mon oasis, mon chérubin, et moi, mon divin bijou, ma dulcinée.
Si belle, avec ses yeux aux prunelles chocolatées d'un roux caramel comme des étoiles mourantes, à ses côtés je venais découvrir une paix insoupçonnée, j'étais tout le temps content, content et satisfait, satisfait et bien heureux, bien heureux comme entre les bras d'une femme aimable dont la caresse accoutumée est devenue un calme et doux besoin.
Alors nous nous mîmes à nous aimer ardemment, cette femme et moi, et nous nous consolions par cette affection de toutes les misères qui venaient nous frapper.
Nous dessinions un lendemain, un commun et mystérieux avenir! Je ne sais pas si l'avenir se voit, j'en doute même... mais nous croyions l'entr'apercevoir à ciel découvert. Et ce lendemain pour lequel tout être œuvre un jour sur l'autre, Zeyna et moi étions heureux de l'attendre, tout en sachant qu'il ne viendrait peut-être jamais.
Nous dessinions un lendemain, un commun et mystérieux avenir. Nous n'avions ni d'yeux pour voir, ni oreille pour entendre ; et que dire d'autre si ce n'est qu'on s'aimait.
Je me souviens qu'elle aimait déjà mes barbes, et j'en n'avais presque même pas. Moi, je l'imaginais vieille à la chevelure argentée, je l'imaginais le visage ridé et je l'imaginais la bouche édentée. Et puis, fière par instinct de sa beauté, elle laissait entendre :
« Quelle fort belle vieille dame je serai! » Afin, c'était pour rire! Et moi je la disais « Tous les jours un peu plus je t'aimerai davantage ! Même quand tu seras toute vieille à la chevelure argentée, le visage ridé et la bouche édentée ! »
Elle, elle jurait qu'un seul cœur bat dans sa poitrine, et ce cœur elle me l'a donné. Elle jurait qu'un seul corps la fut offert pour traverser le monde des vivants, et ce corps elle me l'a promis. Elle jurait qu'elle ne reprendrait ni son cœur, ni son corps. N'aurait-elle auprès de moi que le temps d'une nuit à vivre, elle ne voudrait pas d'autre homme. Elle jurait qu'à moi elle serait, quoi qu'il advienne, pour le temps que Dieu le voudra.Je m'en souviens comme si c'était juste hier encore, sur cette plage où l'eau transparente de la mer et le soleil mourant semblaient se miroiter l'un dans l'autre. A l'instar alors de cet heureux spectacle, blotti l'un contre l'autre, nos cœurs battant à l'unisson, quand Zeyna et moi ne faisions qu'un être contre le monde entier ; nous dessinions la vie à notre façon.
VOUS LISEZ
Symptômes amoureux
RomanceRésumé Ils s'appellent Bachir et Sohna; et ils sont amoureux. L'un est infecté du COVID-19 et va mourir, l'autre est immunisé et va l'accompagné vers son lit de mort. Ils vont se mettre en quarantaine en se réfugiant dans une île, à l'abris de tou...