Épisode 40

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Depuis que j’ai eu vent que la COVID-19  avait touché la population de la Chine, surtout que des flambées sévissaient dans d’autres pays, jusqu’à toquer à la porte des frontières du Sénégal, je m’intéressais d’une façon particulière à l’article Santé publique dans les journaux ; et je connaissais le chiffre normal des contagions, et je connaissais le chiffre normal des cas suivis, et je connaissais le chiffre normal des cas communautaires et je connaissais le chiffre normal des morts en temps ordinaire. Je suivais les saisons, la marche et les caprices de l’épidémie, ses symptômes, sa durée probable.
Et lorsque je parti voir un médecin pour lui demander conseil, le premier conseil qu’il m’ait donné est que « Se laver les mains avec une solution hydro-alcoolique ou à l’eau et au savon tue le virus s’il est présent sur vos mains. »

Aussitôt après, mon œil fut assombris par mes pensées  précipitées dans les régions d’une suprême compassion.

Hanté par la misère sans fin des enfants de la rue, des « Talibés », je me sentais triste à pleurer. Je me sentais triste à pleurer comme les nuages qui pleurent sur le monde et sur moi. Je me sentais triste à pleurer, trempé de tristesse jusqu’au cœur.
Oh ! La misère des talibés sans pain ! Oh ! La misère des talibés sans eaux potables ! Oh ! La misère des talibés qui vont çà et là les rues, sans argent, sans rien autre chose que la mort devant eux, y songeons nous ? Songeons-nous aux éternels affamés des « Dahra » ? Songeons-nous à ces enfants de la rue qui tutoient la COVID-19 au jour la journée ? Songeons-nous à ceux qui vont pied-nus face à cette cochonnerie de maladie qui guette la vie des hommes et les tue, les ronge, les écrase, les étrangle ; ce satané de virus qui aime le sang rouge, qui est sans pitié pour les maladives aux yeux allumés par la fièvre, qui est sans pitié pour les fort âgés aux visages tout ridés.

Tout le monde se retourne pour les regarder ! On murmure : « Pauvres Talibés », puis on passe! Leurs shorts déchiquetés, leurs boubous fendus et souillés de tout microbe, à peine attachés sur le débris de leurs corps, ils marchent d’un pas nonchalant, mandant de quoi survivre. Et il y a une terreur là-dedans, dedans leurs yeux exaspérés : il y a plus de peur dans leur regard, plus de peur de la misère qu’amène la famine, que la peur du coronavirus qui a pour acolyte la mort. Et cette souffrance épouvantable, cette peur incessante, ce désarrois harcelant, m’est dans l’âme intolérable et me déchire comme une lime dont chaque coup mord mon cœur.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 13, 2021 ⏰

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